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qu'il a été le chef de ceux qui l'ont fuivi..

Il s'introduifit dès ce tems-là apparemment un genre d'hommes parmi les Grecs, qui n'avoient d'autre emploi ni d'autre étude que de corriger les livres, d'en féparer les mots & d'y mettre des accens. Seneque qui vivoit du même. tems que ce Grammairien, confirme affez mon opinion de la nouveauté de cet ufage: Nos autem, dit-il, cum fcribimus, interpungere confuevimus: Car pour nous autres, quand nous écrivons, nous avons accoûtumé de diftinguer

de ponctuer nos difcours. Par où il paroît que c'étoit une chofe qui commençoit à s'introduire, & que Seneque s'en fervoit pour rendre fes Ouvrages plus commodes à lire.

Enfin la feconde maniere, eft de ceux qui font ponctuez à chaques mots, & où l'on trouve quelques accens; tel eft le celebre Manufcrit des Pandectes Florentines que quelques Sçavans croyent être du tems même de Juftinien; ce qui montre auffi que les lettres majufcules étoient encore en ufage dans le VII. fiécle.

Ce feroit ici le lieu de parler d'une autre maniere d'écrire qui s'introdui

fit vers le fiécle d'Augufte par un Affranchi de Ciceron, ou de celle que Mecenas fit publier par un des fiens nommé Aquila, & qui s'eft beaucoup multipliée vers le déclin de la République , par ce qu'en dit Valerius Probus: Nam apud veteres cum ufus notarum nullus eßet: Car chez les Anciens l'ufage des marques & des lettres fingulieres étoit inconnu. Mais je ne crois pas qu'on en ait d'autres monumens que ce que Gruter a publié, & qui n'a pas été à mon fens d'un grand ufage. A l'égard de la derniere, ou elle ne faifoit qu'abreger les mots, en ne prenant que quelques lettres du commencement, du milieu ou de la fin de chaque diction', que les gens qui fe trouverent au Senat imaginerent, & dont le peuple convint enfuite; ou elle confiftoit à fe faire une methode particuliere en tranfpofant l'ordre des lettres, comme Suetone & Aulugelle le rapportent de Cefar, & comme Augufte le propofe à fon fils dans une de fes Lettres *. Mais, Monfieur, il ne fe trouve point de Manufcrits

H 6

anciens

Ce n'était apparemment que pour faire des Memor

riaux

anciens en lettres majufcules de cet te efpece, quoique l'ufage en ait été frequent, & que plufieurs Auteurs en aient écrit, comme Valerius Probus, qu'on ne croit pas être celui de Beryte, Pierre Diacre & Sertorius Urfatus, dont les Ouvrages font dans les mains de tout le monde ; & ce dernier entr'autres qui n'a rien ajoûté de neceffaire ni d'utile, & dont le livre n'eft devenu in folio que par les caracteres & les repetitions. Je ne doute point que nos Manufcrits Gothiques, depuis l'introduction du caractere rond ou menu, n'aient été copiés fur de femblables Manufcrits, & que l'ufage des abreviations qui y font fi frequentes, n'ait été pris de-là. C'eft auffi ce qui a fait faire tant de fautes aux Copiftes & aux Libraires.

La feconde efpece des Manufcrits que j'appelle des moyens & dont on trouve un plus grand nombre, eft de ceux dont les lettres commencent à fe courber. Pour peu qu'on en ait vû ou feuilleté, on fera aifément cette remarque. Ceux où les A font en quelque façon eftropiez ainsi ▲, & où les M ont les deux plus grands jambages tournez en cercle comme

cette

cette figure, font de cette categorie. S'il eft vrai que les lettres Gothiques aient été inventées, ou pour mieux dire, introduites vers, la fin du quatriéme fiécle en eCCLXX. comme quelques Auteurs le veulent, il eft hors de doute que ces Manufcrits dont je parle font auffi Gothiques. Cette opinion, Monfieur, n'eft pas fans fondement ni fans apparence; puifque Leo Allatius tient même que les Lombards ou les Goths n'ont pas employé d'abord dans leur écriture le caractere menu & eftropié que nous connoiffons; mais qu'ils le font fervis comme les autres peuples du Majufcule, & dont les mots étoient de fuite fans aucune diftinction. It en apporte pour preuve le petit Commentaire que Vulcanius nous a donné à la fin des Hiftoriens Goths qui en effet eft en lettres Capitales quoique Gothiques. L'opinion que bien des Sçavans ont touchant les Manufcrits, confirme beaucoup cette conjecture. Scioppius entr'autres & Saumaife, croïent que prefque tout ce qui nous en refte dans nos Bibliotheques, n'eft écrit qu'en caracteres Lombard ou Gothique: tel lement que les plus anciens de cette efpece

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efpece font ceux dont les lettres font plus groffes, plus courbées, où les mots ne font point diftinguez, ce qui eft néanmoins très-rare; ou s'ils le font, les articles, le commencement des fens & des matieres ne le font pas.

A l'égard des autres qui n'ont pas cette netteté de caracteres, où l'on commence à rencontrer des abbreviations, on peut juger de leur âge à mesure qu'ils dégenerent des premiers. Surquoi j'imagine qu'il eft à-propos de faire cette réflexion, que quelques modéles de Manufcrits choifis, comme ceux du Pere Mabillon, peuvent fervir très-médiocrement à connoître les Manufcrits; parce que chaque païs ayant fa manière d'écricrire, même du tems des Anciens, il fe faut faire à foi-même une Methode particuliere de les diftinguer par l'experience & par le nombre des Manufcrits qu'on aura vûs. Il eft aifé de fe faire une regle pour les connoître, pour peu qu'on s'y applique. Vous en jugerez encore, Monfeur, par le parchemin ou par le раpier, par la maniere dont il eft écrit, par la figure dont il eft plié & par fa couleur....

Les

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