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à ce

pire qui s'étoient révoltées, fit diftribuer aux fol- Ans de dats le butin qu'ils y trouvérent, & revint à Ro- Rome. me fur le vaiffeau de Perfée, qui étoit qu'on dit, d'une grandeur fi prodigieufe, qu'il avoit feize rangs de rames. 4 Il triompha à fon 187. arrivée, & fon triomphe fut des plus fuperbes; il étoit affis fur un char doré, ayant fes deux fils à fes côtés; devant lui marchoient les deux fils de Perfée, & Perfée lui-même âgé de quarantecinq ans. Ce triomphe fut fuivi de celui du Préteur C. Anicius, qui fit marcher devant fon char Gentius avec fon frere & fes enfans.

7 Plufieurs Rois vinrent à Rome pour voir la

avoient honnoré P. Emile, à caufe de fes grandes. vertus. Enfin ce fpectacle fut un des plus magnifiques qui fe foient jamais vûs à Rome.

Cette même année 587. l'on vit encore à Rome deux fuperbes Triomphes, l'un Naval du Préteur Cneus Octavius, & l'autre d'Anicius qui fit marcher devant fon char Gentius Roy des Illyriens qu'il avoit défait & fait prifonnier.

r. Ses deux fils, &c.) Paul Emile avoit quatre enfans dont il avoit donné les deux aînés en adoption, T'un à P. Scipion fils du grand Affricain, & l'autre à Fabius Maximus. Des deux qui lui refterent, l'un mourut cinq jours devant fon Triomphe, & l'autre trois jours après. Ainfi quand Eutrope dit que Paul Emile avoit fes deux fils à fes côtés, il faut entendre ou les deux aînés qui ne devoient plus néanmoins être appellés fes enfans depuis leur adoption, ou croire qu'il ne fut accompagné que de celui qui lui reftoit, & qui mourut trois jours apres fon Triomphe âgé de douze ans.

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6. Les deux fils de Perfee, &c.) Ce Prince mourut dans les fers, & deux de fes enfans avec lui. Le plus jeune nommé Alexandre fe rendit habile en ménuiferie, à tourner & à écrire de forte qu'il fervoit de Clerc áu Greffier de la Répubique. Tel fut le deftin du dernier fucceffeur d'Alexandre le Grand. Plutarque donne à Perfée deux fils & une fille. 7. Apres la réduction de la Macédoine, les Peuples & les Rois demandoient à l'envi la protection des Romains. Eumenes Roy d'Afie, & Prufias Roy felon Tite de Bythinie, furent entr'autres Rois, ceux qui mar- Live lib, querent le plus d'empreffement. Le premier étoit 45.

L'an

87.

mam venerunt: inter alios etiam venit Attalus atque Eumenes Afiæ reges, atque Prufias Bithyniæ, magno honore accepti funt, & permittente Senatu, dona que attulerant, in Capitolio pofuerunt. Prufias etiam filium fuum Nicomedem Senatui commendavit.

foupçonné d'avoir fecretement favorifé le parti de Perfée " & pour s'en purger, il envoya à Rome fon frere Attale qui eût demandé pour foi le Royaume d'Eumenes " fi le medecin qui lui avoit été donné pour l'accompagner, ne l'en eût détourné. Ainfi Eumenes n'ola y venir lui-même.

Infequenti anno Lucius Memmius in Hifpania benè pugnavit. Marcellus pofteà Conful res ibidem profperè geffit.

Tertium deinde bellum contra Carthaginem fufcipitur, DC. & altero anno ab Urbe condita, L. Manlio Cenforino, & Marco Manilio Confulibus, anno LI. poftquam fecundum Punicum bellum tranfactum erat. Hi profecti, Carthaginem oppugnaverunt. Contra eos ALdrubal dux Carthaginenfium dimicabat ; Famea dux alius equitatui præerat Carthaginenfium. Scipio tunc, Scipionis Africani nepos, Tribunus ibi militabat,

1. L. Memmius, &c.) M. de Prezfontaine dit qu'il faut lire Minutius au lieu de Memmius parce qu'il n'y avoit pas alors de Conful de ce nom. Il n'a pas fans doute fait attention que ce Memmius dont il s'agit, étoit Préteur d'Espagne, & qu'il gagna une bataille contre quelques Élpagnols qui s'étoient revoltés. On met cet évenement l'an 587. fous le Confulat de Q. Ælius Pætus, & de M. Junius Pæ

magnificence de ces triomphes; Attale & Eu- Ans de menes Rois d'Afie, & Prufias Roy de Bithinie Rome. s'y trouverent entr'autres, on leur rendit tous les honneurs qu'ils pouvoient attendre, & le Sénat leur permit de mettre dans le Capitole les préfens qu'ils avoient apportés. Prufias recommanda au Sénat fon fils Nicomede.

Prufias vint lui-même à Rome avec fon fils Nicomede, & mandia la protection des Romains par de baffes flateries, jufqu'à traiter le Sénat de Divinité & nommer les Sénateurs fes Dieux Tutelaires.

11 laiffa même fon fils à Rome pour y être élevé.

L'année suivante,

Lucius Memmius combat- 587.

tit dans l'Espagne avec beaucoup de fuccès. Le Conful Marcellus qui lui fucceda

auffi de grands avantages.

y remporta 588.

2 Enfin commença la troisième guerre Puni- 605. que, l'an de Rome fix cens un, fous le Confu- Troifiéme lat de Lucius Manlius Cenforinus, & de Mar- guerre Punique. cus Manilias, cinquante & un an après la feconde. Ces deux Confuls allerent aflieger Carthage; ils avoient à combattre contre Afdrubal qui commandoit l'infanterie des Carthaginois & contre Famea qui commandoit leur cavalerie. Scipion, petit-fils de Scipion l'Africain" (par adoption) commandoit fous les Confuls en qualité de Tribun & étoit dans les deux

nus la même année du Triomphe de P. Emile. L'année fuivante M. Marcellus fut fait Conful avec C. Sulpitius Galba, on Gallus.

2. Enfin commença, &c.) La jaloufie & l'ambition des Romains plûtôt que la faute des Carthaginois donnerent lieu à cette troifiéme guerre. La fuite en

fera convenir.

L'an 604. fous le Confulat de T. Quintius Torquatus, & de Manius Acilius Balbus, Maffiniffa fe prévalant de l'amitié des Romains, qui le prote

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cujus apud omnes ingens metus & reverentia erat. Nam & paratiffimus ad dimicandum, & confultiffimus habebatur. Itaque per eum multa profperè gefta funt: neque quidquam magis vel Afdrubal vel Famea vitabant, quàm contra eam Romanorum partem pugnam committere, ubi Scipio dimicabat.

geoient en tout, attaqua quelques peuples qui étoient fous la protection des Carthaginois. Ceux-ci las de fouffrir tant d'injustes usurpations, réfolurent de s'en venger, & confiderant que les Romains étoient pour lors occupés en Espagne contre les Celtiberiens & les Lufitaniens, ils profiterent de cette favorable conjoncture, prirent les armes, & entrerent fur quelques terres que Maffiniffa avoit depuis quelques années ufurpées fur eux. Ce Prince envoya auffitôt à Rome pour fe plaindre de ces hoftilitez qui contrevenoient au Traité fait avec Scipion l'Affricain. Les Carthaginois y envoyerent auffi de leur côté. Le Sénat ayant écouté les raisons des deux partis, ordonna qu'on envoyeroit en Affrique éxaminer les lieux qui faifoient le fujet de la querelle. Ceux qu'on y envoya connurent bien que Maffiniffa avoit tort, néanmoins comme ils avoient ordre de le favorifer, ils ne le condamnerent pas, & enj ignirent feulement aux deux partis de quitter les armes, & de laiffer les chofes comme elles étoient.

Les Carthaginois offenfés de cette injuftice, obéïrent néanmoins: mais craignans de nouvelles hoftilitez par la fuite de la part de Maffiniffa ils commencerent à faire conftruire des Vaiffeaux, à fortifier leurs places, & à fe mettre en état de lui marquer leur reffentiment dans l'occafion.

Quant à ce Roy cet excès de faveur le rendit orgueilleux; & fe croyant tout permis contre les Carthaginois, il réfolut de s'emparer d'une de leurs Provinces qu'on nommoit Tyfque, & où l'on Comptoit

2 villes. Cette nouvelle entreprife obligea les Carthaginois à faire de nouvelles plaintes au Sénat, qui fit partir auffi-tôt de nouveaux Commiflaires, dont Portius Caton fut le Chef, pour regler les chofes en Affrique. A leur arrivée, ils demanderent aux partis

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pattis également craint & refpecté. Il paffoit Ane đơ pour un homme fort experimenté dans la guer- Rome, re, & toujours prêt à combattre. Ainfi les Confuls remporterent de grands avantages par fon moïen, & les deux Chefs des Carthaginois Aldrubal & Famea ne craignoient rien tant que d'avoir à combattre contre cette partie de l'Armée Romaine où Scipion commandoit,

deux partis s'ils vouloient s'en rapporter à leur jugement; Maffiniffa qui comptoit fur la protection des Romains, ne balança pas à y confentir; les Carthaginois dirent qu'ils y confentiroient auffi volontiers, pourvû qu'on les maintînt dans la poffeffion des terres qui leur avoient été limitées par Scipion. Cette reftriction déplut aux Commiffaires qui ne voulurent rien ordonner, pour donner lieu à Maffiniffa de continuer fes hoftilitez, & qui reprirent le chemin de Rome après avoir reconnu l'état de Carthage, fon affiete, fes fortifications, & la multitude de peuples dont elle étoit remplie.

Lorfqu'ils furent de retour à Roine, Caton fit fon rapport au Sénat, & éxagerant enfuite fur tout ce qu'il avoit remarqué de Carthage, il conclut enfin qu'il falloit rafer cette ville fi les Romains vouloient affurer leur grandeur, & que tant qu'elle fubfifteroit, Rome auroit toujours une rivale à craindre. Scipion furnommé Nafica, fut prefque le feul qui ne fut pas de cet avis; il repréfenta que fi l'on ruinoit Carthage, les Romains fe livreroient à la diffolution & à la débauche, qu'ils deviendroient lâches & efféminés, que leur genereufe ambition s'éteindroit quand ils ne trouveroient plus de concurrens à leur grandeur, & qu'enfin l'Etat périroit par les guerres civiles qui s'y formeroient infaillible

ment.

On fuivit cependant l'avis de Caton, & il fut réfolu qu'on détruiroit entierement Carthage, mais qu'on ne l'attaqueroit point que Maffiniffa n'en eût affoibli les habitans en leur continuant la guerre.

Ce Prince ne perdit point de tems, & alla mettre le fiege devant Orofcope, une des principales villes des Carthaginois. Ceux-ci rebutés d'envoyer à Rome fans en être plus fatisfaits, leverent une armée de 25000 hommes de pied, & de 1400 Chevaux, dont ils donnerent la conduite à Afdrubal, un de leurs Citoyens, avec ordre d'aller fecourir la Place.

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