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CECCO Cecco, que le Dante lui propofoit D'ASCOLI. quelquefois des queftions difficiles de Philofophie à réfoudre, & qu'il fut une fois entre autres vivement difputé entre eux fur celle-ci ; fi l'art Pemporte fur la nature. Cecco étoit pour la négative & le Dante pour Paffirmative. Ce dernier apportoit pour foutenir fon fentiment l'exemple d'un chat, qu'il avoit dreffé à lui tenir avec fes pates une chandelle, pendant qu'il fouppoit, où qu'il lifoit. Cecco en voulut voir l'expérience, & on lui en donna le plaifir: mais il avoit apporté un vafe couvert, où il avoit renfermé des fouris, qu'il lâcha dès que le chat fut en faction. Celui-ci ne les eut pas plûtôt vûës, qu'il laiffa tomber la chandelle, & courut après, donnant par là gain de caufe à Cecco.

Ces difputes trop fouvent renou vellées, altererent peu à peu l'amitié qui étoit entre ces deux fçavans. D'ailleurs Cecco ne faifoit pas grand cas de la Comedie du Dante, qu'il traitoit de fables vaines & pueriles, & c'eft fur ce ton qu'il en parle dans Le chapitre 13. du 4°. livre de fon

Poëme

Poëme. Il n'avoit pas plus d'eftime CECCO pour la fameufe piece de vers de Gui D'ASCOLI, Cavalcanti, qui commence par ces mots: Donna mi priega, perche io voglio dire &c. qu'il cenfura dans le même Ouvrage. Ces critiques le firent paffer pour un homme cauftique, & lui procurerent la haine de ces deux fameux Poëtes, auffi bien que de ceux qui leur étoient attachés, entre autres de Dino del Garbo, fameux Médecin de Florence, & de Thomas, fon frere.

L'animofité qu'ils avoient conçue contre lui n'eut alors aucun effet; parce que Cecco fut dans ce tempslà appellé à Boulogne, où on lui donna de gros appointemens pour y enfeigner la Philofophie & l'Aftrologie, quoique ce Poëte eut fort mal parlé dans fon Poëme du peuple de cette ville.

Il y enfeigna depuis l'an 1322. jufqu'en 1325. & y compofa des Commentaires fur la fphere de Jean de Sacrobofco, que Dino del Garbo attaqua par un écrit fort vif. Mais Thomas, fon frere, qui avoit enfeigné quelque temps auparavant dans l'UTome XXX.

P

CECCO niverfité de Boulogne, alla plus loin? 'ASCOLI. il denonça Cecco à l'Inquifiteur Géneral de la Lombardie, nommé Frere Lambert, Jacobin, comme ayang avancé des propofitions héretiques, comme attribuant tout aux influences & au pouvoir des Aftres, & comme prétendant prévoir les évenemens les plus contingens par les res gles de l'aftrologie judiciaire.

Cecco fe tira alors d'affaire en abjurant les propofitions erronées qu'on lui attribuoit, & en fe foumettant à la pénitence que l'Inquifiteur lui impofa. Il reçut avec cela son absolution, & les chofes en demeurerent là.

Charles Sans-terre, Duc de Calabre, fils de Robert Roi de Naples, étant allé à Florence pour commander dans cette ville au nom de fon pere, & y ayant & y ayant fait fon entrée le 30. Juillet 1326. y rappella Cecco, & le prit à fon fervice en qualité de Médecin & d'Aftrologue.

Cecco fut pendant quelque temps en grande faveur auprès de lui mais l'horofcope, qu'il fit, quoique malgré lui, de Marie de Valois fa

femme, & de Jeanne leur fille, âgée alors de deux ans, lui attira fa difgrace.

Cette Princeffe lui ayant demandé un jour ce qu'il voyoit dans les 'Aftres touchant la deftinée de l'une & de l'autre, Cecco fe defendit d'abord de repondre fur cet article, & se contenta de dire, qu'il ne falloit point fe fier à ce que les Aftrologues pouvoient debiter, puifque les influences des Aftres n'agiffoient que fur les corps & non point fur les efprits, & que la liberté de l'homme le mettoit au-deffus de toutes leurs impreffions. Ce difcours ne fit qu'exciter la curiofité de la Princeffe, qui infifta & voulut qu'il la fatisfit. Cecco fe rendit imprudemment à fes inftances, & lui répondit fans détour qu'elle & fa fille s'abandonneroient à l'impudicité & à la débauche.

Cette réponse choqua extrêmement la Princeffe auffi bien que fon mari; & les anciens ennemis de Cecco, principalement Dino, & Thomas del Garbo, dont l'animofité s'étoit accrue par la préference que Charles

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CECCO

D'ASCOLL

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CECCO lui avoit donné-fur eux pour la pla D'ASCOLI. ce de fon Médecin, profiterent avec foin de cette occafion pour le per

dre.

Ils mirent dans leurs interêts l'Evêque d'Averfa, Secretaire du Duc, & l'Inquifiteur Accurfe, tous deux Cordeliers, qui haïffoient perfonnellement Cecco, & perfuaderent par leur moyen au Prince, de chaffer de fa Cour un homme fi pernicieux, & qui rempliffoit toute la ville de Florence du poifon de fes

erreurs.

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Cette premiere demarche faite; l'Inquifiteur fit arrêter Cecco. On le conduifit dans les prifons de l'Inqui fition, & on travailla auffitôt à fon procès.

On l'accufa d'être relaps & d'avoir enfeigné de nouveau les erreurs qu'il avoit retractées à Boulogne, & qui fe reduifent à deux principales. La premiere d'avoir prétendu que tout fe faifoit dans le monde fuivant les influences des Aftres, & confequemment par une neceffité indifpenfable. La 2o. d'avoir foumis Jefus-Chrift à l'empire des Aftres, &

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