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des Gaulois qui habitoient le long des côtes de la nrer Adriatique viennent trouver ce Prince, & lui propofent un traité d'alliance avec leur nation. Alexandre leur fait un bon accueil & les reçoit à fa table. Quand tout fut réglé, il leur demanda qu'eft-ce qu'ils craignoient le plus. Que le Ciel ne tombe, reprirent-ils; ce qui ne nous empêche point de faire cas d'un Prince comme vous. Arrian. expedit. Alex. l. 1, p. 3. Strab. l. vij, p. 302.

:

A ces événemens, tous antérieurs à celui dont parle Diodore de Sicyle, il faut joindre trois réflexions, qui nous en fourniffent un bien plus grand nombre la premiére a pour objet les traits en abondance fur les moeurs, la taille, la valeur, le génie, la maniére de combattre, & le païs des Celtes, qui fe lifent dans les écrits d'Herodote, de Scylax, de Platon d'Ariftote, d'Efchyle, Auteurs plus anciens qu'Alexandre.

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La feconde regarde la quantité de Colonies de Celtes, répandues dans PIllyrie, dans la Pannonie, au pied

du mont Hemus, le long & à l'em bouchure du Danube, & dans la Thrace, & par conféquent au voifinage de la Gréce, plus d'un fiécle avant celui de la mort d'Alexandre. La derniére renferme une anecdote, dont personne que je fçache n'a parlé: c'eft que les Celtes, ou Gaulois, ont fait des irruptions, & même la guerre dans l'Afie, bien plutôt qu'on ne le dit ordinairement. En effet, on trouve dans Plutarque & dans Stobée, qu'un Brennus, inconnu jufqu'ici, s'étoit rendu maître d'Ephèse du vivant d'Alexandre. Les fucceffeurs de ce Prince, tous ennemis les uns des autres, ont pris des Gaulois à leur fervice, & ne fe font affermis fur le trône qu'ils ont ufurpé, que par leur fecours. Enfin l'Auteur du fecond Livre des Machabées fait foi, que vers l'an 442 de Rome, il y avoit fix vingt mille Gaulois à Babylone. Dira-t'on après cela, que les Gaulois n'ont été connus des Grecs que l'année même de la mort d'Alexandre; & que Dio dore de Sicyle a fçû faire la diftinc

tion des vrais Celtes de ceux qui n'en avoient que le nom?

S. VII.

Quelques Hiftoriens poftérieurs n'ont qualifié de Celtes les peuples de la Germanie, que depuis que les Romains eurent éta

bli,

que

le Rhin ferviroit de

barrière aux peuples d'en-deçà

& d'au-delà du Rhin.

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» Si Appien & Dion Caffius, ou " Pag. 12i d'autres, ont appellé depuis Celtes « les peuples d'au-delà du Rhin, c'eft «. en fe conformant, comme l'avouë Dion, à cet ufage très-ancien, « Háve à prætor, qu'ils auroient peut- « être moins goûté, s'ils eûffent «< fait attention qu'en matiére de « Géographie, les nouvelles dé- « couvertes, que font des Voyageurs exacts, font plus fûres que des " vieilles opinions, qui ne naiffent « que de l'ignorance, ou qui ne font " bâties que fur des conjectures."

Le principe de l'Auteur moderne eft excellent; mais il n'en fçauroit ti

rer aucun avantage. Pour y parve≈ nir, il faudroit qu'il prouvât qu'au tems dont il parle, des Voyageurs exacts eûffent fait en matiere de Géographie, de nouvelles découvertes touchant les peuples d'au-delà du Rhin & c'eft ce qu'il ne fait point, & ce qu'il ne fçauroit faire. Le anapor de Dion Caffius. eft donc icí un hors-d'oeuvre, qui ne fait quoique ce foit à la queftion. On peut en juger; voici les paroles de cet Auteur: Le Rhin, dit-il, fert de bornes aux Gaules & à la Germanie, depuis que les peuples de l'une & de l'autre région ont chacun leur nom. Car, DE TOUTE ANTIQUITÉ, les peuples d'endeçà & d'au-delà du Rhin étoient également qualifiés du nom de Celtes. Dio, lib. 39, p. 127. Le nom différent dont parle Dion, qu'on donnoit d'un côté aux peuples des Gaules, & de l'autre aux peuples de la Germanie, bien loin d'être fondé fur quelque nouvelle découverte, qu'on eût faite de leur différente origine, venoit uniquement de la politique des Romains, qui avoient établi que le

Rhin ferviroit de barriére aux peu-
ples d'en-deçà & d'au-delà de ce
fleuve. Cette barriére a fait donc per-
dre de vûë l'origine commune des
deux peuples, & a donné lieu au diffé-
rent nom qu'ils ont porté depuis.
S. VIII.

Vrai fens d'un paffage de Cefar.
Les Romains ont rendu le mot
Celta par celui de Gallus.

» Quant au nom des Gaulois, « Pag. 164 Galli, il femble que l'on ne doive « en chercher l'étymologie que dans « le Latin, puifque ce nom leur étoit « donné par les Romains en leur lan- « gue: Noftrâ Galli appellantur.

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Je ne fçaurois me perfuader que noftrâ Galli appellantur, veuille dire que les Romains ont donné aux Celtes le nom de Galli; je croirois plutôt que ces mots fignifient, que les Romains ont rendu le Celta des Gaulois par le Latin Galli, qui étoit analogue à leur langue & à leur prononciation, & avoit par conféquent la même origine.

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