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rité, & faffent la même fonction; ils fe trouvent neanmoins avoir un rang differemment reglé par les differens Arrêts intervenus dans votre Confeil; les exem ples font foi de cette verité, ce font des faits importans autant que veritables, dont la connoiffance peut n'être pas venuë jufqu'à V. M. Et fi l'on ne craignoit, SIRE, qu'un trop long difcours n'abusât de vos momens qui font fi précieux à l'Etat, & d'un fi grand poids au bien de l'univers, on rapporteroit ici un grand nombre d'exemples de cette inegalité, fondée fur divers Arrêts, en forte qu'il femble qu'autant de Provinces qui compofent votre Royaume, foient autant d'Etats differens, ou que ce ne foit pas le méme Confeil qui en ait jugé. Ces jugemens fi diffemblables, donnent occafion aux Officiers qui n'ont point encore eu de conteftation d'en former de nouvelles, où l'un se fondant fur un Reglement, & l'autre fur un autre, ils s'embarquent fur la mer infidele de la chicane fur laquelle chacun d'eux croit avoir un vit favorable; & femblables la fin à ceux qui fe voyant en danger de faire namirage, jettent tout ce qu'ils ont dans les flots, pour fauver un refte de vie que la crainte leur a laiffé; ils for

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tent de leurs procès, dépouillez de leurs biens, pour fauver un leger point d'honneur, que fouvent le credit leur donne : Et dans ce grand nombre d'Officiers SIRE, qui font dans votre Royaume, quelle quantité de procès n'excite pas, & n'excitera pas à l'avenir la feule ambition, d'un rang qui n'eft pas reglé, ou qui l'eft fi differemment ?

Parmi ces Officiers, SIRE, il y en a,. dont le nombre eft le plus petit, mais que leur fonction attache plus particulierement que tous les autres à V. M. & que pour ce fujet on appelle du nom de Gens du Roi, & aufquels la Loi donnoit la qualité de homines auguftiffima domûs, prépofez par V. M. pour veiller à fes interêts, travailler au bien de fes af faires, tenir la main à l'execution de fes volontez, défendre les droits de votre Couronne, les priviléges de l'Eglife, les interêts du public, maintenir les Loix & les Ordonnances dans leur pureté, redreffer ceux qui s'en écartent, pourfui vre ceux qui les violent, voir, parler agir pour vous ; cependant noble caractere dont vous les honore, les pri vileges particuliers par où vous les diftinguez, cette genereufe liberté de parler & d'agir que vous leur permettez, & que •

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l'honneur & le zele de vous fervir leur infpirent, les fait regarder d'un œil envieux & jaloux leur attire comme à l'oifeau de Minerve, la haine de tous les autres; on ne cherche, fur tout dans les Provinces, qu'à les abaiffer, pour ne pas dire à les détruire; votre Confeil en a vû fouvent les preuves avec indignation, & fous pretexte qu'ils font requerans, mot, dont on ne conçoit pas, ou dont on ne veut pas concevoir la force, fous couleur que la place qu'ils occupent dans la marche d'une Compagnie eft la derniere, & qu'ils ne tiennent que par une espece d'autorité que leur dignité leur donne de veiller fur tout & par tout, ce que les efprits éclairez fçavent diftinguer, & ce que le vulgaire ne connoit pas; enfin parce que leur merite & leur force font renfermez dans le nombre de deux ou trois, ils fe voyent tous les jours, & dans l'exercice de leurs Charges, & dans les occafions d'honneur, expofez aux inful. tes même des Officiers peu confiderables pas leurs fections,& qui ne font forts que par leur nombre; au mépris d'un cara&tere que le hom augufte du Souverain devroit faire prévaloir à tant d'autres. C'eft un abus, SIRE, auquel le bien des affaires

de V. M. demande que vous ayez la bonté de mettre ordre, en reglant le rang qu'ils doivent tenir en particulier avec les autres Officiers de votre Royaume.

Il eft donc, SIRE d'une très-grande importance pour le fervice de V. M., pour le bien des Officiers, & pour l'interêt de la Juftice, d'ôter cette femence cruelle de divifions & de guerres inteftines; cette fource fatale de procès & de querelles, dont les pourfuites font fi opiniâtrées,& les fuites fi fâcheufes. Le remede à un mal fi grand ne peut venir que d'un Reglement général, par lequel ne regardant les Réglemens particuliers que l'on a faits, que comme des jugemens de provifion, ou pour mieux dire, comme des digues pour arrêter l'impatience & la fureur des parties trop animées, aufquelles l'intrigue & la follicitation ont eu beaucoup de part, V. M. fixe pour toujours le rang que devront occuper à l'avenir, & les Compagnies en général, & les Officiers en particuliers: c'eft un des plus grands biens que V. M. puiffe procurer à fon Etat, qui étant au-ders fi florif fant, fi celebre par tout l'Univers, & admiré de tous les Peuples de lasterrè, a befoin encore de ce trait de votre fageffe & de votre justice, pour joüir au dedans

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d'une paix véritable & folide : les particuliers vivront dans une fortune plus affurée,ce fera ôter de puiffantes armes à la difcorde & à la jaloufie qui caufent tant de fcandale dans nos Eglifes, & tant de defordres dans les Affemblées publiques: ceux qui voudront employer leurs vies au fervice de V.M. dans la fonction de quelque dignité, s'y embarqueront comme dans une navigation heureuse & tranqui le, dont vous aurez ôté l'écueil le plus dangereux ; on donnera au bien de la Juftice les foins & le tems que l'on donnoit à la poursuite des procès, qui n'ont pour mouvement que la vanité; pour but, qu'une vaine fumée d'honneur ; pour fuite ordinaire, que la ruine des Parties; c'eft un ouvrage digne du plus fage, du plus jufte, & du plus grand Roi qui ait jamais regné dans l'Empire des Lis ; & ces titres font dûs à V. M. de quelque côté qu'on la regarde : c'eft à vous, SIRE, de faire tout ce que n'ont pas fait vos prédeceffeurs, & de ne laiffer à vos fucceffeurs que la gloire de le maintenir : voici le tems favora le d'entreprendre cet important ouvrage, & de l'achever pendant une paix generale, & auffi heureuse que celle que votre bonté toute royale a donnée à vos peuples; & ayant élevé à la di

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