Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fait ainfi parler les perfonnages pour rendre la verité plus fenfible, par les difcours des parties & la fentence du juge.

App. to. 8.op. Aug. P. 36.edit. 1688.

App. to.

Il compofa de même fous le nom de faint Auguftin un dialogue contre Felicien Arien, touchant l'unité de la Trinité; & on lui attribue avec raifon la fauffe difpute de faint Auguftin contre Pafcentius, & le fymbole qui a fi long-tems paffé 1. p.39. fous le nom de faint Athanafe. Cet artifice de Vigile de Tapfe a produit de la confufion dans les ouvrages des peres: car on a long-tems attribué les fiens aux auteurs dont il avoit emprunté le nom; & les nouveaux critiques lui en ont attribué d'autres, dont les auteurs font moins certains. Enfin fon exemple peut avoir enhardi plufieurs écrivains temeraires, à fuppofer fous de grands noms de fauffes pieces, de faux actes de Martyrs, & des vies des Saints.

Vigile étant depuis venu à C. P. écrivit contre l'herefie, qui y avoit plus de cours, qui étoit celle d'Eutychés; & comme il étoit alors en pleine liberté, il mit fon nom à cet ouvrage, qu'il divifa en cinq livres. Le quatriéme eft emploié à défendre la lettre de faint Leon à Flavien, & le cinquiéme à défendre la définition du Concile de Calcedoine. C'eft le feul ouvrage qui porte le nom de Vigile encore l'a-t-on attribué quelque tems à Vigile Evêque de Trente & Mar- Sup. liv. tyr, quoi qu'il fût mort long-tems avant l'here- XX. n. 12. fie d'Eutychés.

IX.

Perfecu tion gene

Avant que les Evêques fuffent conduits en exil, Huneric envoia des bourreaux par toute l'Afrique en même tems, pour n'épargner perfonne, rale. Vi ni âge ni fexe, en ceux qui refifteroient à fa vo- Vit.lib. V. lonté. On faifoit mourir les uns à coups de bâ ton, on pendoit ou on brûloit les autres, dépouilloit les femmes, principalement les Nobles, pour les tourmenter publiquement. Une

on

nom

་་

:

ce

nommée Denise plus hardie & plus belle
que les
autres, leur dit : Tourmentez-moi comme il
vous plaira, épargnez-moi feulement la honte de
la nudité mais ils l'éleverent plus haut pour la
donner en spectacle. Tandis qu'on la battoit de
verges, & que les ruiffeaux de fang couloient de
fon corps, elle difoit Miniftres du démon,
que vous faites pour ma confufion est ma gloi-
re; & comme elle étoit fçavante dans les Ecri-
tures, elle exhortoit les autres au martyre. Elle
avoit un fils encore jeune & délicat, nommé
Majoric; & voiant qu'il craignoit les tourmens,
elle jettoit fur lui des ceillades feveres, & lui fai-
foit des reproches avec fon autorité maternelle,
lui difant Souviens-toi, mon fils, que nous
avons été baptifez au nom de la Trinité dans l'E-
glife catholique nôtre Mere. Ne perdons pas le
vêtement de nôtre falut, de peur que le maître
du feftin ne nous trouvant pas la robe nuptiale,
ne dise à fes ferviteurs Jettez-les dans les tene-
bres exterieures. Le jeune homme fortifié par
fes difcours, fouffrit conftamment le martyre:
& fa mere l'embraffant, rendit graces à Dieu à
haute voix, & l'enfevelit dans fa maifon, pour
prier fur fon tombeau. Plufieurs autres dans la
même ville, fouffrirent le martyre par fes ex-
hortations fçavoir, fa fœeur Dative, & le me-
decin Emelius fon parent: Leoncia. fils de l'E-
vêque Germain, Tertius & Boniface; ils fouf-
frirent tous de grands tourmens.

Un homme noble de Suburbé nommé Servus,
après un grand nombre de coups de bâton fut
élevé avec des poulies, & fouvent lâché pour
tomber de tout fon poids fur le pavé des ruës.
On le traîna plufieurs fois, & on le déchira avec
des pierres tranchantes : en forte
que la
pendoit des côtes, du dos & du ventre. A Cu-
lufe il
y
eut une multitude innombrable de Mar-

peau

lui

tyrs

tyrs & de Confeffeurs; entre autres une femme nommée Victoire. Comme on la brûloit fufpenduë en l'air, fon mari lui difoit ce qu'il pouvoit de plus touchant, l'exhortant à avoir au moins pitié de fes enfans. Mais elle n'en fut point ébranlée; lorfqu'on vit qu'elle avoit les épaules demifes, & qu'elle ne refpiroit plus, on la dépendit: elle raconta depuis, qu'une vierge lui avoit apparu, qui la toucha par tout le corps, & qu'auffitôt elle fut guerie,

Victorien citoien d'Adrumet, étoit alors Proconful de Carthage, c'eft-à-dire, Gouverneur pour le Roi. C'étoit l'homme d'Afrique le plus riche, & le Roi qui avoit en lui une très-grande confiance, lui manda que s'il obéïffoit à fes ordres, il le tiendroit pour le plus cher de ses domeftiques. Victorien répondit: Dites au Roi, qu'il m'expofe au feu ou aux bêtes, qu'il me faffe fouffrir toutes fortes de tourmens; fi je me rends, c'eft en vain que je fuis baptifé dans l'Eglife catholique. Car quand il n'y auroit que cette vie, je ne voudrois pas pour un peu de gloire temporelle être ingrat au Créateur, qui m'a fait la grace de croire en lui. Le Roi irrité de cette réponse lui fit fouffrir de grands tourmens, & pendant long-tems: ainfi il confomma heureufement fon martyre.

A Tambaïe deux freres prierent les bourreaux «. 5. de leur faire fouffrir le même fupplice. On les tint fufpendus tout le jour avec de groffes pierres aux pieds. Un d'eux demanda quartier, & pria qu'on le defcendît: mais fon frere encore fufpendu, lui crioit : Non non, mon frere, ce n'eft pas là ce que nous avons juré à JESUSCHRIST; je t'accuferai quand nous ferons devant fon trône redoutable, que nous avons juré fur fon corps & fon fang de fouffrir ensemble pour lui. Par fes difcours & plufieurs autres, il

en

X.

n.6.

encouragea fi bien fon frere, qu'il s'écria: Faites-moi fouffrir tous les tourmens que vous voudrez, je ferai comme mon frere. On leur appliqua tant de lames ardentes, & on les déchira tant avec les ongles de fer, que les bourreaux rebutez les chafferent, en difant : Tout le peuple les imite, & perfonne ne fe convertit à nôtre Religion. Ce qu'ils difoient principalement, parce qu'on ne voioit en eux ni meurtriffures ni aucune trace de tourmens.

A Typafe dans la Mauritanie Cefarienne, les Langues Ariens ordonnerent un Evêque qui avoit été feCoupées. cretaire de Cyrila; ce que voiant les habitans ils s'embarquerent tous pour paffer en Espagne, dont ils étoient proches : excepté un très-petit nombre qui ne trouverent point à s'embarquer. L'Evêque Arien s'éforça de les pervertir, premierement par careffes, & puis par menaces: mais ils fe mocquerent de lui, & s'affemblerent dans une maison, où ils celebrerent publiquement les myfteres. L'Evêque l'aiant appris envoia fecretement à Carthage une relation contre eux : fur quoi le Roi irrité, envoia un Comte avec ordre de leur couper à tous la langue & la main droite, dans la place publique, en prefence de toute la province. Cela fut exécuté: mais quoi qu'on leur eût coupé la langue jufques à la racine, ils ne laifferent pas de parler auffi-bien qu'auparavant Et fi quelqu'un ne le veut pas croire, ajoûte Victor de Vite, qu'il aille à C. P. & il trouvera un Soûdiacre d'entre eux nommé Reparat, qui parle nettement fans aucune peine, & qui par cette raison eft fingulierement honoré Bibl. PP dans le palais de l'Empereur Zenon, principalel'Imperatrice.

G. L. to 2. P.415. E.

ment par

Victor n'eft pas le feul témoin de ce miracle, Enée de Gaze philofophe Platonicien, qui étoit alors à C. P. en parle ainfi à la fin de fon dialo

gue

1. Bell.

que fur la refurrection : Je les ai vû moi-même, & les ai ouï parler, & j'ai admiré que leur voix AN. 484. pût être fi bien articulée. Je cherchois l'inftrument de la parole, & ne croiant pas à mes oreilles, j'ai voulu en juger par mes yeux, & leur alant fait ouvrir la bouche, j'ai vû toute la langue arrachée jufques à la racine : & me fuis étonné, non de ce qu'ils parloient, mais de ce qu'ils vivoient encore. L'hiftorien Procope parlant de cette perfecution d'Huneric, dit : Il fit Vand.c.8. couper la langue à plufieurs, qui de mon tems fe promenoient à C.P. parlant librement fans se fentir de ce fupplice. Mais il y en eut deux, qui aiant peché avec des femmes abandonnées, cefferent de parler. Le Comte Marcelin dans fa chronique dit: Le Roi Huneric fit couper la langue AN. 484. à un jeune homme catholique, muet de naiffance; mais fi-tôt qu'il eut la langue coupée, il parla, & commença par donner gloire à Dieu; j'ai vû quelques-uns de cette troupe de fideles à C. P. qui avoient la langue & la main coupées, & parloient parfaitement. L'Empereur Juftinien témoigne auffi l'avoir vû, dans une constitution faite depuis pour l'Afrique.

L.1.Cod.

de Off. P.P.

Afr.

XI. Autres Martyrs.

Via Vit.

Huneric n'épargna pas même les Vandales catholiques; & n'eut aucun égard à l'interceffion d'Uranius Ambaffadeur de Zenon. Au contraire, pour montrer le mépris qu'il faifoit le l'Empe- lib. V. n. 7. reur & des Romains, il fit mettre le plus de bourreaux & les plus cruels dans les rues & les places de Carthage, où l'Ambassadeur devoit paffer pour venir au palais. On vit long-tems les marques des cruautez exercées en cette perfecution: les uns étoient fans mains, ou fans pieds d'autres fans yeux, fans nez, ou fans oreilles : d'autres à force d'avoir été fufpendus, avoient les épaules demifes & élevées au-deffus de la tête; car étant attachez au haut des maifons, on les pouffoit

« AnteriorContinuar »