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CHAPITRE XXX.

QUELQUES Philosophes, Afclépio

JE

dote entre autres, pensent que le tonnerre & la foudre peuvent se former par un assemblage fortuit de matieres hétérogenes. Jadis l'Etna, dans une de ses éruptions, vomit une grande abondance de fables brûlants; un nuage de pouffiere voilà le jour; une nuit soudaine effraya les peuples: on dit qu'en même temps en entendit des tonnerres (F), on vit

(1 L'exemple de l'Etna, que cite ici Séneque, n'est guere propre à prouver sa these; car, premiérement, il est facile de confondre les bruits fouterrains qui accompagnent l'éruption d'un volcan, avec ceux du tonnerre: en second lieu, dans la plupart des éruptions, on remarque, au milieu des tourbillons de fumée que lance la bouche du volcan, des scintillations & des trainées de feu qui ressemblent assez aux fulgurations du tonnerre; mais ces phénomenes n'ont rien de commun avec le tonnerre. Quoique plusieurs Observateurs aient prétendu que ces trainées de feu fussent des effets de l'électricité, il est plus vraisemblable que ces scintillations sont produites par les matieres qui servent d'aliment au feu, lesquelles, lancées au dehors dans l'état d'embrâsement, viennent éclater à la bouche du volcan, & former ces

éclater des foudres. Ces météores ne furent point produits par des nuages, (il ne pouvoit y en avoir dans un air auffi brûlant) mais par le concours de corpufcules arides.

L'armée que Cambyse envoya contre le temple de Jupiter Ammon, fut enfevelie sous des monceaux de fable, que le vent du Midi faifoit pleuvoir en forme de neige. Il est vraisemblable que le frottement des sables entrechoqués, produifit dans le même temps des tonnerres & des foudres. Ces cas particuliers ne contredisent pas notre théorie: nous avons dit que, de la terre émanoient des corpuscules de deux especes, secs & humides, qui se répandoient dans tout l'at

trainées de feu assez semblables aux étincelles qui, dans nos foyers, nous présentent des mouvements si variés & fi bizarres.

Séneque ajoute, pour appuyer sa théorie les phénomenes de ces trombes ou tourbillons de sable qui causent tant de ravages dans l'Afrique: c'est encore un problême à résoudre, si ces trombes font des effets analogues à ceux du tonnerre.. Il paroît certain qu'on ne peut pas les ranger toutes dans la classe des météores enflammés; & nous n'avons guere fur les autres que des conjectures qui ne font pas mieux fondées que celles de Séneque. Note de M. Def........

mosphere. Dans les cas dont il est question, il se formera des nuages plus denses & plus solides, que s'ils n'étoient qu'une fimple vapeur: ces nuages peuvent se briser, & par leur collision produire un fon; mais les autres assemblages caufés, ou par des éruptions de volcans, ou par des vents qui ont balayé la surface de la terre, doivent former des nuages, avant de produire du fon. Or les nuages peuvent être engendrés par des corpufcules fecs, comme par des corpufcules humides; puisqu'ils ne font (comme nous l'avons déja dit) qu'un air chargé de corps étrangers..

✓ CHAPITRE XXX1.

Au reste, en considérant les effets merveilleux de la foudre, on ne peut douter qu'elle n'ait un certain pouvoir divin & très-actif; l'argent se fond dans la bourse sans qu'elle foit endommagée : l'épée se fond dans le foureau qui reste entier (1): le fer des piques coule le long du bois qui demeure intact : les tonneaux se brisent sans que le vin s'écoule, il acquiert une consistance qu'il ne garde pourtant que trois jours. C'est encore un phénomene remarquable, que les hommes & les animaux frappés de la foudre, ont la tête tournée vers le côté d'où elle

☑ (1) La foudre paroît s'attacher de préférence aux métaux; & lorsque les métaux ne présentent pas, à l'écoulement du torrent de matiere fulminante, un conducteur bien suivi ou assez épais, la foudre les fond. Le vin qui prend consistance, & qui la perd; les cadavres des ferpens qui se dépouillent de leurs principes malfaisants, sont des merveilles dont le peuple est avide, & qui sont inventées pour lui. Il feroit facile de montrer qu'à cet égard ce mot a une signification très-étendue. Vulgus autem tam clamidatos, quàm coronam voco. Note de M. Def....

est partie, & que les rameaux des arbres qu'elle a terrassés, se tiennent droits, dirigés aussi vers le même côté; enfin les serpents (2) & les autres animaux venimeux cessent de l'être, quand ils ont été frappés de la foudre. La preuve en est que les vers ne naissent pas dans des cadavres venimeux, & que ces reptiles tués par la foudre, en font couverts au bout de quelques jours.

(2) On sent bien que la plupart de ces merveilles attribuées à cette flamme divine sont autant d'erreurs populaires qui avoient vogue parmile vulgaire ignorant, & qu'en paroissant les adopter, Séneque a contribué ensuite à les accréditer: il y a eu, au reste, quelques effets assez bizarres, produits par la foudre. Note de M. d'Ar...

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