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de retrancher ainsi à l'histoire ? fans doute, lors qu'on trouve dans l'hiftoire les malheurs attribuez au Lutheranisme, il fera toûjours permis d'ajoûter que c'est à Luther qu'il s'en faut prendre. Quoi qu'en dife M. Bafnage, les Proteftans répondirent mal à ce reproche de l'Empereur lors qu'ils fe vanterent d'avoir condamné & puni les Anabaptiftes comme ils firent les Païlans revoltez; car l'Empereur ne les accufoit pas d'avoir trempé dans leur revolte, Bafn. ibid. comme le veut notre Miniftre, mais d'y avoir donné lieu en rejettant le Decret de Vormes, & en foûtenant Luther & fa doctrine que l'Empire avoit profcrite les effets parloient plus que les paroles : l'Empire étoit tranquille avant Luther: depuis lui on ne vit que troubles fanglans, que divifions irremediables. Les Païfans qui menaçoient toute l'Allemagne étoient fes difciples: & ne ceffoient Sleid V. de le reclamer. Le fait eft conftant Var. II. 12. par Sleidan. Ces Anabaptiftes étoient 15. fortis de fon fein, puifqu'ils s'é

LI.

tâche en

toient élevez en foûtenant fes maximes & en fuivant les exemples: qu'y avoit-il à repondre, & que repondront encore aujourd'hui lesPro

teftans?

Diront-ils que Luther reprimoit

fant que

M. Bafnage les rebelles par les écrits en leur diDieu défendoit la fedition? on fer Luther ne peut pas me reprocher de l'avoir dans le diffimulé dans l'hiftoire des Varia

vaind excu

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trouble des tions, puifque j'ai expreffement rapPaïfans rea voltez. porté ces paroles de Luther. Mais j'ai Ya, IL 12. eu raison d'ajoûter en même temps qu'au commencement de la fedition il avoit autant flaté que reprimé les Païfans foulevez: c'eft-à-dire en les repri mant d'un côté, qu'il les incitoit de l'autre, tant il écrivoit fans mesure. Sleid.ibid. Est-ce bien reprimer une populace armée & farieufe que d'écrire publiquement qu'on exerçoit fur elle une ty rannie qu'elle ne pouvoit ni ne vouloit, ni ne devoit plus fouffrir? après cela, prêchez la foûmiffion à des gens que vous voyez en cet état, ils n'écoutent que leur paffion & l'aveu que vous leur faites qu'ils ne peu

var.ibid.

12,

&c. 173 vent ni ne doivent pas fouffrir davantage les maux qu'ils endurent. Mais Luther paffe plus avant, puifqu'après avoir écrit feparément aux Seigneurs & à leurs fujets rebelles ; dans un écrit qu'il adreffoit aux uns & aux autres, il leur crioit : il leur crioit qu'ils

:

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avoient tort tous deux, & que s'ils ne Sleid. ibid. pofoient les armes ils feroient tous dam. var. ibid. nez. Parler en cette forte non pas aux fujets rebelles feulement commé il falloit ; mais aux fujers & aux Seigneurs indifferemment ceux dont les armes étoient legitimes, & à ceux dont elles étoient feditieufes c'eft visiblement enfler le cœur des derniers, & affoiblir le droit des autres. Bien plus : c'est donner lieu aux rebelles de dire : nous defarmerons quand nous verrons nos Maîtres defarmez : c'est-àdire qu'ils ne defarmeront jamais : à plus forte raifon les Princes & les Seigneurs ne defarmeront pas les premiers. Ainfi cet avis bizarre de Luther étoit propre à faire qu'on fe regardât l'un l'autre, & que loin de

Sleid. ibid. war, ibid.

défarmer on en vinst aux mains, ce qui en effet arriva bien - tôt après. Qui ne voit donc qu'il falloit tenir un autre langage, & en ordonnant aux uns de pofer les armes, avertir les autres d'en ufer avec clemence, même après la victoire ? Mais Luther ne fçavoit parler qne d'une maniere outrée après avoir flaté ces mal-heureux jufqu'à dire les chofes que nous venons d'entendre, il conclut à les paffer tous dans le combat au fil de l'épée, même ceux qui an ront été entraînez par force dans des actions feditieufes; encore qu'ils ten. dent les mains ou le col aux vic torieux. On en pourra voir davantage dans l'hiftoire des Variations; il y falloit répondre ou fe taire, & ne fe perfuader pas que Luther eût fatisfait à tous fes devoirs en parlant en general contre la revolte. Mais encore d'où lui venoient des mouvemens fi irreguliers ; fi ce n'eft qu'un homme enyvré du pouvoir qu'il croit avoir fur la multitude, fait paroître par tout fes excez ou pour

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mieux dire qu'un homme qui fe croit prophete, fans que le bon efprit du Seigneur foit tombé fur lui, s'imagine qu'à fa parole les bataillons heriffez baifferont les armes, & que tous, grands & petits feront atter

rez.

LII.

Pour ce qui regarde le Livre de Le Miniftre défend mal la liberté Chrêtienne, je reconnois ·le livre de d'avoir écrit qu'on pretendoit que ce Luther de la livre n'avoit pas peu contribué à inf- liberté Chrépirer la rebellion à la populace. M. tienne. Bafnage s'en offenfe & entreprend Var. II, de prouver que Luther y a bien par- Bafn. p. lé de l'autorité des Magiftrats. Loin 507. de le diffimuler j'ai remarqué en termes exprès, qu'en parlant indiftinctement en plufieurs endroits de fon livre contre les Legislateurs & les Ibid. loix, il s'en fauvoit en difant qu'il n'entendoit point parler des Magiftrats ni des loix civiles. Mais cependant dans le fait deux chofes font bien averées, tant par les de sted. lib mandes des rebelles que par Sleidan Y. qui les rapporte : l'une que ces malheureux, entêtez de la liberté Chrê

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