Imágenes de páginas
PDF
EPUB

lié

par

le milieu qu'avec des crampons

TIN.

An. 312.

de fer, qu'il étoit aifé de détacher: CONSTAN C'étoit en cas de défaite un moyen de faire périr l'armée victorieufe dans le tems même de la pourfuite. Des ou- tin. vriers cachés dans les batteaux de- Vorb. t. 2. p.

cit

voient ouvrir le pont, dès que Conf-
tantin & fes troupes feroient deffus,
pour les précipiter dans le fleuve.
Quelques modernes fondés fur le ré-
que Lactance, les panégyristes &
Prudence font de cette bataille, nient
l'existence de ce pont; ils prétendent
que ce fut du
pont Milvius que Ma-
xence dans fa déroute tomba dans le
Tibre, foit qu'il l'eût lui-même fait
rompre avant l'action, comme Lac-
tance femble le dire, foit que la foule
des fuyards l'en ait précipité. Mais
nous fuivrons ici Eufebe & Zofime,
qui décrivent en termes précis ce pont
de batteaux, & dont le témoignage
très-confidérable en lui-même, fur-
tout quand ils s'accordent ensemble,
eft ici appuyé par le plus grand nom-
bre d'anciens auteurs.

La nuit qui précéda la bataille,
Conftantin fut averti en fonge de

fur Conftan

138.

XI.

Songe de Conftantin.

TIN.

An. 312.

Laet. c. 44.

faire marquer les boucliers de fes folCONSTAN dats du monogramme de Christ. Il obéit, & dès le point du jour ce victorieux caractere, imprimé par fon orPrud. ad dre, parut fur les boucliers, fur les Sym. 1.1. v. cafques, & fit paffer dans le cœur des foldats une confiance toute nouvelle. Le vingt-huitiéme d'Octobre MaSentiment xence entroit dans la feptieme année de Lactance. de fon regne. Si l'on en veut croire Lactance, tandis que les deux arBuch.in cycl. mées étoient aux mains, ce Prince

438.

XII.

Lact. c. 44.

Calend.

P. 286.

Neris de encore renfermé dans Rome célébroit num. l. 1. c. l'anniversaire de fon avénement à Till. note 32. l'Empire, en donnant des jeux dans fur Conftan- le cirque ; & il ne fallut rien moins

2.

tin.

que les clameurs & les reproches injurieux du peuple pour le forcer à s'aller mettre à la tête de fes troupes. Mais les deux panégyristes, dont l'un parloit l'année suivante en présence de Conftantin, & qui tous deux ne négligent rien de ce qui peut flétrir la mémoire du vaincu, ne lui imputent pas cet excès de lâcheté; Żofime s'accorde ici avec eux. Je vais donc fuivre leur récit, comme le plus vraisemblable.

CONSTAN

TIN.

XII.

An. 311. Bataille contre Maxence.

Incert. Pan.

c. 16. & feq, Nazar. Pan. c.28.&feq.

Maxence qui ne fe laffoit pas d'immoler des victimes & d'interroger les arufpices, voulut enfin confulter l'oracle le plus refpecté : c'étoit les livres des Sibylles. Il y trouva que ce jour-là même l'ennemi des Romains devoit périr. Il ne douta pas que ce ne fût Conftantin ; & fur la foi de cette prédiction, il va joindre fon armée & lui fait paffer le pont de ba- Zof... teaux. Pour ôter à fes troupes tout moyen de reculer, il les range au bord du Tibre. C'étoit un fpectacle effrayant, & la vue d'une armée fi belle & fi nombreuse annonçoit bien la décifion d'une importante querelle. Quoique le front s'étendît à perte de vûe, les files ferrées, les rangs multipliés, les lignes redoublées & foutenues de corps de réserve, préfentoient un mur épais qui fembloit impénétrable. Conftantin beaucoup plus foible en nombre, mais plus fort par la valeur & par l'amour de fes troupes, fait charger la cavalerie ennemie par la fienne, & en même tems fait avancer l'infanterie en bon ordre. Le choc fut terrible: les Prétoriens fur

tout fe battirent en défefpérés. Les CONSTAN foldats étrangers firent auffi une vigoureuse résistance; il en périt une mulAn, 312. titude innombrable, maffacrés ou fou

TIN.

[ocr errors]

XIV. Fuite de Maxence.

lés aux pieds des chevaux. Mais les Romains & les Italiens fatigués de la tyrannie & du tyran, ne tinrent pas long-tems contre un Prince qu'ils défiroient d'avoir pour maître, & Conftantin fe montroit plus que jamais digne de l'être. Après avoir donné fes ordres, voyant que la cavalerie ennemie difputoit opiniâtrément la victoire, il fe met à la tête de la fienne ; il s'élance dans les plus épais efcadrons; les pierreries de fon cafque, l'or de fon bouclier & de fes armes le montrent aux ennemis & les effrayent au milieu d'une nuée de javelots, il fe couvre, il attaque, il renverse fon exemple donne aux fiens des forces extraordinaires. Chaque foldat combat comme fi le fuccès dépendoit de lui feul, & qu'il dût feul recueillir tout le fruit de la victoire.

pue

Déja toute l'infanterie étoit rom& en déroute: les bords du fleuve

ΤΙΝ.

An. 312.

n'étoient plus couverts que de morts & de mourans ; le fleuve même en CONSTANétoit comblé & ne rouloit que du fang & des cadavres. Maxence ne perdit point l'espérance, tant qu'il vit combattre fes cavaliers : mais ceux-ci étant enfin obligés de céder, il prit la fuite avec eux & gagna le pont de batteaux. Ce pont n'étoit ni affez large pour contenir la multitude des fuyards qui s'entaffoient les uns fur les autres, ni affez folide pour les foutenir. Dans cet affreux défordre il fe rompit, & Maxence enveloppé d'une foule de fes gens, tomba, fut englouti, & difparut avec eux.

XV.

Suites de la

victoire.

La nouvelle de ce grand évenement vola auffi-tôt à Rome. On n'ofa d'abord la croire: on craignoit qu'elle ne Incert. Pan. fût démentie, & que la joie qu'elle c.18. auroit donnée, ne devînt un crime. Zof.l.2. Anony. VaCe ne fut que la vûe même de la tête lef du tyran qui affura les Romains de leur délivrance. Le corps de ce malheureux prince, chargé d'une pefante cuiraffe, fut trouvé le lendemain enfoncé dans le limon du Tibre; on lui coupa la tête; on la planta au bout

« AnteriorContinuar »