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CHAPITRE III.

Euc.c.I. à v.26or

ad 39.

Miflus eft An

temGalilæa,cui

xeth..

De l'Annonciation de la fainte
Vierge.

xxvi. In men- E foin que prenoit Elifabeth de fe autem fexto, fe cacher, n'empêcha pas que LEE gelus Gabriel à fix mois aprés, une Vierge, à qui le Deo, in civita- Seigneur découvroit les chofes les nomen Naza plus fecretes, n'eût connoiffance de la grace miraculeufe qu'elle avoit reçue du Ciel. Cette Vierge s'apelloit Marie; & c'eft elle qui par fes rares vertus, attira le Fils de Dieu, le Verbe Eternel fur la terre, où en ce tems-là, il fe fit Homme, dans une Bourgade de la Baffe-Galilée, nommée Nazareth. Ce grand Dieu aiant réfolu de venir au monde, pour s'y revêtir de nôtre nature, préfera un lieu fi petit & fi obfcur, aux villes les plus grandes & les plus fameufes, parce que c'étoit la demeure de xvII. Ad Vir- cette Vierge qu'il avoit choisie pour Einem defpon- fa Mere, & à qui le Ciel avoit donné nomen erat Jo- pour Epoux, un homme nommé Jofeph, de domo feph, de la Maison de David auffiDavid, & no& bien qu'elle, un homme chafte, avec Maria. lequel elle vivoit de même que fi

fatam.viro,cui

men Virginis,

elle lui eût été feulement promife,. & non engagée par un veritable mariage.

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ad eam, dixit:.

tecum, benedi

bus.

C'est là que vint le faint Ange Gabriel, envoie de Dicu pour negocier greflus Angelus avec elle la plus grande & la plus Ave, gratiâ ple importante affaire qui fut jamais. na. 2. Dominus Quoique la maifon où elle logeoit aa tu in mulie fût pauvre, il se crût fort honoré d'y pouvoir entrer, pour y faluer celle qu'il confideroit déja comme Reine & du Ciel & de la Terre. Il la falia en des termes, qui marquoient une profonde veneration pour la dignité de Mere de Dieu, où il fçavoit que dans un moment elle alloit être élevée,

ne de

Je vous falue, lui dit-il : Le Sei gneur m'a envoié pour vous annoncer une nouvelle capable non feulement de vous réjouir, mais de réjouir tout le monde. Vous êtes pleigrace, & vous poffedés toutes les vertus dans le fouverain degré.. Dieu vous aime infiniment; il eft avec vous; il veut vous combler de Lenedictions, & vous diftinguer de toutes les femmes qui ont été jufqu'ici, & qui feront jufques à la fin des ficcles.

Ces paroles, devoient naturelle

xxix. Quod

audiffet, inent caufer à Maric un foudain tranf turbata eft 3. in fermone ejus, & port.de joye. Mais l'amour de la cogitabat qualis pureté dans les Vierges eft quelque effet ifta faluta- chofe de bien delicat. Il ne fçauroit

tio.

fuporter la vue d'un Ange, quand il
paroît fous la figure d'un homme:.
il s'éfraie d'une parole, qui femble
avoir le moindre raport au plaifir
fenfuel. Ce n'eft donc pas fans fu-
jet que la plus pure des Vierges fait
paroître de la crainte & de la fur-
prife, lorfqu'elle voit l'Ange du
Seigneur, qui lui parle de la façon
que nous avons dit, revêtu d'un corps
femblable à celui d'un homme d'une
excellente beauté. Sa crainte ne va
pourtant pas jufqu'à lui troubler la
raifon mais comme elle fait beau-
:
coup plus d'état de fa virginité, que
du bonheur fi eftimé parmi les Juifs,
d'avoir des enfans; ce qui l'inquie-
c'eft l'aprehenfion qu'elle a, de
ne pouvoir être tout enfemble &
mere & vierge. De-là vient aussi
qu'avant que de répondre à la pro-
pofition, qu'on vient de lui faire, elle
y penfe en elle-même, avec quelque
doute.

xxx.Et ait Angelus ei: ne timeas, Maria, in

te,

L'Ange qui connoît ce qui fe paffe venifti enim, dans fon cœur, diffipe fa crainte, & gratiam apud Deum. lui rend fa joye en lui difant :: Ne

cipies in utero,

men ejus Jefum.

xxx 1 1.Hic erit magnus, & Fi

lius Altiffimi vo. cabitur, & dabit

Deus fedem Da

domo Jacob 4.

craignés point: car vous avés trouvé grace devant Dieu. Il vous aime: yous l'aimés. Il vous donnera un Fils: mais il veut que cela fe faffe, fans bleffer vôtre pureté virginale, fans partager vôtre amour. Vous conce- xxx 1. Ecce comvrés ce Fils dans vôtre fein : vous le & paries filium, donnerés heureufement au monde, & vocabis novous le nommerés Jesus. Il fera grand en toute maniere, & les merveilles qu'il operera, le feront connoître pour Fils du Tres-haut. Comme vôtre Fils, il defcendra de illi Dominus David, puifque vous êtes de cette vid Patris ejus, Maison royale: mais ce n'eft point & regnabit in par le droit de fucceffion qu'il doit in æternum. monter fur le trône : la couronne qu'on lui deftine, ne fera pas de même nature, que celles des Rois de la tere. Il fondera une nouvelle Monarchie, & dominera fur tous les peuples du monde, principalement fur les enfans d'Ifraël, s'ils veulent s'affujettir à fes loix. Et cette nouvelle Roïauté, il la recevra non des hommes, mais de Dieu fon Pere & fon Seigneur, qui l'établira fur le trône de David, comme étant lui-même le veritable David, dont le fils de Jeffe n'a été que la figure. C'eft dans l'Eglife du Dieu vivant, dans la miste

rieufe maifon de Jacob, qu'il regnera fans fucceffeur, puifque l'empire de ***III. Et ce grand Roi n'aura pour fon étendue Regni ejus non point d'autres bornes que l'Univers, point d'autre terme pour fa durée que l'éternité.

erit finis.

xxxiv. Dixit

Marie qui fçavoit que l'Ange étoit autem Maria ad envoyé de Dieu, ne pouvoit douter Angelum: Quo de la verité de fes paroles: mais elle 5. quoniam vi- avoit peine à comprendre comment co. elles s'accompliroient, fans qu'elle

modo fiet inud

rum non

gnofco ? 6.

xxxv. Et ref.

perdît fa virginité, qui lui étoit infiniment chere, & qu'elle avoit confacrée à Dieu dés fes premieres années. C'eft de quoi elle defire avant toutes chofes de fe pouvoir éclaircir. L'Ange pour la fatisfaire, lui dé pondens Ange- clara que Dieu feul fera le Pere de ce Jus dixit ei:Spiritus fan&us fu- Fils dont il veut qu'elle foit la mere; perveniet in te, qu'elle n'aura point d'autre E poux que mi obumbrabit le faint Efprit, qui eft la Vertu du tibi:ldeóque Tres-haut; que cet Efprit tout-puiftur ex te fan- fant, formera dans fes entrailles le tum vocabitur fruit qu'elle doit porter; & que bien loin de fouiller fa virginité, il lui donnera un nouvel éclat; qu'il fera en elle quelque chofe de plus merveilleux,que tout ce qu'il a jamais fait ici-bas, lorfqu'il y eft defcendu, & qu'il y a fait fentir fa prefence,au travers des ombres d'une nuë obfcure;

& quod nafce,

Filius Dei.

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