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de la bataille de Jarnac, & plus encore | fameux Louis, dit le Grand Condé, qui à celui de la bataille de Moncontour. a fait la gloire de la France & l'admiIl fut heureux, & mérita de l'être par ration de fon fiécle par la multitude de fon atachement à la vraie Religion & fes exploits & de fes conquêtes, & par à fon Roy. François fon fils & Henri l'étendue de fon efprit & de fa capacifon petit-fils ne furent pas moins dif- té. Il mourut non moins illuftre par les tingués par leur valeur & par leur ha- fentimens de piété qu'il fit paroître bileté dans le métier de la guerre, par dans fes derniers momens, que par les leur religion & leur fageffe dans toute actions de héros qui ont marqué touleur conduite. François fut un des tes les années de fa vie. Henri Jules de premiers à reconnoitre le Roy Henri Bourbon, digne fils d'un fi grand homIV, à qui il rendit de grands fervices; me, n'a pas été moins diftingué par fes il mourut des fatigues qu'il avoit ef- grandes qualités pour la guerre, que fuyées au fiége de Rouen. Henri mou- par la fineffe de fon difcernement, & rut d'une bleffure qu'il reçur au fiége par fon génie pour ce que les fciences de Dreux en 1592 :il fut univerfelle-ont de plus fubtil. Louis de Condé fon ment regrété, fur tout du Roy Henri fils fignala fon courage au combat de IV, qui dit à fon ocasion: Comment ne Steinkerque où il vint plufieurs fois à pas regréter un homme fidéle à Dieu, à la charge contre les énemis. Il ramefon Roy, à tous fes amis. François Com- na auffi plufieurs fois contre eux dans te d'Anguien, frére d'Antoine de Bour- la bataille de Nervinde les troupes pref bon Roy de Navarre, donna defibon- que rebutées, & contribua particuliéne heure des marques de fon courage, rement au fuccès de cette action, une que François I lui confia à l'âge de 24 des plus mémorables du fiécle paffé. ans la conduite d'une armée. Il gagna Henri IV, le premier Prince de fa Maila victoire de Cérifoles fur Du Guaft, fon élevé fur le Trône de France, se Général des troupes de Charlequint rendit également redoutable à fes énedans le Milanois. Sa promte mort ne mis par la valeur, cher à fes Peuples laiffa qu'à peine le tems de concevoir par une bonté véritablement paternelle, des efpérances. Jean Duc d'Anguien & refpectable à toute l'Europe par les fon frére fut également valeureux, il fe qualitez les plus éminentes pour foutetrouva à la bataille de S. Quentin où nir & gouverner par lui-même un il revint à diverses fois à la charge, y grand Empire. La vertu de Louis XIII reconduifant toujours ce qu'il pouvoit fut particuliérement la bravoure. Il en ranimer de nos troupes, jufqu'à ce donna de grandes preuves au fiége de qu'il reçut un coupde moufquet qui le Montauban,& en diverfes autres ocarenverfa de deffus fon cheval: il mou- fions. Il étoit vif, & extrémement rut de cette bleffure, n'ayant que 29 brave. Les Hiftoriens qui ne l'ont point ans. Dans la branche de Bourbon Con- repréfenté tel, n'ont point connu fon dé, les héros ont fuccédé aux héros. véritable caractére. Louis XIV comLouis de Condé quien eft le premier, mença de vaincre en commençant à affembla les débris de l'armée après la régner. Son régne fut marqué par les bataille de Saint Quentin, & raffura événemens les plus éclatans, & les plus l'Etat : devenu Chef du parti des Hu- finguliers qui foient arrivés depuis le guenots, il fit trembler le Royaume. commencement de la Monarchie. TouHenri de Condé fut d'un mérite égal tes les Nations de l'Europe ont fait à à celui de fon Pére, mais il fuivit fa l'envi fon éloge. Dans la pompe funéreligion& fa révolte. Il fut l'aïeul de ce bre que l'Empereur lui fit faire, on li

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Capitaines: fon union avec celle d'Autriche (28), nous promet dans notre Séréniffime (29) Prince, la valeur secondée du fuccès pour devenir Monarque de l'Univers.

La famille des Céfars fut ftérile en fucceffeurs : le nombre en fut petit, & celui de leurs vertus le fut encore plus. Châtiment ordinaire de la tiranie.

Il y a des familles où les Princes font lents à fe former, mais lorsqu'une fois ils ont commencé, les progrès font auffi vifs &auffi promts,que les principes en ont êté tardifs. Les Princes iffus de la maison Royale d'Aragon furent

habiles pour le gouvernement; tous fecrets, politiques, éclairés, belliqueux, prudens : félicité rare & enviée de tous les autres Etats.

Ferdinand ne nacquit point dans l'oifiveté, ni parmi les délices du Roi Jean son pére : le feu des (30) bombes éclaira

foit en maniére d'infcription ces paroles | à la fuite du récit de fes vertus: La mort par fes coups redoublés porta la défolation dans fa famille; Tout fut ébranlé excepté Lame de Louis, qui frapé comme péré, comme ayeul, & comme bifayeul, parut n'avoir rien perdu, ne perdant rien de fa fermeté, & ne pouffant des foupirs au Ciel que pour s'en affurer le chemin.

éloge eft trop recherché. Ce Prince mourut à Saragoce à l'âge de 17 ans. Quelques-uns difent qu'il fut étoufé au fortir du bain, & que que la jaloufie quefit concevoir aux premiers Seigneurs de l'Etat, une repartie qui lui échapa, fut la caufe de fa mort. Allant de Madrid à Saragoce, ce Prince s'informoit à qui apartenoient les diférentes ter(28) Philippe IV avoit époufé Ifa- res à droite & à gauche de fon chemin, belle de France fille du Roi Henri IV. & frapé de la puiffance de plufieurs Les Espagnols dont cette Princeffe Seigneurs, il dit avec une vivacité mêavoit eu le talent de fe faire aimer,lée d'aigreur, Eft-ce que le Roy n'est difoient qu'elle avoit fçu allier la polireffe Françoise avec la gravité Efpagnole.

(29) Gracian nommoit ce Prince dans la phrafe qui fuivoit. Son Royal nom en eft un Oracle, B Alt AfAr REy, étant compofé des quatre voyelles par lef-| quelles commence le nom des quatres parties du monde, en préfage de ce que fa puiffance & fa gloire doivent les remplir. Cet

Roy que des grands chemins? D'autres difent plus fimplement, & peut-être plus véritablement, que ce Prince mourut de fes débauches.

(30) L'ufage des bombes n'êtoit point connu du tems de Ferdinand : l'imagination échaufée de Gracian lui fait fouvent avancer des chofes peu éxactes.

éclaira sa naissance,les triomphes des victoires multipliées, furent les réjouiffances de la Cour.

Le Prince enfant fut affiégé dans le Chateau de Girone avec la Reine Jeanne (31) fa mére, cette amazone Castillane qui commanda plufieurs armées en Navarre, en Aragon, & en Catalogne: on vit des jours où plus de cinq mille bales furent tirées contre la mére & l'enfant. Le feu, comme au Phénix, affûra davantage leur triomphe. Tous les Royaumes sembloient s'être conjurés contre Ferdinand enfant, pour n'en avoir rien à craindre lorsqu'il feroit devenu homme.

D'une éducation héroïque fort un héros. Le vase retient longtems l'impreffion de la premiére liqueur bonne ou mauvaise. L'aigle forme fes généreux aiglons pour devenir Rois des oiseaux aux purs rayons du foleil. Un héros doit être élevé en envisageant toûjours ceux de l'honneur & de la vertu.

Il fervit beaucoup à Henri IV, Roy de France pour devenir Roy, d'avoir êté tranfporté du berceau à la tente. Les fouliers de corde de Sanche (32) l'Aragonois, fu

|

rent

(31) Jean II, Roy d'Aragon avoit Reine & Ferdinand fon fils dans Giépousé en premiéres nôces Blanche fille rone. La Ville fut prife, & le Château & héritière de Charles III, Roy de Na- êtoit fur le point d'être forcé, lorsque varre. Il en eut Charles de Viane, les François joints à l'armée d'Aragon Blanche mariée à Henri IV, Roy de firent lever le fiége. Les guerres civiles. Caftille, & Eléonore qui aporta cet hé- & étrangères qui troublérent contiritage dans la Maison d'Albret, d'où il nuellement le régne de Jean II, l'oblieft paffé dans celle de Bourbon. Il fe gérent à confier fouvent une partie du maria en fecondes nôces à Jeanne Hen- gouvernement à la Reine, & à y introriquez fille de Frédéric, Amiral de Caf-duire fon fils Ferdinand auffi-tôt qu'il tille, & il eut de ce fecond mariage en fut capable; ce qui ne contribua Ferdinand le Catholique. Les Navar- pas peu à former ce Prince à la polirois & les Catalans qui s'êtoient révol- tique. tés, fe joignirent au Roy de Caftille, (32) C'eft de Sanche II Roy d'Araénemi de Jean, & vinrent inveftir lagon que parle Gracian. Ce Prince rem

rent plus glorieux que la chauffure précieuse des autres Princes : celle-ci s'eft réduite en poudre, & a ceffé d'être ; la mémoire des autres illuftre leur héros.

Jacques (33) d'Aragon, fameux conquérant, fut abandonné par fon pére même, le Roi Pierre. Il en fut haï avant que d'être né : son pére se repentoit de lui avoir donné l'être, & lui refufa ( ce qui eft le plus effentiel) l'éducation : mais dans ce qui fembloit ne pouvoir que lui être funefte, il trouva la caufe de fon bonheur. Le valeureux Comte Simon (34) de Montfort lui fervit de pére. L'on doit élever ses enfans, comme s'ils êtoient ceux d'un autre ; & ceux d'un autre, comme les fiens propres. On

lui

Mores, avec un fuccès toujours heureux ; ce qui lui fit donner le furnom de Conquérant, & de Batailleur. Il régna 63 ans, & la poftérité n'a pu lui re

porta plufieurs victoires fur les Mores, & après un régne de 37 ans, périt dans une bataille contre les Caftillans. Il eft furnommé Abarca du nom d'une chauffure que les Espagnols nomment Abar-procher que fon incontinence. Le Roy cas, & que ce Prince afectoit de porter. Ce font des fouliers comme en portent encore aujourd'hui les Payfans des montagnes, qui font de peau & de corde.Il y a une famille en Aragon qui ne peut entrer aux Etats qu'avec cette forte de fouliers; elle eft fort pauvre, & le bon mot que dit l'un d'eux aux derniers Etats qui fe tinrent fous Charles II, mérite d'être raporté. Raillé fur fon habillement & fur fa mifére, & interrogé comment il fifloit, lorfqu'il apelloit les bœufs, il fifla doucement; on lui dit de fifler plus fort, il répondit que c'étoit fort inutile, lorfque les bœufs êtoient fi près de lui. Le mot de bœuf a plus d'une fignification en Efpagnol; il est beaucoup plus injurieux qu'en François.

(33) Jacques Roy d'Aragon a êté regardé comme l'un des plus grands Capitaines de fon fiécle. Il donna pendant fa vie trente batailles contre les

fon Pére avoit eu le même défaut; il avoit aimé toutes les femmes, excepté la fienne, dont il n'eut un enfant que par la rufe qu'elle employa en fe fubftituant à une de fes maîtreffes. Jacques n'avoit encore que quatre ans, lorfque fon pére fut tué. Il demeura comme captif entre les mains du Comte Simon de Montfort, jufqu'à l'âge de fix ans, que ce Comte, à la follicitation du Pape, le rendit aux Aragonois: ainfi l'on ne doit chercher d'autre raifon de la valeur de ce Prince que fon inclination belliqueufe, qui lui fit prendre les armes avant l'âge de 12 ans, pour punir les factieux qui troubloient l'Etat, & pour faire rendre à fon autorité le refpect que l'ambition d'un Tuteur, & le peu d'âge de ce Roy enfant, avoient fait prefque oublier.

(34) Je n'ajoûterai rien à l'éloge que le P. Daniel fait de ce héros. Le fameux & le vaillant Simon Comte de

lui fit d'abord endoffer le harnois militaire, il ne connut point d'autre ornement que le cafque & la cuiraffe: Il pouvoit à peine remuer fes foibles mains, qu'elles avoient déja commencé à manier les armes.

C'est de cette forte qu'ont êté élevés les grands Monarques; c'est là l'éducation des héros.

Aléxandre fut élevé non au bruit des fêtes, mais au récit des actions du Roi fon pére; elles le rempliffoient de courage, elles piquoient fon émulation: il fut fils du plus grand Roi de la Gréce, éléve (35) du plus grand Philofo phe du monde, pour être le premier de tous les Monarques.

Ferdinand êtant encore jeune présida aux Etats d'Aragon à Saragoce. Il fupléa par la capacité d'un homme mûr à fon âge peu avancé. Le pére & le fils aprirent aux dépens du Prince Charles (36) de Viane, l'un d'avoir plus de confiance dans fon fecond fils, & l'autre de s'unir à fon pére & de le chérir davantage.

Les Empereurs Romains pour foutenir leur vieillesse faifoient ordinairement déclarer leurs fils Céfars: fi la nature leur avoit refufé des enfans, ils en cherchoient dans

Montfort fut le héros de fon fiécle, & un de ces hommes extraordinaires, auxquels très-peu peuvent être égalés, ou même comparés.

(35) L'éducation d'Aléxandre fut trop vaste: on lui fit tout connoître excepté le fils de Philippe. Son ambition alla enfuite auffi loin que fes connoiffances. Après avoir voulu tout fçavoir, il voulut tout conquérir.

(36) Charles Prince de Viane êtoit fils du Roy Jean & de fa premiére femme; en forte qu'il étoit du chef de fa mére héritier légitime du Royaume de 1

une

Navarre. Il voulut enlever par la voye des armes la Navarre que le Roy fon pére lui retenoit injustement; mais ce Prince toujours malheureux fut obligé de fe foumettre. Quelques Hiftoriens difent que Jean l'abandonna à la difcrétion de fa feconde femme, qui l'empoifonna pour faire régner fon fils. D'autres difent qu'il mourut des fatigues qu'il avoit effuyées dans les guerres & dans fes voyages. Les plus fages ne décident point, mais tous déteftent: l'injuftice du procédé de ce mauvais pére,

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