cipitation, & même avec avantage 1543 il eft sûr encore que François I. avoit rempli fon objet, puifqu'il avoit fait abandonner le fiége de Landreci, il eft sûr qu'il ne lui reftoit plus de motif bien raisonnable de livrer bataille, puifque la campagne finiffoit naturellement du côté des Pays-Bas par la levée de ce fiége; mais on ne s'attendoit point à voir François I. faire fa retraite de nuit devant ce rival qu'il paroiffoit chercher depuis longtemps avec tant d'ardeur & qu'il venoit de forcer lui-même à une . retraite infaillible, qui ne pouvoit tarder, & qui en effet ne tarda guères. Il femble qu'il ne falloit que l'attendre, l'observer, la troubler, & fuivre l'armée Impériale auffi loin que la sûreté de tout ce pays auroit paru l'exiger. Si le Roi eût pris ce parti, Cambrai n'eût vraisemblablement point été furpris par l'Empereur dans fa Belear. 1. 22. retraite. Cette place (1) avoit joui B. 39. (1) Cambray étoit une Ville libre Impériale, qui avoit feulement pour Seigneurs fes Evêques. 1543. en paix de fa liberté & de fes priviléges au milieu des querelles de ces deux rivaux, entre lefquels elle obfervoit une exacte neutralité mais fon Evêque avoit pour les intérêts de l'Empereur l'attachement héréditaire de la Maison de Crouy, dont il étoit. L'Empereur par le moyen de cet Evêque infpira aux habitans de Cambrai des foupçons contre François I. Le Roi, leur difoit-on, vouloit s'emparer de leur Ville, détruire leurs priviléges, anéantir leur liberté. Les habitans s'étoient laiffé perfuader de conftruire une citadelle pour leur Mém. de du défense contre ces projets ambi- Bellay, 1. 10. ⚫ tieux; comme ils devoient en avoir eux-mêmes la garde, ils ne prévoyoient point que cette précaution pût leur devenir funefte; cependant l'Empereur, dont ils ne fe défioient point, paffoit en for ces devant leur place, l'Evêque le fecondoit, & moitié perfuafion, moitié violence, la Citadelle reçut garnifon Impériale. Cette acquifition confola l'Empereur de l'affront 1543. qu'il avoit eu d'échouer avec les principales forces de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne, des PaysBas, & de l'Angleterre, devant une petite place telle que Landreci, dont les fortifications, faites à la hâte, n'étoient pas même encore achevées. Ce fut par cette expédition que la campagne finit cette année dans les Pays-Bas. L'avantage y avoit été à peu près égal entre les deux Princes; fi le Roi avoit pris quelques places dans le Haynault & dans le Luxembourg, l'Empereur avoit foumis le Duc de Cleves furpris Cambrai, & pouvoit fe vanter d'avoir vû fon ennemi fe retirex devant lui. CHAPITRE IV. Campagne d'Italie pendant la même année 1543. EN 1. 1543. Sleidan > Italie on vit cette année les premiers effets fenfibles & avoués de l'alliance des François avec les Turcs. On a vu comment les cris de l'Europe & les fcrupules du Roi avoient rendu cette alliance Mém. de du infructueuse dans la guerre de 1536. Bellay, 1. 10. La treve que François I. avoit faite Commentar. en 1537 avec les Impériaux, le 14. paffage de Charles - Quint par la France, l'Ambaffade commune envoyée par l'Empereur & par François I. à Venife & à Rome, l'éclat avec lequel les Impériaux avoient affecté de publier par tout la réconciliation prétendue de l'Empereur & de François I, tout avoit perfuadé aux Turcs qu'ils ne pouvoient plus compter fur l'alliance des François ; c'étoit pour les dé 1543. tromper auffi bien que les Véni tiens fur cette fauffe réconciliation des deux Princes que Rincon avoit été envoyé à Conftantinople & Fregofe à Venife, lorfque le Marquis du Guaft pour empêcher ou retar◄ der du moins cette explication Mém. de du les avoit fait affaffiner; le Roi ne Bellay, 1.9. fçachant plus fur qui faire tomber Belcar, 1. 23. le dangereux honneur d'une com & 10. 3. 22. miffion qui expofoit à de tels attentats, s'étoit adreffé à Langei, qui vivoit encore alors & qui étoit Gouverneur du Piémont, il l'avoit chargé de choisir un homme égalemerit habile & intrépide pour remplacer Rincon dans l'Ambaffade de Conftantinople, & d'affurer fa marche jufqu'à Venife. Langei fit honorer de ce choix le Capitaine Paulin, connu depuis fous le nom du Baron de la Garde, avanturier illuftre, propre à la guerre, propre aux affaires, & auquel il n'a manqué que quelques conjonctures pour égaler la gloire du premier des Sforces, à la carriére duquel la fienne reffemble à beaucoup d'é |