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l'égard des autres Nations en faveur def quelles il a écrit, ou travaillé à de nouveaux plans, ou à de nouveaux établisse

mens.

Son Code Brandebourgeois par exemple,eft un Ouvrage plein de grandes recherches; il le fit par ordre du feu Roi de Pruffe,& l'on y trouve l'ancien droit du Brandebourg parfaitement bien developpé. Ce Prince, qui connoiffoit toute la capacité & toute l'étendue du génie de M.deLeibnitz,le choifit avec une diftinction particuliere pour Directeur de la nouvelle Académic Royale des Sciences qu'il établit à Berlin quelques années avant fa mort. On fçait quels progrez cette Compagnie avoit déja faits fous la conduite de cet habile Directeur; & l'on peut dire que la mort trop prématurée du Prince qui l'a établie, fuivie de près de celle de fon illuftre chef, a porté un terrible coup à તે un établissemeent qui faifoit déja tant d'honneur à tout le Brandebourg.

M. de Leibnitz penfoit encore fur la fin de fa vie à l'établissement d'une nouvelle Académie à Berlin, fur le modele. de celle de Paris, qui a pour qui a pour objet les Médailles & les belles Lettres. Il a même laiffé beaucoup de Memoires fur la maniere d'executer ce plan, mais il y

a tout à craindre que la mort imprévûë dont il a été frappé, ne fasse échouer un fi utile projet.

Le Czar, qui a donné pendant le féjour qu'il a fait en cette Ville, des preuves de fon bon goût pour les Arts & les Sciences, avoit deffein d'executer le plan formé en 1647. par ordre de Michel Fœderowits, un de fes Prédeceffeurs, pour introduire dans fes Etats de nouvelles Loix, qui ferviffent de regle & de modele aux Boyars, & qui tinffent lieu du Droit univerfel, & il vouloit faire rediger en un vol.infolio ce nouveau Code Mofcovite. Il avoit jetté les yeux fur M. de Leibnitz pour en faire le Legiflateur de fon vafte Empire, & pour remplir toutes fes vûës fur la Jurifprudence qu'il y vouloit établir. Cet habile homme travailloit, lorfque la mort l'a furpris, à executer ce projet, & l'on a même trouvé parmi fes papiers un Difcour adreffé au Czar, où il propofoit un autre projet, de faire fleurir en Moscovie les Arts & les Sciences.

Un de fes derniers Ouvrages, c'eft fon Traité de l'Origine du Bien, Livre excellent dans fon genre, mais fort abftrait. Il parut pour la premiere fois à Roterdam en 1712, fous ce titre Effais da

Theodicée fur la Bonté de Dieu, fur la Li berté de l'homme & fur l'Origine du bien, in 8. On en donna une feconde édition en 1714. à Amfterdam ( ou plutôt à Rouen ) en 2. vol. in 12 ; ( a ) & l'on a trouvé parmi ses papiers un Dialogue pour éclaircir certains endroits difficiles de ces Effais de la Theodicée, qui certai-nement avoient befoin de l'être.

On fçait que parmi les Lutheriens il y a fix fyftêmes differens fur la présence réelle dans-l'Euchariftie, ou fur ce qu'ils appellent l'Impanation. M. de Leibnitz étoit l'inventeur, ou du moins un grand partifan de celui qu'on nomme parmi les Confeffioniftes (b) la concomitance. Ce fentiment particulier de quelques Lutheriens, confifte à dire que les élemens vifibles ne font point unis au Corps & an Sang de F. C. que feulement par la force & en vertu de la confecration

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ils les accompagnent dans lufage. Si M. de Leibnitź n'eft pas tout-à-fait l'inventeur de cette opinion, ill'a du moins mife dans une grande vogue, & l'a fort accreditée parmi les Confeffioniftes. Et dans les

(a) On peur voir ce qui en eft dit dans le premier vold duTraité De termino vita, d'un Médecin Anglois (b) Lutheriens alnfi appellez, de ce qu'ils prefenterent feur Confeflion de foi à Charles-Quint

Ausbourg

endroits de fes Ouvrages où il a voulu l'établir, il s'éleve avec force contre ceux qui n'admettent qu'une fimple reprefen-tation de figure.

Il avoit un fentiment fingulier fur la lumiere du Mercure lumineux, ou Phofphore mercuriel; il la croyoit permanente, ou du moins il le foupçonnoit ainfi.

On a trouvé dans fes papiers quantité de Memoires, &.de Differtations,qui décelent en lui un goût, & des opi-nions un peu extraordinaires, fur tout à l'égard de l'origine des Peuples, où l'on prétend qu'il a démêlé des chofes qui étoient fort obfcures. Il a voulu prouverdans un Memoire particulier qu'Attila a été un grand Roi, un Prince tresfçavant, & d'un génie fort élevé; dans un autre, que le dixiéme fiecle n'a pas été un tems d'ignorance, comme on l'a: toujours crû jufqu'ici, mais un fiecle tres-éclairé, du moins en Allemagne. Je ne fçai fi ces paradoxes s'accrediteront fonts.

Il a laiffé un petit Manufcrit de la Méthode par M. Defcartes, qui n'a jamais été imprimé, & qui en contient une bien différente de celle que M. Descartes a fuivie dans fa Philofophie. Ce grand Philofophe avoit trop donné aux idées & trop peu à l'experience.. On fuit à pres

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on

fent une méthode toute contraire donne tout à l'expérience, & fort peu aux idées, & l'on a raifon, car par cette voye l'on a fort avancé la Philofophie.

M. de Leibnitz a auffi laiffé un Difcours, adreffé au Prince Eugene fur les exercices militaires, & un Manufcrit affez ample qui contient des Annales de l'Empire fous Charlemagne.

Enfin il travailloit,quand il eft mort, à une Langue univerfelle, à une Langue, dis-je, fi generalement universelle qu'elle pût fervir pour toutes les Nations, mais il a fini fa vie fans l'avoir - trouvée. Il ne faut donc pas s'étonner fi dans ces derniers tems il étoit tout occupé d'étimologies & de noms.

M. de Leibnitz étoit fort officieux, & il fe faifoit un plaifir d'obliger tous les Sçavans, & il y en a beaucoup dans cette Ville qui ont reçu mille bons offices de lui. Il avoit un commerce reglé de Lettres avec le Pere le Long, Bibliothecaire des Peres de l'Oratoire de la rue S. Honoré, & il lui a fourni quantité de Me moires pour fa Bibliotheque facrée.

Il y après de 20. ans que dans la Dif pute Litteraire,qui s'éleva entre les deux freres Bernoulli, fur la folution d'un problême de Géometrie,,le Profeffeur de,

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