naiffance & de fa dignité, & il portoit trop loin cette diftinction dans une République où tous les citoyens fe prétendoient égaux. Ce General fit le Siege de Voles, ou pour mieux dire, il tenta de l'emporter d'emblée. Les Romains en ces tems-là ne formoient gueres de Sieges réguliers: le plus fouvent ils inveftiffoient une place de tous côtez, ils conduifoient enfuite leurs troupes jufqu'au pied des murailles, & à la faveur d'une attaque generale qui partageoit l'attention & les forces des affiegez, ils tentoient de fe rendre maître de la pla ce. Pofthumius avant que de faire marcher fes troupes à cette forme d'affaut qu'on appelloit Corone, parce que la place étoit entourée de tous côtez, leur promit pour les encourager, de leur en abandonner le pillage s'ils s'en rendoient maîAnde Ro- tres: la ville fut prife, mais Pofthumius qui naturellement haïffoit les Tit. Liv. Plebeiens qui compofoient la plus Zonar. grande partie de fon armée, leur manqua de parole, & fit tout ven me 339. 1. 4. C. 49. ann. 2. Flor. 1. 1. dre au profit du Trefor public. pofa quelque tems après en pleine affemblée que pour que pour dédommager le peuple du manque de parole du Tribun militaire, du moins on établit une Colonie dans cette place, de ceux même qui par leur valeur avoient contribué à la reprendre: il vouloit que par le Plebifcite qui en feroit dreffé, on abandonnât à fes foldats tout le territoire de Voles. Pour faire paffer plus facilement cette propofition, & intimider le Senat, il renouvella en même-tems l'ancienne prétention du partage des terres que les Tribuns ne manquoient jamais de faire revivre quand ils vouloient inquieter le Senat & en arracher quelque nouveau privilege. Tout le peuple applaudit à cette propofition. Pofthumius que fes Collegues avoient mandé pour s'oppofer conjointement aux entreprises des Tribuns du peuple s'étant trouvé comme les autres Senateurs dans cette affemblée où il y avoit quelques-uns de fes foldats mêlez dans la foule, & qui demandoient ce partage avec de grands cris: Il en arrivera mal à mes gens, dit כג Pofthumius tout haut, s'ils ne demeurent en repos. Une parole fi fuperbe quoique dans la bouche d'un General, n'offenfa pas moins le Senat que la multitude: Sextius, vif & éloquent fe prévalut du mécontentement public, & adreffant la parole au peuple: N'avez-vous ,, pas entendu, dit-il, les menaces que Pofthumius fait à nos foldats com» me s'ils étoient fes efclaves ? Pouas vez-vous encore ignorer après cela la haine & le mépris que les Patri»ciens ont pour vous ? Cependant » ce font ces mêmes Patriciens fi cruels & fi fuperbes que vous préferez dans la diftribution des Digni» tez, à ceux même qui tous les jours » foutiennent vos interêts. Ne vous », étonnez plus fi après une fi injufte préference, perfonne ne veut plus s'en charger. Que peut-on efperer » d'une multitude foible & inconftan»te, qui ne fçait récompenfer que » ceux qui l'outragent le plus cruel כג >>lement ? Ce difcours augmenta l'animofité publique, qui paffa avec les menaces de Pofthumius jufques dans fon armée. Les foldats n'étoient déja que trop irritez de ce qu'au préjudice de fa parole, il les avoit privez du pillage de Voles. Ils n'eurent pas plutôt appris ce qui s'étoit paffé dans la place de Rome, qu'ils s'écrierent que la République nourriffoit un tyran dans fon fein, & l'armée entiere étoit dans une agitation peu éloignée d'une fédition déclarée. les P. Sextius Questeur ayant voulu en l'absence de fon General faire arrêter un foldat plus mutin que autres, en reçut un coup de pierre, & fes compagnons arracherent ce foldat des mains de ceux qui le vouloient mettre aux arrêts. Pofthumius averti de cette émente accourut au camp; mais il aigrit encore les efprits par la rigueur de fes recherches & par la cruauté des fupplices. Après des informations rigoureuses, il commanda qu'on noyât fous la Claye les foldats qui fe trouverent les plus coupables. Leurs compagnons furieux les arrachent à ceux qui les avoient arrêtez, & les mettent en liberté : ce font de nouveaux chefs pour la fédition, tout le camp fe fouleva. Pofthumius tranfporté de colere defcend de fon Tribunal: précedé de fes Licteurs, il fend la foule & veut fe faifir des Tit. Liv.l.4 criminels; mais il ne trouve plus ni c. 50. respect pour fa perfonne, ni obéïfFlorusl.1.fance à fes ordres.. On oppose la An de Ro- violence à la force, on fe frappe de part & d'autre, & dans ce défordre, le General est tué par fes propres foldats. C. 22. me 339: me 340. Quelque odieux que fût Pofthumius, le peuple comme le Senat détefta une action fi horrible, & le An. deRo- Confulat étant tombé à Cornelius & à L. Furius Medullinus, on chargea ces Magistrats d'informer contre les criminels, & d'en faire une punition exemplaire. Cependant les Confuls uferent d'une grande moderation : & pour ne point aigrir les efprits, ils ne firent tomber le châ 4. C. SI. Tit. Liv. I. timent que fur un petit nombre des foldats les plus mutins, & qui fe tuerent eux-mêmes. Ces fages Magiftrats aimerent mieux fuppofer que toute l'armée étoit innocente, que de la jetter dans une révolte déclarée, par une recherche trop rigoureufe. Il eût été à fouhaiter que le Senat |