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pereur (1) devant Landreci, il courut fe rendre à l'armée royale pour avoir part à cette affaire, qui comme on l'a dit, n'eut point lieu.

Mém. de du Bellay, 1. 9.

1543.

Le Duc de Savoie triompha de la retraite de Barberouffe & du Comte d'Anguien ; il fit battre des monnoies d'argent, où d'un côté on voyoit la croix de Savoie entourée des attributs de la victoire, de l'autre on lifoit cette infcription: Nicæa à Turcis & Gallis obfeffa. Nice affiégée par les Turcs & les François. Il ne doutoit pas que ce feul mot ne fuffit pour rendre les François odieux à la poftérité, tant cette union paroiffoit alors criminelle ! Nous voyons que Belleforêt, qui Annales de écrivoit dans ce même fiécle, n'en parle qu'avec horreur.

Barberouffe à fon retour, n'ayant plus avec lui les François pour le contenir, fignala fa courfe par fes ravages ordinaires, il faccagea, brûla plufieurs Villes en Toscane, où Vi

(1) Voir le Chapitre précédent.

Belleforêt, 1. 6. C. 59.

telli lui fit lever le fiége d'Orbitello, 1543. & dans le Royaume de Naples, où le Duc d'Albe lui fit lever le fiége de Pouzzols; Barberouffe s'en vengea fur l'Ifle de Lipari qu'il défola & dépeupla, il en enleva plus de fept mille malheureux qui furent réduits en captivité.

Dans l'intérieur du Piémont c'étoit toujours Boutieres qui commandoit en qualité de Gouverneur, & il avoit toujours en tête le Marquis du Guaft. Celui-ci s'étant avancé jufqu'au Col de Tende, où il apprit la délivrance du Château de Nice qu'il alloit fecourir, fit, en revenant, le fiége de Montdovi, Belcar. 1. 23. où commandoit le Capitaine Dros Piémontois, dont on peut vanter la valeur dans la défenfe de cette place, mais dont il faut blâmer l'infidélité envers fon Souverain puifqu'il étoit fujet du Duc de Savoie. Boutieres n'ayant prefque point d'infanterie, imagina de confier la garde de Montdovi aux Suiffes, qui jufqu'alors n'avoient paru propres qu'à la guerre de plaine

n. 44.

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1543.

& non à la défense des places. Leur
bonne conduite détruifit cette idée,
ils firent très-bien leur devoir, fou-
tinrent plufieurs affauts avec conf-
tance & ne fuccomberent qu'à la
faim & à la certitude qu'ils cru-
rent avoir de n'être point fecourus,
Le Marquis du Guaft ayant inter-
cepté des lettres que Boutieres écri-
voit au Gouverneur de Mondovi
en avoit envoyé de fauffes par lef-
quelles Boutieres mandoit à ce Gou-
verneur de faire la meilleure capi-
tulation qu'il pourroit, parce qu'il
étoit impoffible de le fecourir. Ce
fut ce qui détermina les affiégés à
capituler, ils obtinrent de fortir avec
armes & bagages, mais cette ca-
pitulation fut indignement violée
par les Impériaux, qui dépouillerent
les Suiffes & en maffacrerent plu-
fieurs; ce qui irrita tellement la
fureur des Suiffes, qu'elle ne put Mém. de dr
être éteinte par la fuite que dans Bellay, 1. 10.
les flots du fang. Efpagnol, car à
la différence du bienfait, l'injuftice
& la violence se rendent avec ufure;
c'eft à quoi ne font pas affez d'atten

1543.

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tion ceux qui fe portent fi facilement à des actions violentes & injuftes. Quelque mal qu'on faffe en ne fortant point des bornes d'une défenfe légitime, ou d'une attaque autorifée, on n'excite aucun reffentiment; franchit-on ces bornes? on allume des haines éternelles. Nous verrons dans la fuite la vengeance que les Suiffes tirerent de l'infidélité qu'ils avoient effuyée à la fortie de Montdovi. Paul Jove affure que le Marquis du Guaft marPaul Jov, qua beaucoup de mécontentement hifter. fu des atteintes portées à la capitulation de cette place, & qu'il les répara autant qu'il put, en comblant de préfens & de bienfaits les parens de ceux qui avoient été maltraités; mais il n'a pas perfuadé les hiftoriens François, qui tous attribuent ce nouveau crime à l'affaffin des Ambaffadeurs Rincon & Fregofe. Si du Guaft n'eut point de tort dans l'affaire de Montdovi, il avoit mérité par fa conduite précédente qu'on lui imputât les torts même qu'il n'avoit pas. Le Capi

temporis,

lib. 44.

taine Dros comprit à quels dangers 1543. l'expofoit fa qualité de Piémontois, s'il tomboit entre les mains de du Guaft; il n'ofa pas s'en fier à une capitulation, il fembla prévoir qu'elle feroit peu refpectée; pendant qu'on en régloit les articles, il monta fur un cheval Turc fe fauva par une fauffe porte, & fe retira à Roque de Bau, petite place fituée à quatre milles de Montdovi; il la mit en fi bon état de défense que du Guaft n'ofa entreprendre de l'y forcer.

,

Du Guaft ne s'amufa pas à une multitude de petits fiéges qu'il eût pû faire dans ce canton-là, il marcha droit à Carignan, l'une des premieres clefs du Pô : du fort de cette place importante dépendoit celui de toutes ces petites places qu'il laiffoit au Midi entre Montdovi & Carignan, de plus elle domine au Nord toute la plaine entre Turin & Pignerol, au Levant tout ce qui eft entre le Pô & le Tanaro, au Belcar. 1. 23. couchant, la meilleure partie du n. 45. Marquifat de Saluces. On pouvoit

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