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CHAP. VI. Les freres : vade ad fratres meos : terme dont il ne s'étoit point fervi pendant. fa vie mortelle, & qu'il fe hâte de leur donner avant le renouvellement de leur foi, avant leur pénitence, avant qu'ils l'aient mérité par leur humilité & par leur amour.

3. Il fe montre à Pierre le jour même qu'il eft reffufcité, & avant que de fe manifefter aux autres Apôtres : comme s'il étoit preffé d'effuier fes larmes, & comme s'il avoit de l'impatience de l'affurer qu'elles avoient effacé fon peché. Il n'y a rien de plus admirable que la maniere, dont il le lui fit réparer après la pêche miraculeufe arrivée en Galilée. Car au lieu de lui remettre devant les yeux fes trois renoncerens, & d'en exiger une humiliante confeffion, il fe contenta de lui demander trois fois s'il l'aimoit, & de couvrir fa faute, dont la crainte avoit été la caufe, par une charité dont l'efprit de grace & de liberté étoit le principe. Il en ufa de même pour le guérir de fa préfomption, & pour la lui faire expier. il fe contenta de la lui marquer directement, en lui demandant s'il

Car

in

:

l'aimoit plus que fes autres difciples CHAP. VI. ne l'aimoient diligis me plus his? le faifant fouvenir avec une bonté pleine d'attention à le ménager, qu'il s'étoit préféré à eux en l'affurant que quand tous les autres l'abandonneroient, il lui demeureroit fidéle. Et ce qui met le comble à l'indulgence & à la douceur de JESUS CHRIST, c'eft qu'il ne paroît vouloir s'affurer de l'amour & de l'humilité de faint Pierre, que pour lui confier fes agneaux, les lui recommandant à chaque nouvelle proteftation: amas me? pafce agnos meos: & ne lui difant jamais, que c'eft pour réparer les trois renoncemens qu'il exige de lui trois proteftations de fon amour. 4. Quiconque a lu avec attention. toutes les circonftances de l'entretien de JESUS-CHRIST avec les deux difciples qui alloient à Emmaüs, doit

avouer

qu'il n'y a rien dans toute la vie de JESUS-CHRIST qui foit fi touchant, ni fi capable de perfuader & de faire fentir combien l'amour de JESUS-CHRIST ́est tendre, ou¬ vert, fincere, familier même, & combien il prend plaifir à exciter &

CHAP. VI. à raffurer le nôtre. Qu'on examine comment il fe met du voiage: comment il entre dans la converfation, après être entré dans les difpofitions de ceux qu'il vouloit inftruire: comment il ajoute des reproches de lenteur & d'incrédulité à fes difcours perfuafifs, rien n'étant plus capable de confoler des perfonnes foibles & découragées, que de leur dire que leur bonheur eft fi réel, qu'il y a une efpece de folie à le regarder comme douteux comment il entre fecrettement dans leur cœur, en même-tems qu'il leur explique les Prophétes: comment il fe fait prier pour demeurer avec eux, afin de rendre fa préfence plus aimable par la crainte d'en être privés: comment il met un voile fur leurs yeux auffi long-tems qu'il eft néceffaire qu'il paroiffe leur égal, & que l'entretien foit femblable à ceux des amis: & comment enfinil difparoit après avoir diffipé ce voile qui avoit caché fa dignité pendant qu'il étoit appliqué à témoigner fon amour. Qu'on examine tout cela, comme de fi grandes chofes doivent être examinées, & l'on conviendra

que JESUS-CHRIST ne pouvoit rien CHAP. VI. faire après fa réfurrection qui fût plus capable d'établir notre confiance en lui, & de nous rendre certains de fon

amour.

5. Pourquoi demande-t-il à MarieMagdeleine quel eft le fujet de fes larmes & pourquoi les rend-il plus abondantes par cette question, finon parce qu'elles font un témoignage de l'amour de Magdeleine, auquel il prend plaifir, & parce qu'il aime luimême, puifqu'il defire d'être aimé ? Pourquoi fe cache-t-il à elle dans le tems même qu'il fe montre, finon pour augmenter fon defir, pour fe faire chercher avec plus d'ardeur, & pour la confoler d'une maniere plus fenfible, en ajoutant la surprise à sa manifeftation? Qui peut exprimer ce que produifit dans le cœur de Magdeleine le ton de voix auquel elle reconnut fon maître, & fon ancienne bonté ? Douta-t-elle un moment qu'il n'eût confépour elle, & par quent pour les autres difciples, les mêmes fentimens qu'elle lui avoit connus avant fa mort & lorfqu'elle voulut fe jetter à fes pieds dans la

CHAP. VI. penfée qu'il alloit lui être enlevé,

fens litteral

de ces paro

& qu'elle ne pourroit plus ni le voir,

ni l'entendre, combien fut-elle con* C'eft le folée en * apprenant de lui-même que fon retour vers fon Pere étoit difféles, nondum ré, & qu'elle auroit long-tems le afcendi, &c. bonheur de le voir dans la Galilée, langage hé- où il l'avoit délivrée de la poffeffion breu pour de fept demons, & où il la chargeoit de dire à fes Apôtres de s'affembler.

mifes felon le

nondum afcen

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6. L'histoire de la pêche miraculeufe arrivée dans ce pais, eft encore pleine de circonftances pareilles. JESUS-CHRIST paroit le matin fur le rivage de la mer, après le travail inutile de fes Apôtres durant la nuit. Et pour être plus en état de fe familiarifer avec eux, & d'être pris par eux pour leur égal, non-feulement il fe cache par un miracle paffager qui empêche qu'il ne foit connu, mais il ajoute à ce voile extérieut celui d'un langage familier & popu laire. » Enfans, leur dit-il, n'avez• vous rien à manger? Pueri, numquid pulmentarium habetis? Qui fe feroit attendu, dans une telle gloire & dans un état fi élevé au-deffus de nous, que JESUS CHRIST feroit capable

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