conduit de lui & du peuple Romain pour un AN. 1403. certain terme; que ce terme n'étoit pas encore expiré, & qu'ils prétendoient en jouir. X X V.. Comme cette audience fe paffa avec beau→ Mort du coup de chaleur & de vivacité de la part de pape Boni- Boniface; le pontife s'échauffa fi fort, qu'il en face V. tomba malade, & une groffe fievre qui furMoine de S' vint, jointe aux douleurs de la pierre dont il Denys, 24 étoit tourmenté, l'enleva du monde trois jours C. 12. 6. 24. après, en la foixante & cinquième année de fon âge, & la quinziéme de fon pontificat, le mercredi premier jour d'Octobre. Il ne fut pas plûtôt expiré, que le gouverneur du château faint Ange, qui étoit fon parent, arrêta les ambaffadeurs de Benoît, & les fit prifonniers y malgré leur fauf-conduit, fous prétexte qu'ils étoient caufe de la mort de Boniface. Ils furent délivrez peu de temps après, à la priere des cardinaux : le bruit courut que le gouverneur avoit extorqué d'eux cinq mille florins d'or. Niem. 1. 1. Après avoir obtenu leur liberté, ils prierent les cardinaux de differer l'élection, jufqu'à ce qu'on eût reçû des nouvelles de Benoît, les affurant que s'ils le faifoient, ce feroit un moïen sûr de procurer la paix de l'églife. Mais comme ces députez n'avoient point de procuration d'abdiquer de fa part, on n'y eut aucun égard, & d'ailleurs on doutoit de leur bonne foi. C'eft pourquoi les cardinaux ; fans avoir égard à cette demande, entrerent dans le conclave au nombre de neuf, y en ayant deux absens, Balthafar Coffa,occupé en fa légation de Boulogne,& Valentin, cardinal de Cinq-églises en Hongrie. XX VI: Les neuf cardinaux presens pour l'élection, Les catdi- étoient Ange Acciaioli évêque de Florence, puis d'Oftie, doyen des cardinaux, & prêtre du titre de faint Laurent in Damafo; François naux entrent au conclave pour élire Carbone Napolitain, évêque de Monopoli au cardinaux Spicil tom VI. p. 169. Ces cardinaux étant entrez dans le concla- XXVII. ve, firent ferment avant que de proceder à Sermentdes l'élection, en prefence de notaires & de té- avant que moins, que celui d'entre eux qui feroit élú de proceder pape, cederoit le pontificat pour parvenir à àl'élection. l'union, en cas que Benoît renonçât auffi à fon droit; & qu'aucun ne demanderoit d'étre difpenfé de ce ferment, ni n'en accepteroit la difpenfe, & que celui qui feroit élû n'en dégageroit perfonne, qu'enfin l'on obligeroit les cardinaux abfens, & ceux que le pape futur pourroit créer, à faire le même ferment. Cette XXVIII, précaution prife, ils élûrent le dix-feptième Election dụ d'octobre tour d'une voix, Cofmat de Melio- Pape Innorati, archevêque de Ravenne, qu'on appelloit le cardinal de Boulogne, parce qu'ayant été pourvû de l'évêché de Boulogne, fans toute cent Vil, Niem. de 4. 39. fois l'avoir poffedé, il s'étoit toûjours réservé AN 1404. fes prétentions fur cet évêché. Il prit le nom d'Innocent VII. Sur l'avis de la mort de fon prédeceffeur, Benoît & Charles VI. roi de France, avoient écrit aux cardinaux de Rofchifm. 1 2. me, pour les prier d'attendre leurs ambassadeurs avant que de faire l'élection : mais le nouveau pape Gob Perf. étoit déja élû quand les lettres Cofmed. 6, arriverent. Les hiftoriens l'ont fort loüé pour fa fcience & pour les mœurs reglées. Il étoit favant dans le droit, & fort verfé dans les affaires. Il étoit doux, dit Thierry de Niem, plein de bonté, compatiffant, fans orgueil & fans partialité, fans avarice, & grand ennemi de la fimonie. On lui a reproché feulement un peu trop d'affection pour fes parens ; & le même auteur que je viens de citer, remarque que quand il fut pape, il n'eut plus d'envie d'embraffer la voye de ceffion, comme il l'avoir promis dans le conclave. Il fe fit couronner folemnellement le dimanche deuxième jour de Novembre, XXIX. entre les Le commencement de fon pontificat fut fort Divifion traversé par la faction des Gibelins, foutenus Gibelins & par Jean & Nicolas Colonne, qui s'interesGuel- foient fort pour faire rendre aux Bannerets, les phes. ôté pour ou chefs des douze quartiers de Rome, parce que chaque chef avoit fa banniere, le gouvernement de la ville, que lesRomains leur avoient le donner à Boniface IX. qui fans cela ne pouvoit pas revenir à Rome. Les Gibelins voulurent donc rétablir la liberté de leur ville, & en rendre le gouvernement aux magiftrats que le peuple nommeroit, ainfi qu'il s'étoit pratiqué avant qu'on l'eût cedé à Boniface. Les Guelphes au contraire foutenoient qu'il étoit plus avantageux pour le peuple d'être gouverné par l'églife que par des citojens; & fe trouvant appuyez par les Urfins, ils s'efforçoient de conferver ce gouvernement au AN. 1404pape & à l'églife. Ces divifions cauferent une guerre inteftine, qui fut appaisée par l'entre XXX. tre le pape & le peu Anton. tit. mife de Ladiflas roi de Naples, que les Gibe- Accommolins avoient appellé à leur fecours. Innocent dement endix jours après fon élection, fit un traité avec les Romains, par lequel il fut reglé qu'il y au- ple. roir un fenateur élû par le pape qui auroit toute jurifdiction, excepté les affaires d'état & les crimes de leze-majefté: qu'on éliroit 22. c. 4. fept officiers gouverneurs de la chambre de Niem. cap. Rome en presence du pape, à qui ils prête- 43. n. 334 roient ferment, & dans la fuite en prefence du fenateur: que leur charge ne dureroit que deux mois, qu'ils ne feroient que recevoir & employer les revenus de la ville, fans aucune jufifdiction; qu'enfin, le peuple ni fes officiers ne pourroient faire entrer dans Rome aucune troupe de gens armez, ni aucuns envoyez ou adherans de l'antipape. La paix fe fit à ces conditions, mais elle ne dura pas long-temps; & Ladiflas, dans le deffein de fe rendre maître de Rome, ne penfoit qu'à fouffler le feu de la divifion, qu'il avoit feint d'éteindre. XXXI. confirme Le nouveau pape, qui craigniot ce prince, & qui avoit interêt de le menager, fit en fa Innocent faveur un acte autentique qui rendoit la paix Ladiflas roi de l'église impoffible. Car pour raffurer Ladif- de Naples, las, qui prenoit ombrage d'Innocent, & qui Decret. Incraignoit qu'il ne fût favorable à Louis d'An- no-pro Lajou, il rendit le onzième de Novembre un dif pisd. decret ou une bulle qui portoit, que ni lui Raynald ni fes cardinaux ne concluroient rien pour P'union de l'églife, que les deux partis ne conyinffent que ce prince demeureroit en pleine & paifible poffeffion du royaume de Naples, fans qu'on pût rien attenter au contraire.Cet te précaution étoit néceffaire pour Ladiflas AN.1404. dans la crainte que fi la réunion de l'église fe faifoit, les François ne revinffent en Italie pour rétablir à Naples Louis d'Anjou. Mais le pape par fon decret aboliffoit manifeftement les droits de ce dernier, à quoi l'on conjecturoit aifément que ni la France ni les cardinaux François ne confentiroient jamais. Ainfi l'on peut dire fans fcrupule qu'Innocent pape crut pouvoir difpenfer le cardinal de Boulogne de l'obligation de garder le ferment qu'il avoit fait dans le conclave, pourvû que cela fe fit fans fcandale. XXXII. Il écrit aux dience. tion Cependant Innocent avoit notifié fon élecprinces & par toute l'Europe. Il avoit écrit une aux prélats lettre circulaire à tous les archevêques & évêde fon obé ques de fon obedience auffi-bien qu'au clergé de leurs provinces, pour les exhorter à fe Raynald rendre à Rome, ou y envoyer des perfonnes ad hunc an. capables pour le concile general qu'il vouloit . 22. Go- tenir le premier Novembre de l'année fuibel. c. 28. vante, & travailler efficacement à l'extinction du fchifme. Sa lettre eft du vingt-feptiéme Decembre de cette année 1404. Il manda la même chofe aux rois & aux princes de fon obedience, & il n'oublia pas le pape Benoît, qui il écrivit une lettre où il fit paroître un ardent défir pour la paix. XXXIII: duc de Bourgo ne. Le duc de Bourgogne qui n'étoit pas favoMort du rable à Benoît, mourut cette année le vingtfeptiéme d'Avril à Nôtre-Dame de Halle dans le Brabant. Son cœur fut apporté à faint Denis, & fon corps à la Chartreufe de Dijon qu'il avoit fuperbement fait bâtir. Quoique ce prince fut extrêmement riche en fonds de terres, & très-puiffant, fa magnificence & les dépenfes exceffives qu'il faifoit en toutes occafions, l'avoient tellement rendue pauvre, que fon |