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Dans l'appartement du roi les Marfy travaillèrent aux ouvrages de ftuc qui ornent les plafonds & les deffus de portes des falles d'Apollon, de Mars & de Vénus. A la face du château qui regarde le canal, ils firent quelques mafques, & huit figures en pierre.

Leur dernier ouvrage fe voit à Saint-Germaindes-Prés c'est le tombeau de Jean Cafimir roi de Pologne, offrant à Dieu fa couronne & fon fceptre. Ils ne fe féparèrent qu'après y avoir mis la dernière main. Marfy le cadet abandonna la Sculpture, on en ignore le motif, on préfume qu'il lui préféra fon repos, & le plaifir de jouir de la fortune. Voici les ouvrages auxquels l'aîné travailla tout feul.

Le Midi figuré par Vénus, accompagnée de l'Amour qui s'élève fur le bout de fes pieds pour arracher à fa mère ce qu'elle femble lui refufer.

Le Point du jour ayant pour fymbole une étoile fur la tête & un coq à fes pieds.

L'Afrique, figure de fept pieds. Toutes les trois font en marbre, placées dans les jardins de Versailles, & le Brun en a donné le deffin.

Mars en pierre au cadran du château, & deux autres figures au-deffus de l'entablement.

A la grille de l'avant-cour, la Victoire avec un aigle à fes pieds, pour repréfenter les progrès des armes du roi en Allemagne.

Encelade accablé fous des rochers, & pouf fant en l'air un gros jet d'eau; figure de bronze qu'on voit dans le bofquet de ce nom.

Dans l'appartement de Sceaux, au rez-dechauffée, la Vigilance en marbre.

A Saint-Denis, les figures de la Valeur & de la Libéralité au tombeau de Turenne; celle-ci, plongée dans la douleur, a divers fymboles; un autel, des livres, & un vafe d'où fortent quantité de pièces d'argent monnoyé. La première eft étonnée de la mort imprévue de ce héros.

Gafpard a auffi exécuté à la porte Saint-Martin un bas-relief du côté du fauxbourg, c'est celui où Mars eft représenté portant l'écu de France, & poursuivant un aigle.

On peut regarder, comme fa dernière entre prise, le grouppe de l'enlèvement de la nymphe Orythie par le vent Borée, qu'on voit aux Tuileries. La mort accoutumée à interrompre les travaux des hommes, empêcha la perfection de cet ouvrage.

Les connoiffeurs qui admirent les productions de ces deux célèbres Sculpteurs, pensent que

celles de Gafpard feul font d'une plus petite manière, & beaucoup moins terminées que les ouvrages auxquels ils ont travaillé en commun.

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Gafpard fut reçu à l'Académie en 1657, & nommé profeffeur en 1659. Il donna pour fa réception un ecce homo dans un médaillon de marbre. Son peu d'affiduité lui attira une citaAoût 1659. tion de la part de l'Académie, le Il quitta la place de professeur fur la mutation & au gré du corps en 1660. Une nouvelle élection le rétablit en 1669, & il fut adjoint à recteur en 1675. Devenu très-aflidu aux fonctions de l'Académie, il y fit lecture de deux conférences, l'une fur l'examen du torfe, & l'autre fur la théorie de la peinture & de la Sculpture. Sa mort arriva à l'âge de cinquante-fix ans, en

1681.

Balthafar avoit été admis à l'Académie en 1673, & élu adjoint à professeur en la même féance. Il mourut l'année fuivante âgé de quarante-fix ans.

On voit de lui, dans les falles de l'Académie, un buste de marbre qui exprime une belle femme plongée dans la douleur. On ne dit point qu'il ait fait d'élèves. Son frère en a formé plu fieurs qui ont eu quelque nom, entre autres : ANSELME

ANSELME FLAMEN, né à Saint-Omer en 1647, & mort en 1717. Il ofa porter la main fur le dernier ouvrage de fon maître, & exerçer à fon égard ce que les romains appeloient cenforia virgula. Reçu à l'Académie en 1681, il lui donna un médaillon repréfentant S. Jérôme affoibli par les travaux de la pénitence...

FRANÇOIS GIRARDON (1).

CET artiste que la Fontaine appeloit le Phidias

de fon fiècle, eft. un de ces hommes dont la gloire croît à me fure qu'il devient ancien à notre égard, femblable à Malherbe, fur la tête duquel le temps accumule chaque jour des lautiers. Il naquit en 1630, à Troyes en Champagne, de Nicolas Girardon, fondeur. Son père, après lui avoir donné une très-bonne éducation, le plaça chez un procureur, pour lui faire embraffer un état qu'il croyoit plus diftingué que le fien. Le jeune homme ne voyoit que les défa grémens d'une profeffion dont il étoit peu ca pable de fentir les avantages; il s'y livra néan

(1) Mém. partic.

Tome 11.

moins quelques mois par obéiffance. La nature reprit bientôt fes droits. Girardon ne s'occupoit qu'à barbouiller de fes prétendus deffins, tout le papier de la maifon. Le père effaya de nouveau de lui démontrer les douceurs de l'état qu'il refufoit. Il étoit bien oppofé au père de Lucien, pauvre, & d'une condition médiocre, qui voulut faire apprendre à fon fils l'art de la Sculpture, comme très-lucratif; le jeune homme y fit fi peu de progrès, qu'il le quitta pour se livrer à l'étude des belles-lettres, vers laquelle le porroit fon inclination naturelle:

Lorfque Girardon vit fon fils conftamment indifférent aux exhortations & aux menaces, il le mit chez Baudeffon, menuifier-Sculpteur, fon ami, qu'il conjura de ne l'employer qu'à des ouvrages capables de le dégoûter de fa nouvelle profeffion; mais la contrainte à laquelle il étoit affujetti, fortifia de plus en plus fon goût pour les arts, & fes occupations, quelque groffières qu'elles fuffent, le conduifirent en quelque forte à créer. Auffi le menuifier, frappé des dif pofitions de fon élève, pria le père inftamment de le laiffer chez lui. Girardon dégagé, dès ce moment, des entraves mifes à fon génie, tarda peu à rendre avec goût fes idées, par le moyen

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