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nombre de huit mille quatre cens. D'ailleurs Cestius Gallus envoya en Galilée un autre Gallus avec des troupes fuffifantes. Sephoris, qui étoit la ville la plus forte de la province, lui ouvrit les portes, & tout le refte fuivit fon exemple. Il y cut feulement quelque peu de féditieux qui résisterent, & on en tua plus de mille, La Galilée étant paisible, Gallus vint à Cefarée rejoindre Ceftius qui marcha à Antipatride, puis à Lydda, qu'il brûla, & continua la marche vers Jerufalem. Il monta par Bethoron, & vint camper à Gabaon, à cinquante ftades, c'est-à-dire moins de trois lieues de Jerufalem. Tout le peuple y étoit assemblé pour la fête des tabernacles. Ils prirent les armes, fortirent en foule de la ville, vinrent avec de grands cris contre les Romains : & quoiqu'ils marchaffent fans ordre, ils étoient en fi grand nombre, & donnerent d'abord avec tant de furie, qu'ils enfoncerent les bataillons, & mirent en peril toute l'armée de Ceftius. Les Romains perdirent en cette journée cinq cens quinze hommes, & les Juifs feulement vingt-deux. Le roi Agrippa envoya deux hommes leur porter des propofitions de paix de la part des Romains: mais les féditieux tuerent unde les députez, & blesserent l'autre, quoique la plûpart du peuple ne defirât que la paix. Ceftius voulant profiter de leur division, s'avança avec toutes les troupes, & vint camper à fept ftades, ou prés d'un quart de lieuë de la ville. Il l'attaqua le trentiéme d'Hyperbere

tée, ou d'Octobre. Les féditieux, qui étoient les seuls qui résistoient, eurent peur du bel ordre des Romains, abandonnerent les parties exterieures de la ville, & fe retirerent à la ville interieure, & au temple. Ceftius brûla les deux parties de Jerufalem, que l'on nommoit Bezetha, & la ville neuve : & campa devant le palais roïal, pour attaquer la ville haute.

S'il eût voulu à l'heure même donner l'affaut : il eût dés lors pris la ville, & fini la guerre. Mais le prefet du camp Tyrannius Prifcus, & la plûpart de ceux qui commandoient la cavalerie, étant gagnez par l'argent de Florus gouverneur de Judée, l'en détournerent.Ceftius negligea même les propofitions que quelques-uns faifoient, de lui ouvrir les portes: & il n'ofa s'y fier. Enfin le fixiéme jour il fit donner un affaut au temple, du côté du feptentrion. Les foldats Romains joignant leurs écus, & faifant ce qu'ils appelloient la tortuë, étoient prêts à faper la muraille, & à brûler les portes. Les féditieux perdoient courage, & le peuple le reprenoit, & alloit recevoir Ceftius comme fon bienfacteur: mais Ceftius ne s'apperceut pas de ces avantages, & fe retira contre toute forte de raifon. Les féditieux reprirent cœur & battirent les Romains en queue: & pendant plufieurs jours que dura leur retraite jufques à Antipatride, ils furent toûjours pourfuivis & battus: en forte que toute l'armée de Ceftius y penfa perir. Il perdit de fon infanterie cinq mille trois

cens hommes, & neuf cens quatre-vingts de fa cavalerie. Les Juifs prirent fon bagage, furtout les traits & les machines qu'il avoit fait aporle fiege: qui leur fervirent bien depuis pour défendre Jerufalem contre les Romains mê11. Bell. c.25.p. mes, Ceftius fit cette perte le huitiéme de Dius, ou Novembre, la douzième année de Neron, foixante & fixiéme de J. C.

821. F.

An. 66.

XIX. Retraite des

rufalem

Luc.XXI. 20.

ter pour

Aprés cette défaite de Ceftius, plufieurs des chrétiens de Je- plus confiderables d'entre les Juifs fe fauverent de Jerufalem, comme on le fauve d'un vaiffeau qui coule à fonds : & il eft vrai - semblable que les chrétiens furent de ce nombre. Ils voyoient Matth. XXIV.Is. l'accompliffement de la prophetie de J. C. l'abomination de la défolation dreffée dans le lieu faint: c'est-à-dire les armées autour de Jerufalem. Car les troupes Romaines ne marchoient pas à cette guerre fans leurs enfeignes, qui étoient chargées d'idolės; or les idoles dans l'écriture font nommées abomination; & toute la terre, principalement autour de Jerufalem, étoit regarEuf. 111.hift.c. dée comme fainte. Les chrétiens fe retirerent donc 3. Epiph. har. 7. Nazar. Item, à la petite ville de Pella, fituée dans les montagies, prés du defert vers la Syrie.

har. 29. de pond.30.

Jof. 11. Bell. c.

41..822.

La nouvelle de cette défaite des Romains étant venue à Damas, les habitans réfolurent de fe défaire de tous leurs Juifs. Ils les avoient déja enfermez dans leur gymnafe: mais ils craignoient leurs femmes, la plupart adonnées à la religion: des Juifs. Ils leur en firent un fecret, & tenant ainsi

les

les Juifs defarmez en un lieu étroit,ils les égorgerent tous en même temps, au nombre de dix mille.

Les Juifs de Jerufalem encouragez par leur victoire, donnerent le commandement de toute la guerre à Jofeph fils de Gorjon, & à Anaņus fils d'Ananus, qui avoit été pontife, & en portoit encore le titre. Ils envoyerent auffi des gouverneurs dans toutes les provinces : entr'autres Jofeph facrificateur, fils de Matthias. Ils lui donnerent le commandement de la Galilée; où il eut beaucoup à fouffrir de la part des autres Juifs féditieux & jaloux de fon emploi. C'eft ce Jofeph qui a écrit l'histoire de cette guerre. A Jerufalem Ana- Ja̸s 11. Bell. c. nus faifoit les préparatifs neceffaires pour la dé- 44.p.828, fendre. Il réparoit les murailles:il faifoit forger des armes par toute la ville. Il essaya, mais en vain, de faire entendre raifon à ceux qui fe nommoient zélateurs. Il envoya des troupes pour prendre Simon fils de Gioras, qui pilloit le païs, & fe vouloit faire chef de parti. Mais Simon se fauva à Massada, avec les féditieux, qui delà faifoient des courfes par toute la Judée & l'Idumée.

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Ceftius donna avis du mauvais état de la Ju- J. 111. Bell.rord dée, à l'empereur Neron, qui étoit alors en Achaïe: il fut allarmé de cette guerre, & fe prit à Cestius du mauvais fuccez. Pour le réparer, il donna le commandement des troupes de Syrie à Vefpafien:qui envoya fon fils Titus à Alexandrie, pour y prendre deux légions, la cinquiémc, & la Tome I.

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XX. Seconde Epître de S. Pierre.

Hedib.qu.11.

dixième, & les conduire en Judée : lui cependant paffa d'Achaïe en Syrie, pour s'y acheminer par terre. C'est ce qui fe paffa en cette guerre pendant l'année foixante & fix de J. C.

Ce fut vers la fin de cette année, ou le commencement de la fuivante, que les apôtres S. PierHier.ep. 150. ad rc & S. Paul écrivirent leurs dernieres épîtres. La feconde de S. Pierre eft d'un ftile un peu different de la premiere: parce que, felon les occafions, il fe fervoit des divers interpretes. Elle eft adreffée aux mêmes perfonnes: c'est à dire aux fidéles difperfez dans l'Afie, le Pont, la Capado

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ce,

& les provinces voisines. Car l'apôtre dit : Voici la feconde lettre que je vous écris. Il paroît auffi qu'elle eft écrite peu avant fa mort, puisqu'il dit: Je fuis affuré que je quitterai bientôt ma tente, c'eft-à-dire mon corps, felon que N. S. J. C.. me l'a marqué : mais je ferai en forte que vous ayez aprés ma mort, de quoi vous fouvenir de ma doctrine. Il les exhorte à rendre leur vocation certaine par les bonnes œuvres, & à fe tenir fermes à ce qu'il leur a enfeigné : non fur de vains rapports, mais comme témoin oculaire de la gloire de J.C. ayant oüi fur le Thabor le témoignage que lui rendit le Pere éternel.

Il leur recommande aufli la doctrine des prophetes, & des autres apôtres particulierement de S. Paul dans les lettres duquel, il dit, il y a des chofes difficiles à entendre, dont les ignorans abufent pour leur perte, comme des autres écri

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