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faire du divorce, ce prince feroit capable de juger

AN. 1530. plus furement de fon zéle, & de fa fidélité,qu'il eût à le tenir en garde contre l'héréfie, qui ne manqueroit

pas

de caufer de grandes révolutions dans ses états, si jamais il la laiffoit introduire.

La mort de Wolfey caufa quelques changemens la conduite de l'état, & fut le commencement des plus violentes perfécutions que l'Angleterre ait fouffertes. Le roi étoit toujours occupé de l'affaire de fon divorce; & fe voyant à la veille d'une grande brouillerie entre lui & le pape, il commença à attaquer le clergé de fon royaume. Son parlement étoit affemblé depuis le mois de Novembre de l'année précédente, & il se servit de son autorité pour reprimer quelques excès de gens de l'églife. Le chambre baffe fe plaignoit des exactions fur ceux qui, selon la coutume, faifoient enregistrer les teftamens des droits exorbitans qu'on exigeoit pour les funerailles, du trop grand nombre de chapelains que prenoient les grands feigneurs, de plufieurs bénéfices poffedez par un feul, & de ce qu'il y avoit des eccléfiaftiques, qui fe chargeoient de fermes féculieres. La chambre haute reçut ces plaintes, & regla les mence à attaquer droits qui appartenoient au clergé pour les teftamens & les enterremens; reduifit les chapelains des grands feigneurs à un certain nombre, défendit à ces chapelains d'avoir plus de deux bénéfices à charge d'ames, & de tenir à l'avenir aucune ferme, s'ils pouvoient vivre du revenu de leurs bénéfices; mais ces reglemens ne furent pas fans contradicteurs. Jean Fifcher évêque de Rochester fut celui qui parla le plus hardiment; il représenta que ceux qui fouloient

LXX.

Henri VIII. com

le clergé,

ainfi l'église, devroient fe fouvenir qu'un pareil def sein avoit réduit le royaume de Bohéme, dans la A N. 1530. triste situation où on le voyoit, puifque l'héréfie regnoit abfolument ; qu'une pareille conduite marquoit le penchant qu'on avoit pour les opinions nouvelles, & faifoit paroître un défaut de foi.

y

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Le parlement

met au roi toutes

P.413.

2. p. 129.

La chambre baffe s'offenfa de ce difcours, & s'en LXXI. plaignit au roi : mais l'évêque fe retira d'affaire, en d'Angleterre reattribuant le défaut de foi dont il avoit parlé, au fes dettes. peuple de Bohéme, & l'on n'inquiéta pas davantage 4. pub. tom. 14. le prélat. Mais le parlement fit une autre loi,qui mar-Burnet hist. de la quoit que le roi ayant fait des chofes extraordinaires reform. to. 1. Liv. pour l'églife & pour le royaume, avoit été engagé à une dépense exceffive : qu'il devoit pour cela à quelques-uns de fes fujets des fommes confidérables dont il avoit donné des obligations qui montroient l'emploi qu'il en avoit fait pour le public; & qu'il étoit à propos de lui remettre toutes ces fommes déclarer nulles les obligations du prince,& le décharger des actions que fes créanciers pourroient avoir contre lui. La remife générale de toutes les dettes du roi paffa, & il fut déchargé par le parlement, quoiqu'il y en eût beaucoup, qui murmurerent en secret d'une loi qui leur paroifsoit injuste : peut-être que ces plaintes, ou l'apprehenfion qu'on avoit qu'une pareille remise ne tirât à confequence, furent cause que cette loi ne fut pas inferée dans les actes du parlement, & dans les ftatuts du royaume.

Cette loi ayant été rendue le vingt-deuxième de Mars, Henri prorogea fon parlement jufqu'à la fin d'Avril, & enfuite jufqu'au mois de Janvier de l'année suivante. L'on fe flattoit pendant tout cet interDd

Tome XXVII.

LXXII.

ti VIII. auprès

reur inutiles.

divorce, tom. 1. 8. 168. & 179.

du

valle, que le pape employeroit fa médiation en faA N. 1530. veur de Wolfey, & que le roi d'Angleterre fe rendant facile fur cet article, obligeroit sa sainteté à se Pour fuites de Hen relâcher fur l'affaire du divorce; mais le faint pere fut pape & de l'empe- inflexible,& perfevera conftamment dans fes premie Le Grand bist du res réfolutions. Henri lui avoit envoyé à Boulogne Thomas de Boulen,comte de Wilchire, accompagné du docteur Stokeflay, d'Edoüard Karnes, de Benet & de Cranmer. Ce dernier avoit reçu ordre d'écrire pour le divorce, & d'appuyer fon ouvrage d'autant de preuves & de témoignages qu'il en pourroit trouver dans les canonistes, & dans les théologiens. François I. avoit chargé l'évêque de Tarbes fon ambassadeur auprès de fa fainteté, d'aider le comte en tout ce qu'il pourroit. Le livre de Cranmer fut préfenté au fouverain pontife qui le reçut avec d'autres mémoires, qu'il remit au cardinal Cajetan pour lui en faire fon rapport. Mais le comte n'eut pas la même fatisfaction de l'empereur, avec lequel il vouloit tâcher d'entrer en négociation. Il lui offrit de la part du roi d'Angleterre, de rendre la dot de Catherine, & de bien afsurer fon doüaire, outre un préfent de trois cens mille écus pour fa majefté impériale; mais Charles V. traita le comte avec mépris, & lui tourna le dos, ne voulant pas l'écouter davantage. Il obtint même un bref du pape, pour défendre à Henri VIII. de passer à un second mariage, jusqu'à ce qu'on cût terminé à Rome son procès & l'affaire du divorce.

Il fallut donc fe réduire aux ouvertures qu'avoit données Cranmer, de confulter les plus fçavans hommes, & les plus célébres univerfitez de l'Europe, fans perdre le tems & de l'argent à d'inutiles négo

LXXIII. Confultation de;

l'Europe fur l'af

ciations auprès du pape, fuppofant que fi ces univerfitez fe déclaroient pour le roi, il faudroit nécef- AN. 1530. fairement que le pape jugeât en fa faveur, à cause que la difpenfe tombant d'elle-même, le mariage seroit regardé comme inceftueux. Tel étoit l'avis de Cranmer, qui fit tant de plaifir au roi, qu'il s'écria univerfitez de transporté de joie, que pour le coup il tenoit la truye faire du divorce. par l'oreille, expreffion qui dans fa groffiereté ne laiffoit pas de marquer la fatisfaction que le roi recevoit de cet expédient. Il envoya donc en Allemagne, en France & en Italie des gens fçavans & habiles, pour confulter les univerfitez de ces pays-là. Et comme le roi étoit bien-aife de connoître auffi, ce que fes sujets pensoient de son affaire, il pria les deux univerfitez d'Oxford & de Cambrige, de lui apprendre ce qu'il devoit en croire lui-même. L'évêque de Lincoln fut chargé d'aller à Oxford; Fox aumonier du roi & Gardiner fecretaire d'état, fe rendirent à Cambrige. On confulta auffi les univerfitez de Hambourg & de Lubeck en Allemagne, auffi bien que celle de Cologne, & plufieurs autres, parmi lesquelles les uns fe laifferent gagner par argent, les autres tinrent ferme, & ne voulurent accepter aucuns préfens. L'université d'Oxford fut la premiere qui s'affembla le quatrième d'Avril, pour déliberer fur cette affaire; mais il y eut de grands troubles fur ce fujet, & de grandes oppofitions de la part de differens docteurs. Les membres de cette univerfité n'ayant pû s'accorder, les jeunes docteurs tenant tête à leurs anciens, & ne voulant point fléchir, ni par promef- rus fes ni par menaces, on commença par exclure les maîtres-ès-arts de toutes les congrégations. Le duc de

à

LXXIV.

Troubles & divi fions dans l'unice fujet.

verfité d'Oxford

Wood de antiquit.
Oxford. p. 8. 225.
Sander. de fchifm

S. Ib. 1. P 225-
Le Grand dans la

défenfe de Sande

p. 89.

Suffolk, & l'évêque de Lincoln, firent mettre en priAN. 1530 fon le docteur Holiman, d'autres furent fort maltraitez, & le refte des docteurs corrompu par les préfens du roi, ou intimidé par ses menaces, convint de remettre la décision à trente-trois docteurs ou bacheliers, qui furent choifis dans tout le corps ; & parce que ceux-ci ne purent encore s'accorder entre eux, huit des plus violens s'affemblerent durant la nuit, rompirent la porte du greffe, & enleverent le fceau qu'ils appoferent, dit-on, à leur avis datté, dont on ne fçait pas trop le contenu.

LXXV.

La même chofe

brige.

Les chofes ne fe pafferent pas plus tranquillement arrive dans l'uni- dans l'univerfité de Cambrige. Tout ce que purent verfité de Cam- faire Fox & Gardiner, fut de faire nommer un certain nombre de docteurs ou bacheliers à leur devotion, pour faire examiner l'affaire au nom de toute l'univerfité. Les premieres affemblées furent pleines de troubles, & l'on fe fépara fans rien conclure, parce qu'il s'en trouva quelques-uns parmi les docteurs, qui avoient approuvé le livre de Cranmer en faveur du divorce. On tint encore plufieurs affemblées inutilement, & ce ne fut que par les intrigues de Fox & de Gardiner, qui avoient de leur côté le vicechancelier, qu'il fut enfin réfolu, que vingt-neuf perfonnes, fçavoir le vice-chancelier, qui avoit déja follicité pour le roi, dix docteurs, feize bacheliers, & les deux procureurs de l'univerfité,auroient le voir de décider la queftion, & que ce que les deux tiers d'entr'eux détermineroient, feroit regardé comme le sentiment de tout le corps, dont on y mettroit le fceau, après avoir lû cette décifion dans une affemblée générale, mais fans en déliberer de nou

pou

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