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clufion fut en effet lûe l'après-midi du même jour, dans le fcrutin qu'on fit des licentiez en présence de Michel Baïus & des autres profeffeurs regens, & aucun ne s'y oppofa : par cette voïe le calme fut rendu pour quelque tems à l'université de Lou

vain.

A N. 1572.

LXXVIII. Succeffion des Conftantinople.

2.

Turco-gracia lib.

Spond. ad ann.

Métrophanes, prélat fage & fçavant, gouverna l'églife grecque de Conftantinople jufqu'au mois de patriarches de Mai de cette même année, que s'en étant démis volontairement, on mit quelques mois après en sa place Jeremie natif d'Anchiale fur le pont-Euxin, 1565.157. & Métropolitain de Lariffe, qui fut confirmé par le fultan Selim en païant le tribut ordinaire. Les Grecs en parlent comme d'un prélat de grande érudition & de bon fens : il abolit la fimonie, qui étoit alors fort commune dans cette églife, répara l'églife patriarchale, l'enrichit d'ornemens, augmenta le palais & fit conftruire de nouveaux édifices. C'est à ce Jeremie que Malaxes hiftorien contemporain finit son hiftoire des patriarches de Conftantinople.

Les Lutheriens firent préfenter à ce patriarche par le moïen d'un homme de leur fecte qui étoit alors à Conftantinople à la fuite de l'ambaffadeur de l'empereur, la confession de foi d'Ausbourg, & tâcherent de l'attirer à leur parti; mais ce fut inutilement. Jeremie combattit toûjours leurs erreurs & de vive voix & par écrit: l'ouvrage grec qu'il compofa à ce fujet, fut traduit en latin fous le titre de Cenfu re de l'église Orientale, par Stanislas Socolvius, qui répondit à l'ouvrage intitulé Spongia, que JeanBaptiste Fikler avoit écrit contre le fien. Cependant

les Lutheriens indignez contre Jeremie, firent fi

AN. 1572. bien par leurs intrigues à la porte Ottomane, qu'il fut chaffé de fon fiége ; & Métrophanes fut rétabli & remis en fa place: ce fut en 1579. Cette disgrace fut une des fuites de la mort de Michel Cantacuzene; protecteur de Jeremie, & le plus puiffant de tous les Grecs, que le fultan Amurat avoit fait étrangler dans sa maison d'Anchiale, parce qu'il le foupçonnoit d'être la caufe des troubles de la Valachie & de la Moldavie ; mais Jeremie fut rétabli après la mort de Métrophanes, qui arriva au mois de Novembre 1582. Il reçut la réformation du calendrier faite par les foins de Gregoire XIII. auquel il fe foumit. Ses envieux l'accuferent auprès du grand feigneur d'être en commerce de lettres, & d'avoir une étroite liaifon avec le pontife Romain; & par ordre du fultan, il fut mis en prison, & enfuite envoïé en exil vers l'an 1585. On affure que ́ Gregoire XIII. n'oublia rien pour lui procurer la liberté, dans le deffein de le faire venir à Rome & de le faire cardinal.

A N. 1573.

LXXIX.

Cerre.

En France la ville de Sancerre qui imitoit la RoSiége de San- chelle dans fa défobéïffance, fentant bien que fa De Thou in hift. réfiftance lui attireroit l'indignation du prince, & Spond. hoc ann. qu'il ne manqueroit pas d'en vouloir tirer vengeanLa Popeliniere ce, fe prépara à foutenir un fiége. Les troupes du

lib. 55. pag. 917.

n. 5.

liv. 33.

roi commandées par Claude de la Châtre, gouverneur du Berri, aïant paru devant cette ville au commencement de l'année 1573. les habitans furent fommez de fe rendre ; mais Johanneau qui commandoit dans la place, aïant eu l'audace de retenir le tambour qui lui avoit été envoïé, & de le

traiter indignement, on commença le 19. de Février à former le fiége & à le preffer avec vigueur. Ce fut cependant fans beaucoup de fuccès, car les afliégez le défendirent avec tant d'opiniâtreté, qu'ils aimerent mieux fe voir réduits à la famine la plus dure, que de se soumettre. Dans l'espace de cinq à fix femaines, plus de cinq cens personnes moururent de faim, & cependant les exhortations des miniftres qui raffuroient ceux qui manquoient de résolution, furent fi efficaces, qu'ils foutinrent encore vigoureusement une attaque, que la Châtre fit donner fur la fin de Juillet, fans pouvoir encore les réduire. La résistance des Rochellois avoit jusques-là fervi à les encourager : en effet, ces derniers que le duc d'Anjou tenoit affiégez, fe défendoient avec une extrême valeur, & leur obftination à n'écouter aucun accommodement, les auroit immanquablement conduits à quelque facheuse extrêmité, fi l'élection du duc d'Anjou au roïaume de Pologne n'eût enfin déterminé le roi à leur accorder la paix. Les articles en furent fignez le 6. de Juillet, & quatre jours après Biron entra dans la ville, & y fit publier la paix.

y

Cette paix fut confirmée par un édit donné le même mois, par lequel le roi ordonnoit, qu'il auroit une amniftie de tous les troubles excitez depuis le 22. d'Août de l'année précedente : Qu'on rétabliroit la religion Catholique dans tous les endroits où elle avoit été abolie depuis ce tems-là : Qu'on laifferoit à ceux de la Rochelle, de Nifmes & de Montauban, le libre exercice de leur religion, conformément aux édits qui avoient été faits

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en faveur des Proteftans : Qu'on les déclareroit

A N. 1573. fidéles ferviteurs du roi, & qu'on leur confirmeroit leurs privileges : Que ceux qui avoient perséveré dans la même religion depuis ce jour, auroient la permiffion de retourner chez eux, de demeurer dans leurs maifons avec toute liberté de confcience, & d'aller fans être inquietés par tout le roïaume: Que les nobles qui avoient haute justice, & qui depuis ce tems-là avoient profeffé la même religion, auroient permiffion de faire dans leurs maifons des prêches, des batêmes & des mariages; mais qu'outre les parrains & marraines, ils n'y pourroient affembler pour ces cérémonies plus de dix perfonnes. Toutes les promeffes qu'on avoit faites de renoncer à la religion prétendue réformée depuis ce tems-là, furent déclarées nulles : tous les jugemens qui avoient été rendus contre les Proteftans pendant cette guerre, foit dans les causes criminelles, foit dans les civiles, furent de même caffez & annullez; chacun fut rétabli dans fes dignitez, biens & charges publiques. L'on ajoûta pour affurer l'obéïffance des trois villes, de la Rochelle, Nifmes & Montauban, que pendant les deux années fuivantes, quatre des premiers habitans de chacune de ces villes viendroient à la cour en qualité d'ôtages, & qu'on les releveroit tous les trois mois. De plus, le roi leur promit de leur donner des gouverneurs qui les traiteroient avec douceur, & des juges qui ne feroient point fufpects : & il fut encore ordonné, que dans toutes les provinces on mettroit bas les armes, que les fêtes feroient gardées, & que dans les jours maigres, les boucheries

Reddition de la

lib. 56.

feroient fermées. Les habitans de Sancerre voïans qu'ils n'étoient point compris dans cet édit, de- AN. 1573. manderent à capituler, & le 19. d'Août ils se rendi- LXXXII. rent aux conditions: Que le roi oublieroit le paffé, ville de Sancerre. & leur accorderoit une amnistie, & qu'ils joüiroient, De Thou ut fup. du bienfait de la paix accordée aux Rochellois, avec Delery hift. obfid. libre & entier exercice de leur religion, de même Sancerii. que s'ils euffent été compris dans l'édit. Là-deffus la Châtre demanda des ôtages qui lui furent donnez, & la déclaration du roi étant venuë, il entra dans la ville & y mit garnifon.

Differentes ex

guedoc, en Dau

De Thou loco fup:

D'Avila liv. S.

La guerre civile qui venoit de fe rallumer en LXXXIII. France, ne se borna pas aux fiéges de Sancerre & peditions en Lande la Rochelle, elle s'étendit dans les provinces phiné & en Guienméridionales de ce roïaume. Henri de Montmo- ne. renci Damville, gouverneur du Languedoc, con- cit. lib. 55. duifit ses troupes devant Sommieres, investit la place & s'en rendit maître : mais les Protestans n'en demeurerent pas plus tranquilles ; aïant repris courage, ils s'emparerent de Florenfac, & d'autres places aux environs de Narbonne ; ils furprirent le Pousin, place fortifiée sur le Rhône, & très-commode pour la guerre : ils fortifierent Curfol autrefois ruiné fur les bords du même fleuve, vis-à-vis de Valence, & se saifirent de Villeneuve, qui leur ouvrit le chemin du Vivarais. Dans le Dauphiné, Charles du Puy-Montbrun qui s'étoit jufqu'alors tenu caché, fortit de fa retraite, & tenta de fe rendre maître de Valence & de Montelimart; mais il n'y put réüffir, parce que de Gordes, lieutenant de roi dans la province, mit en fuite au passage du Rhône les troupes du Vivarais, qui venoient au fe

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