Imágenes de páginas
PDF
EPUB

.

tent fi exactement les plus hau tes fciences, font des combinaifons purement fortuites. Cet homme d'efprit pourra trouver des fubtilitez pour foûtenir dans la fpeculation un paradoxe fi abfurde: mais dans la pratique il lui fera impoffible d'entrer dans aucun doute ferieux fur l'industrie qui éclatte dans cette maison. S'il se vantoit d'en douil ne feroit que démentir fa propre confcience. Cette impuiffance de douter, eft ce qu'on nomme pleine convic tion. Voilà, pour ainfi dire, le bout de la raison humaine. Elle: ne peut aller plus loin. Cette comparaifon démontre quelle doit être notre conviction fur la . Divinité à la vûë de l'Univers.. Peut-on douter que ce grand ouvrage ne montre infiniment : plus d'art que la maison que je

ter,

par

viens de representer? La diffe-rence qu'il y a entre un Philofo-phe & un Payfan,, eft que le Payfan fuit d'abord avec fimplicité ce qui faute aux yeux; au lieu que le Philofophe féduit: fes vains préjugez, employe la fubtilité de fes raifonnemens à embroüiller fa raifon même.. Voilà la Divinité dans fon point: de vûë pour tout homme fenfé,, attentif, fans orgueil, & fans paffion. Loin d'avoir befoin de: raisonner, il n'a que fon raison-nement à craindre. Il n'a pas plus de befoin de méditer pour trouver fon Dieu à la vue de : P'Univers, que pour fuppofer un Horlogerála vue d'un horloge,, ou un architecte à la vûë d'une maison,

SECONDE PARTIE.

Il n'y a que le feul Chriftianifme qui foit un Culte digne de Dieu.

Il n'y a que la Religion Chrétienne qui confifte dans l'amour de Dieu. Les autres Religions ont confifté dans la crainte des Dieux qu'on vouloit appaiser ; & dans l'efperance de leurs bienfaits, qu'on tâchoit de se procurer par des honneurs, des prieres & des facrifices. Mais la feule Religion enfeignée par JESUS-CHRIST nous oblige à aimer Dieu plus que nous-mê-mes, & à ne nous aimer que pour l'amour de lui. Elle nous propose pour paradis le parfait & éternel amour. Elle exige le renoncement à nous mêmes.

Abneget femetipfum, c'est-à-dire l'exclufion de tout amour pro.

[ocr errors]

pre, pour nous reduire à nous aimer par charité, comme quel que chofe qui appartientà Dieu,, &qu'il veut que nous aimions en lui. Ce renversement de tout l'homme eft le rétabliffement de l'ordre, & la naiffance de l'homme nouveau. Voilà ce que l'efprit de l'homme n'a pû în. venter.. Il faut qu'une puiffance fupérieure tourne l'homme con-tre lui-même, pour le forcer à prononcer cette fentence fou droyante contre fon amour propre. Il n'y a rien de fi évidem ment jufte,, & il n'y a rien qui revolte fi violemment le fonds de l'homme idolâtre de foy.. Dieu ne peut être fuffisamment reconnu que par cet amour su.prême. Nec colitur ille nifi amando, dit fouvent faint Auguftin.. D'où vient donc que prefque tous les hommes ont pris le

[ocr errors]

change? Ils ont mis le facrifice des animaux, l'encens, & les autres dons en la place du moi victime qu'il falloit inimoler. Dites à l'homme le plus fimple & le plus ignorant, qu'il faut aimer Dieu notre Pere, qui nous a fait pour lui; cette parole entre d'abord dans fon cœur, fi l'orgueil & l'amour propre ne le revoltent pas : il n'a aucun befoin de difcuffion, pour fentir que voilà la Religion ton

te entiere. Or il ne trouve-ce vrai culte que dans le Chriftiaifme. Ainfi il n'a ni à choifir, ni à déliberer. Tout autre culte n'eft point une religion. Le Judaïsme n'eft qu'un commencement, ou, pour mieux dire,, qu'une image, ou une ombre de ce culte promis. Otez du Judaïfme les figures groffieres, les bénédictions temporelles, la graiffe

« AnteriorContinuar »