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doctrine oppofée au dogme de la M. SERTrinité. Les premieres idées qui Vet. lui vinrent fur ce fujet, lui parurent des veritez conftantes, & il réfolut dès l'âge de vingt ans de s'ériger en Reformateur.

Dans ce deffein il voulut s'aboucher avec les prétendus Reformateurs d'Allemagne, qui faifoient alors du bruit, & fe tranfporta en 1530. à Bâle, où il confera avec Oecolampade. Leurs conferences roulerent fur le dogme de la Trinité en general, & en particulier fur la Confubftantialité du Verbe, que Servet combattit avec une opiniâtreté & une aigreur qui révolta fon adverfaire.

De Bâle il paffa à Strasbourg, & y confera auffi avec Capiton & avec Bucer. Il eft à préfumer qu'il foûtint devant eux fes fentimens avec la même hauteur, puifque Bucer, qui étoit affez doux de fon naturel, s'emporta contre lui en chaire jufqu'à dire, qu'il meritoit qu'on le mit en pieces, & qu'on lui arrachât les entrailles.

Servet, avant que de fortir de

VET.

M. SER- Bâle, avoit mis un Manufcrit entre les mains d'un Libraire, pour le faire imprimer; c'étoit fon Livre de Trinitatis erroribus. Le Libraire envoya ce Manufcrit à Hagueneau, & Servet y alla de Strasbourg en 1531.pour en faire avancer l'impreffion.

A peine fut-elle achevée, qu'il compofa un autre Ouvrage en forme de Dialogue fur le même fujet, qu'il publia l'année fuivante, & auquel il ne fit pas difficulté de met→ tre fon nom, comme au précedent. Il étoit dans un Pays, où l'on écrivoit publiquement tout ce qu'on vouloit fur la Religion; & il croyoit pouvoir écrire contre la doctrine de la Trinité, avec la même liberté que les prétendus Reformateurs écrivoient contre les dogmes de l'Eglife Catholique.

Ces Ouvrages furent cependant mal reçus, & Servet ne vit pas grand jour à fe faire des difciples. La difette où il fe trouvoit, & le défagrément qu'il avoit de ne point entendre la Langue du Pays, l'obli gerent enfin à fe retirer à Lyon.

Il y demeura deux ou trois ans,

& felon toutes les apparences, il y M. SERgagna fon pain avec les Libraires, VET. le Barreau, auquel il s'étoit d'abord deftiné, ne lui fourniffant point de reffource.

La Medecine lui convenant mieux, il vint à Paris, où il prit des leçons de Sylvius, de Fernel, & d'autres Profeffeurs, & fe fit recevoir Docteur en Medecine.

Beze nous apprend dans fon Hif toire des Eglifes Reformées (a) que Calvin avoit connu Servet à Paris, & qu'il s'y étoit oppofé à fa doctrine, qu'ils étoient même convenus d'entrer un certain jour en difpute fur cette matiere, mais que Servet n'ofa pas fe trouver au lieu

marqué.

On ne fçait point fi Servet demeura ailleurs qu'à Paris jufqu'à l'an 1540. mais il eft probable que pendant ce tems-là il fit un voyage en Italie; ce doit même avoir été avant l'an 1535. puifque dans la Préface de fon Ptolemée, imprimé cette année, il fait entendre qu'il avoit vû ce Pays.

(a) Tom. I. p. 14.

M. SER

VET.

On voit par fon interrogatoire & par un endroit de fes Ouvrages, qu'il avoit profeffé les Mathematiques à Paris; mais on ne fçait, ni en quelle qualité, ni en quel tems. On dit dans le Dictionnaire de Morery qu'il y profeffa long-tems la Medecine ; ce fait eft faux & n'eft fondé fur rien

Vers l'an 1540. Servet alla s'établir à Charlieu, petite ville à douze lieues de Lyon, & y pratiqua la Medecine deux ou trois ans. Quelque étourderie qu'il y fit l'obligea vraisemblablement d'en fortir. Bolfec, qui eft le feul qui en ait dit quelque chofe dans la vie de Calvin en parle fi mysterieufement, qu'on ne peut fçavoir au jufte ce que c'eft. Il fe trompe en ajoûtant qu'il fe retira de là dans le Dauphiné.

Car il retourna auparavant à Lyon, où il fe mit encore au fervice des Libraires, en qualité de Correcteur d'Imprimerie. Ce fut là qu'il commença le commerce de Lettres qu'il eut pendant quelquè tems avec Calvin. Il l'entama par trois Questions, aufquelles celui-ci

répondit; leurs Lettres devinrent M. SERpeu à peu picquantes, & ils con- VET, çurent l'un pour l'autre une animofité qui eut des fuites funeftes à l'égard de Servet.

Un écrit que Servet envoya à Calvin, & dans lequel il inferą trente Lettres qu'il avoit reçûës de lui, acheva de l'irriter tellement, qu'il ne garda plus de mefure à l'égard de ce Medecin. On prétend même qu'il écrivit à fes amis Viret & Farel, que fi cet Heretique tomboit entre fes mains, il feroit enforte qu'il perdit la vie. Quelques-uns nient ce fait; mais qu'il foit vrai ou faux, il est sûr que c'étoient les veritables fentimens de Calvin, comme il le fit dans la fuite.

Au refte, quelques-uns ont prétendu que cet écrit, que Servet envoya à Calvin, étoit une copie de fa Reftitution du Christianifme; mais ils fe trompent; car Servet les diftingue dans fon Interrogatoire, & témoigne que le premier n'avoit jamais été imprimé,

Servet, qui s'étoit établi à Vienne en Dauphiné, fournit lui-même à

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