Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cléfiaftique, & l'une des louanges que la poftérité donnera au regne fous lequel nous vivons, c'eft d'avoir cherché avec une attention fi marquée, pour remplir les premières dignités de l'Eglife, des fujets recommandables par leur piété.

L'ESPRIT

DES AFFAIRES.

SI pour être propre aux affai

res, il fuffifoit d'avoir une connoiffance exacte des chofes dont on doit traiter, la queftion que nous propofons, feroit bien tôt décidée. Comme la dévotion par elle-même ne donne ni ne fuppofe cette connoiffance, elle n'empêche pas non plus de l'acquérir ou de la conferver. Un dévot peut entendre auffi parfaitement que tout autre les intérêts des cours, les finances, le commerce, le droit public, les loix civiles; & jufque-là il eft évident que l'efprit des affaires & la dévotion ne font pas incompatibles.

Mais lorsqu'on prétend qu'un dévot ne peut être homme d'affaires, ce n'eft pas précisément par le défaut de connoiffances fuffifantes. Il faut même convenir que l'intelligence & l'habileté, quoique d'un grand poids dans le maniement des affaires, ne font pas les feules parties néceffaires pour y réuffir. On a vû des hommes avec des lumières & une éloquence peu communes échouer dans des entreprises heureusement conduites par d'autres perfonnes qui n'avoient pas les mêmes talens.

L'efprit des affaires eft d'abord ce fens droit & jufte qui faifit le vrai & ne le perd jamais de vûe, de quelque nuage qu'on cherche à l'envelopper. Je ne m'y arrêterai pas après ce que

j'ai

J'ai dit dans la question précédente. La même jufteffe d'efprit que la dévotion eft capable d'apporter dans le gouvernement, elle peut l'employer avec plus d'avantage & de facilité dans le maniement des affaires. C'est également dans l'un & dans l'autre de ces deux genres un talent naturel que l'ufage perfectionne, qui manque quelquefois aux dévots, plus fouvent encore à ceux qui ne le font pas, mais dont la privation ne prouve rien contre la dévotion.

Ce qu'on lui reproche particulièrement dans le fujet que nous traitons, c'eft d'être incompatible avec cette dextérité qui eft la principale partie d'un homme d'affaires. Si pour terminer les affaires, il ne falloit

que mettre en évidence la juftice & le bon droit, l'équité pourroit fuffire dans celles qui font aifées, & dans les affaires plus épineufes, une parfaite connoiffance des prétentions refpectives & de la matière contestée. Mais il eft des affaires fi embrouillées, que dans l'impoffibilité d'y voir clair, la feule maniére de les terminer eft de prendre les tempéramens qui fe rapprochent davantage de ce point de justice & de vérité qu'on ne peut découvrir avec certitude. C'est alors qu'on a befoin de cette dextérité qui forme, à proprement parler, l'efprit des affaires; car un efprit trop roide & trop auftère ne fait pas fe plier à des tempéramens il veut que tout foit d'un feul

« AnteriorContinuar »