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ordonna que la connoiffance des chofes, dont il A N. 1570. a appel en cette cour, appartiendroit aux maîtres des requêtes, qui auroient droit d'en juger en dernier reffort: Qu'il feroit permis dans le parlement de Rouen, de Dijon, d'Aix, de Bretagne & de. Grenoble de recufer fix présidens ou fix confeillers, c'est-à-dire trois dans chaque chambre, & dans le parlement de Bourdeaux quatre dans chaque chambre fans en dire aucune raifon. On ne voit point dans tous ces articles, qu'il y foit fait aucune mention particuliere de l'amiral,

XVI.

Le roi eft obligé

pes Allemandes des Calviniftes.

vinifme par Sou

Ce qu'il y eut de plus furprenant dans ce traité de païer les trou- de paix, fut que les Calviniftes aïant fait venir d'Allemagne des réitres & des lanfquenets, à qui Dans le recueil ils avoient promis beaucoup d'argent, & n'étant cité ci-deffus p. 22. pas en état de les païer, obligerent le roi à le Histoire du Cal- faire ; & pour cet effet, Michel de Castelnau, lier liv. 3. p. 127. fieur de la Mauvifiere, chargé de procuration, promit au nom du roi, par acte paffé à Lisi en Brie le neuf de Septembre, de païer aux princes & feigneurs Proteftans, la fomine de deux millions de livres pour la folde des foldats Allemands réitres & lanfquenets, y compris les trois cens mille livres qu'ils avoient déja reçûs dans le temps du traité de paix, s'obligeant audit nom de compter & de rendre les dix-sept cens mille livres restans dans la ville de Mets; fçavoir quatre cens vingt-cinq mille livres chaque année, jusqu'à la fin du païement; de forte que nos rois, dit un auteur, obligez , pour avoir la paix avec ces bons & fideles fujets, de païer les frais qu'ils faifoient pendant la guerre, & d'acquiter les dettes qu'ils contrac

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étoient

toient avec les étrangers. Quand les Calviniftes auroient eu tous les avantages poffibles dans cette derniere guerre, ils n'auroient pû efperer des conditions plus favorables à leur parti; auffi les gens bien sensez ne croïoient pas qu'une paix qui leur étoit fi avantageuse, pût durer long-temps.

L'Edit fut publié dans toutes les cours du roïaume. Après que le roi en eut juré l'execution, & l'eut fait jurer à la reine, au duc d'Anjou & aux magistrats de fon confeil & de fon parlement ; l'on manda à tous les gouverneurs, préfidens & autres, de s'obliger publiquement & par ferment de l'obferver, fur peine de mort contre les infracteurs. Enfuite les princes avec l'amiral, Louis de Naffau, Teligny & de Beauvais-la-Nocle, allerent jufqu'à Langres, d'où après avoir remercié Volrad de Mansfeld, & congedié les Allemands, qui furent escortez par le marquis de Renel jusques fur les frontieres du roïaume, ils vinrent à la Charité; & de-là aïant pris leur route par le Limofin & par Angoulême, ils allerent trouver la reine de Navarre à la Rochelle, vers le commencement du mois d'Octobre. L'édit pour la paix avoit été publié dans cette ville le vingt-fix d'Août, en la place du château, devant le logis où étoit la reine de Navarre aux fenêtres avec madame la princeffe fa fille & leurs damoiselles, auffi-bien que le duc de la Rochefoucaut, Monfieur des Roches, premier écuïer du roi, & beaucoup d'autres grands seigneurs & gentilshommes. Les deux trompettes du roi fonnerent par trois fois, puis le roi d'armes du Dauphiné, accompagné des rois d'armes d'An

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jou & de Bourgogne, lut & publia l'édit ; aprèsA N. 1570. laquelle publication, la reine de Navarre fit faire la priere par du Nort, miniftre de l'églife de la Rochelle; & à la fin des prieres on tira toute l'artillerie. Le marêchal de Coffé fut envoïé par le roi à la Rochelle pour regler tout ce qui concernoit l'execution de l'édit,

XVIII.

Le roi penfe à

Marguerite avec le

Pendant qu'on négocioit, le Roy voulut auffi marier fa four traiter du mariage de Marguerite fa fœur avec le prince de Navarre. prince de Navarre. Pour cet effet il envoya à la RoDupleix bist. de chelle le maréchal de Coffé & Gontaut de Biron, France to. 3. Pas. qui étoient chargez d'en faire la propofition à la rei

780. & suiv.

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XIX

Le roi de France

époufe Elifabeth De Thou in hist.

d'Autriche.

lib. 47. pag. 661.

'XX.

Le roi reçoit à Villiers-Cotterets,

ne de Navarre, & de répondre d'une dispense du pape, pour lever les difficultez qui fe rencontroient dans ce mariage à caufe de la parenté & de la difference de réligion des parties. La reine de Navarre voulant éluder cette propofition, répondit à ces deux feigneurs, que le roi de France faifoit beaucoup d'honneur à son fils, mais que fa réligion lui étant plus chere, que toutes les grandeurs du monde, elle defiroit en communiquer auparavant avec les directeurs de fa confcience,

Peu de temps après le roi de France époula Elifabeth d'Autriche, qu'il alla recevoir à Meziéres. Les nôces furent celebrées le vingt-fix de Novembre 1570. Le roi avoit alors vingt ans & cinq mois, & Elifabeth en avoit feize.

Le vingt-troifiéme de Décembre fuivant, sa males ambaffadeurs jefté étant à Villiers-Cotterets, y donna audience des princes Prote- aux ambaffadeurs des princes Proteftans d'AllemaDe Thou ut fuprà gne de la confeffion d'Aufbourg, qui avoient été envoïez par l'assemblée de Spire, pour faire compli

ftans d'Allemagne.

lib.47.pag. 662.

ment

nent au Roi fur fon mariage, & le prier de faire obferver les articles de la paix qu'il avoit concluë AN. 1570. depuis peu avec les Calviniftes de fon roïaume. Dans leur harangue, les ambaffadeurs dirent en substance: Que l'alliance que fa majesté faifoit avec l'empereur par fon mariage, en servant à entretenir l'amitié entr'eux, la confervoit auffi entre les Allemans & les François, & qu'il y avoit lieu d'efperer qu'elle remedieroit pareillement aux maux que la difference de la religion avoit enfantez : Que déja leurs maîtres fe réjouiffoient de ce que fa majefté n'avoit pris confeil que de fa douceur & de fa prudence dans la paix qu'elle venoit de faire; & que s'ils avoient quelque chose à desirer encore, c'étoit qu'elle voulût bien ne point écouter ceux qui foutenoient qu'on n'étoit pas obligé de garder la foi aux Sectaires, & qu'il étoit impoffible qu'il pût y avoir de paix dans un état, où il y avoit des opinions differentes fur la religion : Qu'en effet, la religion Romaine & la Grecque, avoient toûjours fubfifté ensemble dans le roïaume de Pologne, un des plus grands de la Chrétienté; & que dans plufieurs villes, l'une & l'autre religion avoit des églifes: Que depuis peu d'années le plus grand nombre avoit foufcrit en Allemagne à la confeffion d'Aufbourg; que cependant on ne voïoit point de troubles dans les états gouvernez par des fouverains de differentes religions, & qu'on y donnoit indifferemment les emplois & les charges au mérite, fans examiner de quelle religion on étoit : Que Charles V. avoit reconnu, quoique tard, & après lui l'empereur Ferdinand, que le meilleur moïen

d'établir la paix dans l'Empire, étoit d'accorder aux A N. 1570. confciences une liberté raifonnable : Que Ferdinand, quelque zele qu'il montrât pour la religion Romaine, avoit néanmoins fouffert d'abord qu'on joüît de cette liberté dans les païs feudataires de l'Empire, comme dans la Luface & dans la Silefie, & qu'il l'avoit enfuite accordée un peu avant sa mort aux sujets mêmes des provinces de fon patrimoine : Que l'empereur Maximilien, prince très-prudent, avoit usé à l'égard de fes fujets de la même indulgence; & qu'ainfi, puisque fa Majefté avoit souhaité fon alliance, il étoit convenable qu'elle fuivît en eela fon exemple: Qu'ils fe flatoient d'autant plus que fa majefté ne s'en écarteroit point, qu'il étoit évident que la guerre nuifoit également à la religion même & à l'autorité du fouverain : Qu'au refte ils se trouvoient obligez de déclarer que leurs maîtres, loin de fouffrir aucune infraction à la paix,, étoient résolus d'emploïer leurs biens & leurs forces pour maintenir cette paix dans un roïaume, dont les biens & les maux regardoient de fi près la tranquillité du christianisme.

XXI.

Réponse du roi

à ces ambaffadeurs.

47.pag. 663.

Le lendemain 24. Décembre, veille de Noël, le roi répondit aux ambassadeurs, qu'il avoit particulierement fouhaité cette alliance, parce qu'il avoit De Thou hift. lib. connu, que comme l'empereur furpaffoit en dignité les autres princes Chrétiens, il tenoit de même. la premiere place entr'eux par la prudence, la magnanimité, la clémence, la juftice, & qu'il avoit toûjours travaillé à établir dans le chriftianifme une paix fincere & affurée ; qu'encouragé par les avertiffemens falutaires des princes leurs maîtres, il

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