Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Canon. azi

ve qu'à caufe que les Loix civiles la
permettoient & qu'on n'en avoit
pas encore pû dé abufer les peuples;
& qu'il ne l'approuve pas abfolument.
Si quis fidelis, libertate notabilis, ali-
quo crimine aut infamia deputatur, uta- anno 895.
tur jure, juramento fe excufare. Si vero
tantò talique crimine publicatur
criminofus à populo fufpicetur, & prop-
tereà fuper juretur; aut confiteatur &
peniteat, aut Epifcopo vel fuo Miffo
difcutiente per ignem candenti ferro cautè

examinetur.

[ocr errors]

ut

On voit que le Concile ne permet cette épreuve, qu'en cas qu'il ne foit pas poffible à un homme de fe juftifier par aucune autre voie. Alors n'y ayant plus d'autre reffource, & le peuple n'étant pas apaifé, les Juges Eccléfiaftiques, auffi bien que les Séculiers, n'ofoient se difpenfer d'accorder les épreuves communément reçues, quoiqu'elles ne fuffent pas infaillibles.Dans l'ancien Teftament, fi un nouveau marié accufoit fon épouse de n'avoir pas gardé la virginité jufqu'au lit nuptial, les parens, pour fe juftifier avec leur fille, portoient aux Juges les draps de la premiere couche teints de fang; * & * Ecce hæc funt figna virginitatis filiæ meæ. Ex

fur cette preuve l'épouse étoit juftifiée, & le mari condamné au fouer. Cependant ces fignes pouvoient tromper, fuivant les obfervations des habiles Medecins ; mais on n'avoit rien de meilleur. Le Concile de même, n'ayant point d'autre voie pour connoître le crime, approuve le moyen qui juftifioit, dans l'efprit des peuples, l'innocence de l'accufé. Les Evêques de ce Concile fe trouvoient fans doute dans les fentimens qu'Yves.de Chartres a développés dans la fuite, lorfque croyant fuperftitieux l'ufage commun de toutes ces épreuves, il reconnoît néanmoins qu'on ne peut fe difpenfer d'y recourir en

certaines rencontres, à caufe de l'incrédulité des peuples: Non negamus quin ad divina aliquando recurrendum fit teftimonia, quando precedente ordinaria accufatione omninò defunt bumana teftimonia non quòd lex hoc inftituerit divina, fed quòd exigat incredulitas humana, Epift. 252. C'est par cette raifon que le Concile renvoie à cette épreuve encore veut-il qu'on recou

pandent veftimentum coram fenioribus civitatis, apprehendentque fenes illius virum, & verberabun: illum. Deut. xxII. v. 17.18.

re à l'Evêque. Or le plus grand nombre des Evêques étoit d'avis de rejetter ces épreuves, comme Hincmar l'avoue contre fon propre fentiment. Ainfi c'étoit le moyen d'abolir pea peu toutes ces épreuves, ou du moins de les rendre fort rares.

[ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

I.

Comment fe faifoit l'é preuve de l'eau froide

LIVRE

SIXIEM E.

De l'origine & du progrès de l'épreuve de l'eau froide, renouvellée en nos jours pour découvrir les Sorciers.

CHAPITRE PREMIER. De la difficulté que plufieurs Savans ont trouvée, durant quelques fiecles, à juger de l'épreuve de l'eau froide, par Laquelle on puniffoit comme coupables ceux qui jettés dans l'eau ne pouvoient y enfoncer.

'Epreuve de l'eau froide fe faifoit en cette maniere: On dépouilloit un homme entierement, on lui lioit le pied droit avec la main gauche, & le pied gauche avec la main droite, de peur qu'il ne pût remuer; & le tenant par une corde on

[ocr errors]

le

jettoit

jettoit dans l'eau. S'il alloit au fond comme y va naturellement un homme ainfi lié, qui ne peut fe donner aucun mouvement; il étoit reconnu innocent: mais s'il furnageoit fans pouvoir enfoncer, il étoit cenfé coupable.

Les anciennes Formules que M. Buluze a ramaffées, & a fait imprimer au fecond Tome des Capitulaires de France, nous apprenent les cérémonies de cette épreuve, & la créance commune, que les criminels ne pouvoient enfoncer dans l'eau : Poft has autem conjurationes aque, Capitul. Tom. 12. Col. 6520 exuantur homines qui mittendi funt in aquam propriis veftimentis, & ofculentur finguli Evangelium & Crucem Chrif ti, & aqua benedicta fuper omnes afpergatur, & qui adfunt omnes jejunent & projiciantur finguli in aquam. Et fi fubmerfi fuerint inculpabiles reputentur, fi Supernataverint rei effe judicentur.

*Hincmar dit qu'on lioit celui qui devoit faire l'expérience, & qu'on le tenoit avec une corde pour deux rai

Ob duas caufas conligari videtur, fcilicet ne aut aliquam poffit fraudem in judicio facere, aut aqua illum velut innoxium receperit, ne in aqua pe riclitetur, ad tempus valeat retrahi. De Divort. Lotb. Ein Epift. ad Hildegar. Tom. 2. p. 681.

Tome II.

L

« AnteriorContinuar »