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On double la dofe de ce miel deux jours aprés qu'on voit que le cheval mange bien cet alinient preparé, & l'on continue à luy en donner ainfi jufqu'à ce qu'on s'apperçoive qu'il vuide; aprés cela on luy donne quelques lavemens rafraîchiffans & compofez de la maniere qu'on le dira. dans l'article qui en traitera; au lieu de miel on leur pile de la regliffe qu'on leur donne à manger, mêlée dans du fon; cette racine produit le même effet que le miel, mais il faut en donner plus long-temps au cheval, & ne luy point laiffer manquer de nourriture ordinaire.

Avant que le Valet Charretier fe couche il donnera aux chevaux maigres deux picotins de fon mouillé, outre leur ordinaire d'avoine; s'il a des chevaux qui foient étroits de boyau, il leur donnera le matin à chacun deux jointées de froment avant qu'ils boivent; fi c'eft dans le temps des herbes, il en faut donner à ces chevaux maigres, ell leur cft tres-falu

taire.

Quand on dit qu'il ne faut point laiffer manquer de nourriture aux chevaux maigres de fatigue; on entend que cette nourriture leur foit diftribuée avec regle & avec prudence, autrement il feroit dangereux que voulant éviter un mal, on tombât dans un plus grand, qui eft le farcin; ainfi donc on les ménagera dans les commencemens, ne leur en donnant pas tant tout d'un coup, & pour bien faire, il eft bon de faigner quelquefois les chevaux.

Un cheval maigre qui commence à bien boire marque par là qu'il engraiffera bien-tôt.

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Maniere d'engraiffer les jeunes Chevaux fort défaits.

ce font des jeunes chevaux fort défaits qu'on veuille engraiffer dans Ole temps que l'orge eft en vert, il faut premierement leur donner du fon fec deux fois le jour, s'ils font bien maigres, au lieu que s'ils ne font qu'un peu attenuez, une fois fuffit, environ à midy.

Aprés cela on leur donne de l'orge en vert ou de l'herbe, il n'importe, avec du fon mouillé, comme nous avons dit, mêlé à chaque fois de deux onces de foye d'antimoine preparé, cette drogue purifie le fang.

On obfervera de faigner le cheval refait par le moyen de l'orge en vert, ou de l'herbe lorfqu'on le remet au fec, c'eft à dire, au fon ou à l'avoine. Ceux qui font dans les endroits où les pâturages font abondans, trouvent en cela un grand fecours pour les engraiffer bien vite.

Pour bien donner l'herbe à un jeune cheval tous les ans jufqu'à fept ou huit ans, il faut le faigner, luy donner à manger l'herbe deux ou trois jours aprés la faignée, & prendre fon temps que l'herbe foit affez grande pour que le cheval puiffe paître à pleine bouche. Il faut le laiffer nuit & jour dans la pâture fans le panfer ny l'étriller pendant un mois ou davantage, ne luy donnant autre nourriture que de l'herbe.

L'herbe imbibée encore de la rofée, fert de purgation au cheval, & pouffe dehors tout ce qu'il peut avoir d'impur dans le corps, elle luy retablit les jambes, & les décharge des humeurs fuperflues qui y font tombées, & abforbant par fes alcalis les acides du fang qui y fermente, elle gué

Hh

rit les demangeaifons & la galle qui peuvent y furvenir.

Les chevaux qu'on a mis au vert, doivent boire à midy & le foir, & les ôter des pâturages quand les chaleurs ont du cit les herbes, parce qu'elles n'ont pas les mémes vertus, comme lorfqu'elles font encore tendres : outre que dans ce temps-là les mouches les importunent tellement, qu'ils ne fçauroient manger en repos.

On n'eftime point le regain pour les chevaux, ni vert ny fec, on fait mal de leur en donner, les fucs dont ils font remplis étant trop exaltez des parties qui contribuent à rendre cet aliment falutaire. On obfervera aprés que le cheval fera engraiffé, & qu'on voudra le mettre au travail, de le nourrir auparavant pendant douze jours de foin ou d'avoine, de le faigner, puis de le menager au commencement du travail.

Pour bien faire, & crainte que l'herbe n'ait engendré quelques vers dans les entrailles des chevaux, qui les incommoderoient dans la fuite, si on ne les en chaffoit; on prend une livre de beurre frais, & demie once de fublimé doux en poudre, on paîtrit le tout ensemble, & on en forme des pillules qu'on fait avaller au cheval avec une pinte de vin rouge: ce remede chaffe les vers; au lieu de fublimé, on peut méler avec le beurre quatre onces de cinabre en poudre.

V

Autre méthode pour bien engraiffer les Chevaux.

Oicy une méthode pour engraiffer les chevaux, qui eft tres-bonne, tres-aifée à mettre en pratique, & qui coûte peu pour y réüffir. Commencez d'abord par faigner le cheval, ayez de l'orge ce que vous jugerez à propos qu'il vous en faudra, faites-la moudre des plus groffierement, fans la bluter, prenez de cette farine un demi boiffeau pefant huit livres, mettez-la dedans un feau plein d'eau, remuez le tout avec un bâton, laissez bien raffeoir la farine, & aprés que toutes les parties les plus groffieres feront tombées au fond, verfez toute l'eau dans un autre feau donnez-la à boire au cheval, qui n'en doit point boire d'autre, enfuite vous luy donnerez la farine qui eft au fond du seau, à trois differentes fois, fçavoir le matin, à midy, & le foir.

Si le cheval répugne à manger cette farine feule, mêlez-y parmy pour l'y accoutumer, du fon ordinaire; le lendemain diminuez-en la dofe, & enfin ceffez tout à fait d'en mettre; au lieu de fon il y en a qui mettent de l'avoine dans le fon d'orge, l'une & l'autre méthode font fort bonnes, obfervant comme à l'égard du fon, de diminuer l'avoine peu à pcu, jufqu'à ce que la farine d'orge mouillée luy plaife feule. Vingt jours fuffifent pour engraiffer ainfi un cheval.

Lorfque le cheval fera engraiffé, & qu'il aura pris bon corps, on quittera la farine d'orge petit à petit pour luy donner d'abord une fois de l'avoine, & deux fois de la farine mouillée, peu à près deux fois de l'avoine, & puis trois, enfuite continuez jufqu'à ce que le cheval foit engraiffé.

Il ne faut pas le laiffer manquer ce temps-là de bon foin, & de bonne gerbée. On le laiffe de repos pendant quelque temps, & fi l'on juge

2 propos de le purger, on luy donnera une once & demie d'aloës tres-fin, autant d'agaric, & une once d'iris de Florence, le tout bien pulverifé dans une pinte de lait trait recemment. Cette purgation fe doit donner au cheval huit jours avant qu'on luy faffe quitter la farine d'orge, & luy en donner encore huit jours aprés la purgation.

СНАР I TR E XX.

Des maladies des Chevaux, & des moyens de les en guérir.

Q

Uoiqu'il foit vray de dire que tous les animaux ont dû avoir toutes leur perfection en fortant de la main du Createur; cependant il a voulu qu'ils ayent été fujets à tous les differens mouvemens dont il avoit rendu leur machine fufceptible; & bien que les chevaux fe nourriffent d'alimens, qui ayent des proprietez bienfaifantes, cependant il fe rencontre tous les jours qu'il fe mêle de mechans fucs parmi leur nourriture; que l'œconomie des humeurs qui coulent dans leurs vaiffeaux, s'altere par le mélange de ces corpufcules ennemis de leur conftitution; que la loy générale de la communication des mouvemens y peut introduire à toute heure, ou que par quelque accident imprévû quelque reffort, ou quelque partie de la machine fe rompe, & en un mot, que ces animaux fe trouvent expofez à mille dangers, c'eft pour cela qu'on a cherché plufieurs remedes, dont les vertus font d'un grand fecours pour guérir leurs ma

ladies.

Les plantes fur tout en font le principal objet; c'eft d'elles que nous tirons tout ce qu'il y a de proprietez les plus effentielles pour foulager les chevaux dans leurs infirmitez, parce qu'il y a des plantes dont les vertus font fpecifiques pour arrêter le fang trop agité, & y rétablir l'œconomie & l'ordre naturel; l'on en trouve d'autant d'efpeces qu'on conçoit d'alterations differentes dans leurs humeurs. Il y en a qu'on employe pour chaffer hors de la machine tous les fucs impurs & groffiers, qu'on ne peut réduire par les alimens, qui ne peuvent par nul moyen s'affocier avec les principes des humeurs, & encore moins fervir de nourriture aux parties; & il fe trouve d'autant de difference de ces plantes purgatives, qu'on peut concevoir de ces fortes de levains irreguliers; enfin il y a des plantes dont les fucs huileux & balfamiques fervent à rétablir les parties, les guérir des atteintes qu'elles ont reçues de la part des corps. étrangers; & à les aglutiner & confolider quand elles font déchúës ou bleffées.

On a été bien aise de faire cette digreffion avant que d'entrer en matiere fur les maladies des chevaux, pour donner une legere idée des principes d'où pouvoient provenir la plupart de leurs maladies; venons à prefent au fait, & aprés en avoir marqué les fymptômes, nous enfeignerons comment il faut y remedier.

Mais comme le cheval eft compofé de plufieurs partios, fur lefquelles

Pronoftic.

Remede,

Autre remcdc.

les humeurs malignes fe jettent, & que la plupart font inconnuës à ceux qui commencent à entrer en connoiffance des chevaux, on a crû devoir donner une lifte de ces parties: voicy quelles elles font.

La Tête.
Les Yeux.
Les Oreilles.

Le Front.

Les Larmiers.
Les Salieres.
La Ganache.
Les Nafeaux.
Le Nez.

La Bouche.
La Barbe.
L'encolûre.

Le Garrot.

Les Epaules.
- Le Poitrail.
Les Reins.
Les Rognons.

Les Côtez.

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Il n'y a gueres de gens, pour peu qu'ils foient verfez dans la connoiffance des chevaux, qui ne fachent la fcituation de ces parties.

L&

Du Cheval marfondu.

E Cheval morfondu se reconnoît tel, lorfqu'on voit qu'étant bien nourri, & travaillé moderément, il n'engraiffe point & qu'il est triste. Cette maladie eft un rhume, communément parlant, ou une fluxion qui tombe fous la gorge du Cheval & les autres parties qui en font proches.

Une des plus grandes marques pour connoître fi le cheval est morfondu, c'eft lorfqu'il a le gofier fec & dur plus qu'à l'ordinaire, on le remarque encore quand il jette par les nafeaux une liqueur blanche, qu'il touffe, & qu'il eft dégoûté.

Le plus court & le remede le plus affuré, c'est de luy donner les pillules fuivantes,

Prenez un gros de beurre frais, quatre gros de fucre, deux gros de regliffe, un gros de poudre cordiale, une once d'agaric, du fené, de la fcamonée, & du miel rofat, de chacun un gros, reduifez le tout en poudre, incorporez-le avec le beurre & le miel, formez des pillules du tout, & les donnez au cheval, ce remede luy appaifera la toux; mais fi le cheval n'a pas la toux, on luy fera prendre ce breuvage.

On prend deux gros de poivre, autant de canelle, du gingembre, du gerofle & de la mufcade, de chacun auffi deux gros, avec une once d'huile d'olive, que tout ce qui doit être pulverifé le foit bien fubtilement, mê

lez bien le tout ensemble, ajoûtez-y quatre onces de miel rofat, & le donnez au cheval dans une chopine de vin blanc; il ne faut que réchauffer le cheval morfondu, & ne le faigner que dans le preffant befoin; c'est à dire, que lorfque le morfondement l'oppreffe trop.

Du mal des yeux.

LE
Es maux des yeux viennent aux chevaux ou par fluxion, ou par quel-
que coup qu'on leur a donné, ou par autre accident; lorfqu'on s'eft
apperçu que le mal eft caufé par fluxion, on commence par luy ôter l'a
voine, à la place de laquelle on luy donne du fon mouillé, & pour autre
nourriture du foin arrofé d'un peu d'eau; on fe gardera bien de luy tirer
du fang, ce feroit le moyen de luy faire perdre les yeux; cette fluxion
paroît, lorsque le cheval a l'œil rouge, enflé, chaud & fermé ; pour
remede,

Prenez quatre poignées de lierre terreftre, qui croît dans les marais, Remede pilez-les bien, faites durcir fix oeufs & en pilez les blancs avec le lierre ajoûtez-y demi feptier de vin blanc fort clair & la moitié moins d'eau rofe, du fucre candi, & de la couperofe blanche, de chacun une once & demie, mêlez le tout en poudre dans un mortier, ajoûtez-y une once de fel menu, laiffez-le ainfi l'efpace de cinq ou fix heures dans une cave, retirez-l'en, & mettez toute cette compofition dans une chauffe à hypocras, ou laiffez-le filtrer à travers du papier gris, puis de ce qui en fortira, vous en frotterez l'œil malade du cheval."

Si c'eft un coup que le cheval ait reçu dans l'oeil, le même remede eft encore excellent, & fi le coup eft grand, il faut auffi-tôt faigner le cheval du larmier ou du cou en abondance.

De la Toux.

LA A Toux est un mal affez violent qui tourmente le cheval; quand la toux eft nouvelle elle eft aifée à guérir, mais lorsqu'elle eft inveterée, elle eft fort dangereufe. On connoît qu'un cheval a la toux quand il bat du flanc, qu'il a les nafeaux enflez, & qu'il touffe : on calme la toux vieille Pronoftic. ou nouvelle par le remede que voicy.

ge

On prend du chardon benit, de l'hyfope, du pas d'âne, du bouillon blanc, de la femence de fénugrec, de chacune fix onces, des bayes de Remede. niévre & de l'iris de Florence, de chacun cinq onces, une de demie livre de fouphre vif, demie once de canelle & autant de mufcade; il faut piler le tout à part, & que le tout foit fec, afin d'en faire une poudre mélée qu'on garde & qu'on fait prendre aux chevaux qui ont la toux; on leur en donne tous les jours le matin une once & demie infufée pendant toute la nuit dans une chopine de bierre, ou d'eau cominune, ou bien du vin.

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