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AN. 1531.

XCVII.
Ils y font entrer

les.

affemblée demeureroit toujours fur pied avec les députez de tous, & avec ceux qui pourroient y être envoyez. Albert & Gebart, tous deux comtes de Mansfeld, fignerent cette ligue, de même que plufieurs princes les députez des villes de Magdebourg, de Brême, de & villes impériaStrasbourg, d'Ulm, de Conftance, de Landau, de sleidan, ut fuprà Memmingen, de Kempten, de Heilbron & de 4, Rothlingen, de Bibrach & d'Ifne, pour être enfuite ratifiée dans fix femaines. On fe contenta d'en écrire à George, marquis de Brandebourg, & à la ville de Nuremberg, parce que leurs députez n'avoient pouvoir que d'écouter, fans rien conclure fur cette matière. Il y fut auffi réfolu qu'on folliciteroit le roi de Dannemark, les ducs de Poméranie & de Mekelbourg, les villes de Hambourg, d'Emden, de Northeim, de Francfort, de Brunfwik, de Gottingen, de Minden, de Hannover, de Hildesheim, de Lubeck, de Stetin & les autres villes maritimes d'entrer dans la même ligue. Enfuite le même jour ils firent expédier des lettres en leur nom à l'empereur, pour lui décla rer les raifons qui les avoient obligez de se mettre en défense. Ils y infererent auffi leurs proteftations contre la forme précipitée de cette prétendue élection d'un roi des Romains, alléguant qu'elle ne pouvoit légitimement être faite pendant que l'empereur joüissoit d'une parfaite fanté & qu'ainfi elle étoit contraire, non- feulement à la bulle Caroline, mais auffi aux droits & liberrez de l'empire.

Cette ligue ne fut pas plûtôt conclue, que les mêmes princes envoyerent aux rois de France &

XCVIII. Ils écrivent aux rois de France &

d'Angleterre pour

demander du fc

cours.

d'Angleterre un long manifefte pour justifier leur AN. 1531. doctrine & leur conduite, & pour demander du feMem. du Bellay cours, ne doutant point que ces deux princes, qui Pallav. hift. conc. n'aimoient pas Charles V. ne les duffent puiffamment Tvid. lib. 3.c.6. affifter dans cette guerre. François I. leur promit plus

liv. 4. p. 131.

XCIX. Guillaume du Bellay envoyé aux princes Proteftans par François I.

Mem. du Bellay

liv. 4.

qu'ils ne demanderent, non pour appuyer leurs erreurs, mais feulement pour empêcher qu'on ne blefsât les droits & les privileges de l'empire, qu'ils foutenoient que l'empereur avoit violé, fur tout quant à l'élection d'un roi des Romains, qui s'étoit faite contre la bulle d'or. Quant au roi d'Angleterre il s'en excufa, & quoique les Proteftans cruffent que ce prince étant fâché contre le pape & contre l'empereur, qui s'oppofoient de toutes leurs forces à fes deffeins, entreroit auffi-tôt dans leur ligue, ils furent trompez dans leur attente. Henri VIII. n'ayant rien tant à cœur que de voir l'affaire du divorce finie à fon avantage, pour fe marier avec Anne de Boulen, crut avec raison, qu'en ménageant l'amitié de Charles V. & de Clement VII. il viendroit plus aifément à bout de ses entreprises, & pourroit obtenir ce qu'il demandoit avec tant d'instance.

Les promeffes de François I. faites aux Protef tans furent fi effectives, qu'il leur envoya Guillaume du Bellay pour traiter avec eux ; mais il chargea fon député d'exhorter ces princes à rentrer dans Fancienne religion, en leur promettant de procurer la convocation d'un concile libre, de ne faire avec eux feulement, qu'une ligue défenfive pour maintenir leur liberté, fi on les attaquoit fur ce fujet, enfin de traiter des conditions aufquelles fa

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Majesté très chrétienne s'engageroit à les fecourir, pour la confervation des droits de l'empire violez, à ce qu'ils difoient, par l'élection d'un roi des Romains. Le projet du traité fut dreffé à Ceberg dans le duché de Saxe, & fut figné à Ellinguen en Baviere, où tous les agens des princes confederez se trouverent. La négociation fut conduite avec plus de précaution que la maifon d'Autriche ne l'eût pensé, car d'un côté il n'y eut point d'article qui choquât tant foit peu ceux du traité de Cambray, & de l'autre il fut dit en termes exprès, que cette liaison avec les princes & les villes libres du corps germanique, n'étoit que pour conferver leurs privileges, & pour maintenir les dix cercles de l'empire dans l'état où ils fe trouvoient actuellement! Il eft vrai que le roi de France fe chargeoit de fournir cent mille écus, pour être employez lorf qu'il feroit befoin; mais là fomme ne fut pas mife entre les mains des princes Proteftans ; le duc de Baviere l'eut en dépôt, & promit par un écrit particulier, qu'elle ne feroit employée que pour la liberté de l'empire, en cas que les princes fuffent attaquez.

AN. 1531.

C. Seconde affem

Proteftans àSmal

Sleidan in comm.

lib. 8. pag. 240.

Cependant tous ceux que les princes Proteftans fe flattoient de voir entrer dans la ligue ne répon- blée des princes dirent pas aux inftances qu'on leur en fit. Dans le kalde. mois de Février, l'électeur de Saxe manda à fes confederez de fe trouver tous à Smalkalde, pour déliberer fur les mesures qu'on devoit prendre pour s'opposer à leurs ennemis : l'affemblée étoit indiquée au vingt - neuviéme de Mars, & parce que l'électeur le trouva malade alors, il y envoya

en fa place Jean Frederic fon fils: on avoit arrêté AN. 1531. dans l'affemblée précédente qu'on folliciteroit le

roi de Dannemark, toutes les villes de Saxe, & les
villes maritimes d'entrer dans la ligue; on exa-
mina les réponses de chacune, & on en fit le rap-
port. Le roi de Dannemark avoit répondu qu'il
faifoit grand cas de la doctrine de l'évangile, mais
qu'il avoit dans fon royaume un grand nombre
d'évêques recommandables par leurs familles, par
leurs vaffaux & leur grande autorité ; ce qui l'em
pêchoit d'entrer dans cette alliance en qualité de
roi, mais feulement comme feigneur des terres &
des provinces qu'il poffedoit dans l'empire. Hen-
ri de Meckelbourg, s'excufa fur ce que fes am-
baffadeurs avoient foufcrit au décret de la diéte
d'Aufbourg, promettant toutefois de ne rien faire
qui pût leur porter préjudice. Berain prince de
Pomeranie, répondit qu'il ne manquoit pas de
bonne volonté ; mais que fon frere aîné ayant tou-
te l'autorité dans fes états, il avoit par là les mains
liées. Ceux de Lubeck y confentoient, mais ils
vouloient en même-tems qu'on eût égard aux
grandes dépenfes qu'ils avoient faites pour foute-
nir la guerre
& demandoient qu'on s'expliquât
fur le fecours qu'ils pouvoient efperer des confede-
rez, en cas que Chriftiern roi de Dannemark chaf-
fé de fes états vint les attaquer. Ceux de Lune-
bourg confentirent de faire tout ce qui plairoit à
leur prince Ernest, Enfuite on recueillir les voix
pour avoir des fecours toujours prêts dans le be-
foin, pour les contributions, pour avoir des trou-
pes qui fufsent toujours fur pied, pour le choix

des chefs & des officiers généraux, & touchant la maniere de recevoir ceux qui voudroient entrer dans la ligue, & de les protéger contre l'empereur, s'il leur fufcitoit quelque mauvaise affaire pour

cela.

Avant que d'en venir là, on avoit confulté non-feulement les jurifconfultes, mais encore les théologiens, fi l'on pouvoir entreprendre cette guerre. Luther avoit fouvent prêché, & même publié dans un de fes traitez composé en allemand, qu'il n'étoit pas permis de résister aux princes & aux magistrats, beaucoup moins de prendre les armes contre fon fouverain, fous quelque prétexte que ce pût être; la conjoncture préfente l'embarrassoit affez, ne voulant pas décider pour l'affirmative; mais on le tira d'embarras en lui difant que les jurifconfultes penfoient qu'il y avoit des loix qui permettoient de fe défendre en certains cas contre tout aggreffeur, & qu'on fe trouvoit maintenant dans ce cas, parce qu'il s'agiffoit de la chofe du monde la plus importante pour eux qui étoit la conservation de la vraie doctrine évangélique. Luther fut ravi de cet expédient, & crut qu'il pouvoit avoüer fans honte que n'étant pas jurifconfulte, il n'avoit point sçû qu'il y eût de pareilles loix, qu'il n'avoit parlé comme il avoit fait jufqu'alors, que parce qu'il étoit dans l'ignorance; mais que comme il avoit toujours prêché que l'évangile n'aboliffoit pas le droit civil & les loix politiques, il ne doutoit point qu'on ne pût fe défendre par les armes contre tous ceux qui voudroient s'opposer à la doctrine,

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