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Après J. C.

L'an 338.
Che-hou.

L'an 339.
Lie-tai-ki-

fu.

la province nommée aujourd'hui Kiamnan. Son deffein étoit de continuer la guerre contre les Yen. Il envoya en même tems fon fils Che-fiuen dans le Nord, c'està-dire dans le pays des Sien-pi, avec un corps de vingt mille hommes. La province de Ki-tcheou dans le midi du Petcheli fut alors défolée par une grande quantité de fauterelles qui ravagerent les campagnes; Che-hou attribua ce malheur à fes vices & à la négligence avec laquelle il gouvernoit les peuples.

Pendant ce tems-là le Roi de Leao qui s'étoit retiré dans la montagne Mie-yun-chan, fit fçavoir à Che-hou qu'il avoit deffein de fe rendre. C'étoit un piége que le Roi de Leao lui tendoit; il avoit fait les mêmes propofitions aux Yen, qui avoient envoyé une troupe de bon foldats à la montagne Mie-yun-chan. Les troupes de Tchao furent défaites & obligés de fe retirer honteufement.

Che-hou, au commencement de cette année, donna à fon fils Che-fiuen, qui étoit Prince héritier, le titre de Kam mo. Ta-tanjou, c'est-à-dire de grand Tanjou. Dans le même Tein-chou. tems quelques Miniftres de Tchim-ti Empereur des Tcin,

venoient de proposer à ce Prince de porter la guerre dans le pays des Tchao. Un éxamen plus férieux de la fituation & des véritables intérêts de l'Empire ne permit pas que l'on entreprit cette expédition; mais un officier des Tein s'étant emparé de la ville de Tchou-tching, fituée à cent vingt li au nord-ouest de Hoam-tcheou-fou dans la province de Houkouang,on se vit dans la néceffité de mettre des troupes fur pied; les Tchao reprirent cette ville & toutes celles des environs. Ils affiégerent enfuite Chetching à cinquante li au fud-eft de Sin-yam-tcheou dans le territoire de Ju-ning-fou, d'où ils furent repouffés ; ils emmenerent foixante-dix mille familles qu'ils placerent dans les provinces d'Yeou-tcheou & de Ki-tcheou dans le Petcheli. Un autre Général de Che-hou nommé Li-nung entra dans les Etats des Yen, où il affiégea plufieurs places dont il ne pût fe rendre maître, mais il revint avec un grand nombre de prifonniers qui furent tranfportés dans le midi de la province de Ki-tcheou.

Après J. C.

Les Tchao qui avoient toujours deffein de faire la guerre aux Empereurs des Tcin, avoient engagé Li-cheou Roi de L'an 340. Han de leur fournir un grand nombre de troupes pour en- Che-hou. trer ensemble dans le Kiangnan.Le Roi de Han fe préparoit déja à raffembler toutes fes forces ; mais fur les repréfentations qu'on lui fit qu'il étoit dangereux que les Tchao ne devinffent trop puiffans, & que s'ils parvenoient à détruire les Tcin, ils feroient bien-tôt maîtres du refte de la Chine, Li-cheou ne fournit point de troupes aux Tchao,qui ne s'occuperent plus que de la guerre contre les Yen. Che-hou avoit ramaffé toutes fes troupes, qui montoient environ à cinq cens mille hommes ; il avoit un nombre prodigieux de vaiffeaux qui fe mirent en mer par l'embouchure du Hoam-ho. Ses magazins étoient établis à Lo-gan-tching, aujourd'hui Tai-tcheou dans le Chantong; il transporta dix mille familles dans les provinces d'Yen-tcheou (a), d'Yu-tcheou (b), & d'Yum-tcheou (c); mit plufieurs camps en différens endroits, & fit enlever de force les chevaux de fes fujets, condamnant à mort ceux qui ofoient les cacher. Le Roi d'Yen qui fut informé de tous ces préparatifs, fongea à prévenir Che-hou. Il entra par Pao-tim-fou dans les Etats des Tchao, tuant & brûlant tout ce qu'il rencontra fur fa route. Il fit environ trente mille familles prifonnieres, & obligea les Tchao à fuir devant lui.

D'un autre côté la paix ne paroiffoit pas devoir durer long-tems avec le Roi des Han. Un des Officiers de ce Prince, qui avoit été fait prifonnier par les Tcin, avoit trouvé le moyen de fe fauver chez les Tchao. Le Roi des Han en le faifant redemander, s'étoit fervi pour la fufcription de la lettre de titres trop médiocres qui déplurent au Roi des Tchao. Che - hou répondit à peuprès dans les mêmes termes, envoyant en même-tems un arc & des fléches dont les Tartares de Niu-che venoient de lui faire préfent. Son deffein étoit de faire voir par-là

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(c) Dans le pays de Si-gan-fou dans

Après J. C.

L'an 340.
Che-hou.

L'an 341.

L'an 34'.

Lie-tai ki

Su.

Kam-mo.

Tein chou.

que

fa puiffance s'étendoit fort au loin chez les étrangers; mais fon orgueil fut bien humiliée quand le Roi des Han, dit à fon Ambassadeur, que les Tartares de Niuche étoient auffi venus à fa Cour, & lui avoient fait les mêmes préfens. Cette réponse le mortifia tellement qu'il punit l'officier qui lui avoit donné le confeil. Il envoya en même-tems un de fes Généraux avec une flotte contre les Yen. Ses troupes prirent Gan-pim & un autre de ses Généraux jetta les fondemens de Liu-nou-fiao-tching.

Che-hou avoit fait conftruire autrefois des palais magnifiques à Po; ces dépenfes & les corvées que les peuples étoient obligés de faire, les indifpofoient contre le Prince. Peu touché de la mifere de fes fujets, il entreprit encore d'en faire conftruire deux autres; l'un à Si-gan-fou & l'autre à Lo-yam. Plus de quatre cens mille hommes y furent employés avec toutes les troupes de terre & de mer. Les murmures recommencerent, & quelques uns voulurent en profiter pour exciter des troubles; mais on les appaisa fur le champ. Un événement peu confidérable fufpendit ces grands travaux & fit mettre fur pied des armées innombrables. Quelques bêtes féroces, dans les environs de Tci-nan-fou dans le Chantong, s'affembloient toutes les nuits vers le fud-eft de la ville de Pim-lim qui eft actuellement détruite. La marche continuelle de ces animaux forma une espéce de route qui alloit du nord au fud-est. Che- hou prétendit que le Ciel lui faifoit fçavoir par-là qu'il devoit fe mettre en marche vers le fud-est, c'est-àdire vers les Etats des Tein & s'emparer du Kiangnan : fur ce ridicule fondement qu'il regardoit comme un ordre du Ciel, il ordonna que toutes fes armées se trouvaffent affemblées l'année fuivante. Tous les courtisans s'emprefferent de lui faire d'avance leurs complimens : Lieti-ki- pendant ce tems-là les Tein étoient déja entrés dans fes Etats, & après avoir fait de grands ravages aux environs de Lin-hoai (a) dans le Kiangnan, ils s'étoient retirés. Il envoya quelques troupes qui s'emparerent de Vou-tou & de

L'an 313.

Su.
Кат то.
Tein-chou.

(a) Dans le territoire de Fong-yam-fou

Après J. C.

Tcieou-tao, dans le Chensi. En même-tems les Sien-pi de la Horde Yu - ven, qui avoient pour Roi Y-teou-kuei L'an 343étoient alors occupés à faire la guerre au Roi du Leao Che-hou. occidental, & ils avoient fait prifonnier fon frere qu'ils envoyerent au Roi des Tchao avec un grand nombre de

chevaux.

Quoique Che-hou fût un Prince cruel & ennemi des L'an 344. Loix, il ne laiffa pas d'aimer les fciences; il voulut que fes enfans & ceux des Grands de fon Royaume s'y appliquaffent, & les envoya dans ce deffein à Lo-yam. Il n'avoit pas abandonné le projet d'aller dans le midy pour faire la guerre aux Tcin. Les foldats de toutes les Provinces qui étoient affemblés, pouvoient monter à un million d'hommes; mais quelques Miniftres l'ayant détourné de cette entreprise, il fe contenta de faire la revue de fes armées & les renvoya, fe bornant à faire partir quelques troupes qui allerent fur les terres des Yen où elles ne remporterent aucun avantage. Pendant l'hyver il s'occupa à faire conftruire un pont fur le Hoam; mais la plupart des pierres qui devoient fervir dans les fondemens, étoient entraînées par les eaux à mesure qu'on les plaçoit. On dit qu'il employa cinq millions d'ĥommes à ces travaux qui ne purent être achevés, & il y périt beaucoup de monde; ce qui irrita tellement ce Prince qu'il fit couper la tête aux entrepreneurs.

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L'année fuivante Che-hou fit affembler fes troupes L'an 345. au nombre de quatre cens mille hommes & les def- Lie-tai-kitina à finir le palais de Lo-yam qui n'étoit point ache- Kam-mo. vé. Il fit faire un grand nombre de chariots pour la chaf- Tein-chou. fe, & marqua une efpace de terrain d'environ mille li, où perfonne que lui ne pouvoit chaffer, fous peine de mort; il fit aufli enlever un très-grand nombre de belles filles & de femmes dont il fit mourir les maris, quelques Miniftres qui voulurent lui faire des repréfentations à ce fujet furent mis à mort. Les inimitiés qui L'an 346, regnoient parmi plufieurs de ces Miniftres, occafionnerent encore d'autres divifions. Che - hou fit mettre aux fers celui qui avoit l'infpection des grands chemins que

Après J. C.

L'an 346.

Che-hou.

L'an 347.

L'an 348.

les pluyes avoient rompus. Les ennemis de ce Ministre
vouloient qu'il fût refponfable de cet accident: quelques
autres firent voir à Che-hou l'injuftice de cette action &
le fupplierent en même-tems de fufpendre tous ces grands
travaux & de chaffer ce prodigieux nombre de femmes
qui étoient renfermées dans fes palais. Il n'accorda qu'u-
ne partie de toutes ces chofes, & fe rendit encore plus
redoutable à fes officiers qui n'ofoient en quelque façon
fe parler entre eux. Il envoya des troupes contre le Roi
de Leam nommé Tchong - hoa; fes généraux prirent
quelques places & tranfporterent environ fept mille fa-
milles dans la Province d'Yum - tcheou; mais enfuite
ils eurent du deffous. Le général du Roi de Leam deffit
les troupes des Tchao en plufieurs rencontres. Che-hou
commença à craindre & fut au défefpoir de voir toutes
fes forces échouer contre la petite ville de Pao-han
che Ho-tcheou à l'extrêmité occidentale du Chenfi.

pro

Ce revers qui lui venoit de la part d'un Prince auffi foible que l'étoit le Roi de Leam, ne l'empêcha pas de continuer de vexer fes fujets, & il devint un des plus cruels tyrans qui ait regné dans la Chine. Non content de s'être rendu maître de tous les. biens qui étoient dans les dix Provinces de fa dépendance, il viola encore les tombeaux des anciens Empereurs où il trouva des richeffes immenfes. Il fit enlever cent foixante mille jeunes gens des deux fexes, avec lefquels il couroit dans fes parcs fur des chariots; les fatigues qu'ils effuyoient dans ces divertiffemens en firent périr un grand nombre. Il vouloit que fes fils montés fur les chars, qu'il n'appartenoit qu'aux Empereurs d'avoir, & fuivis de cent quatre-vingt mille hommes, fe montrassent en public & fiffent des parties de chaffe avec des équipages magnifiques, ces fêtes coutoient ordinairement la vie à des milliers d'hommes ; il fe plaifoit à les voir paffer devant lui, & prenoit ce tems pour admirer fa puiffance & fa grandeur; il ne craignoit, difoit-il que la chute du ciel ou l'éboulement de la

terre.

Ce Prince vouloit choisir pour fon fucceffeur un fils

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