Imágenes de páginas
PDF
EPUB

****

VI. LETTRE

A une Princeffe,

Sur la mort de Madame l'Abbeffe de &c.

....

Il lui parle de la foùmission qu'on doit avoir aux ordres de Dieu.

MADAME,

J'ai appris avec une extrême douleur, que Dieu avoit appellé à lui Madame l'Abbeffe de ... & je ne confiderai pas feulement la perte que faifoit le Public d'une Princeffe qui donnoit une fi grande édification au monde par fa vertu & par fa Religion; mais la verité que V.A. R. me vint d'abord devant les yeux, & que je ne doutai point, qu'Elle ne fuft fenfi

eft

blement touchée d'un accident, auquel Elle ne s'attendoit pas. Vous m'aviez fait l'honneur de me témoigner bien des fois la confiance & l'eftime que vous aviez pour Elle.

C'est un bonheur que Madame... lui ait fuccedé, parce qu'il y a grande apparence, qu'aïant efté élevée de fa main, elle fe conduira par fon exemple & par fes inftructions; mais ce ne vous eft pas une confolation, & je vois bien de la maniere dont V. A. R. m'en parle, que les creatures ne font point capables de lui en donner, & que c'eft de Dieu feul qu'Elle la doit attendre. V. A. R. eft trop appliquée à fa conduite pour ne pas profiter d'une telle rencontre ; & je fuis affuré, qu'Elle y voit plus qu'en aucune autre, l'incertitude des chofes d'ici-bas, & que cela a reveillé en elle le fentiment dans lequel Elle eftoit, qu'il n'y a que Dieu qui foit immuable; qu'il eft

toûjours le mefme; qu'on ne le peut perdre, pourvû qu'on veuille le conferver; & qu'il merite feul d'eftre l'objet de l'attachement de nos cœurs. S'il n'y a rien de plus fâcheux & de plus dur, que d'eftre toûjours fur le point de perdre les perfonnes que l'on aime, & de ne pouvoir s'en promettre la durée d'un moment ; Dieu que vous voulez fervir, & à qui vous effaïez de plaire depuis fi long-temps, tiendra lieu de tout à V. A. R. & lui rendra au centuple, & dés ce monde, tout ce qu'Elle abandonnera pour l'amour de lui. Je fouhaite plus que je ne puis lui dire, qu'il la comble de toutes fortes de profperitez & de benedictions. Je la fupplie de croire qu'on ne peut rien ajoûter à la foûmission, à la fidelité, & au profond refpect que j'ai pour Elle, &c.

虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫虫 虫

[blocks in formation]

Il lui confeille d'effaier d'entrer dans la pratique exacte de fa Regle, & de ne point écouter les confeils des

perfonnes relâchées.

MAT

A TRES-REVERENDE MERE,

Ma pensée n'a point efté, lorfque je vous ai mandé, que j'eftimois que vous deviez embraffer l'étroite Obfervance de noftre Regle, que ce fût par-là que vous commençaffiez la reformation de vostre Maifón. Le premier pas que j'ai crû que vous eftiez obligée de faire, eft de porter vos Filles à l'obfervation du dernier Bref, de leur

Bref d'Alexandre VII

faire connoiftre,que ne voulant pas s'engager dans une Reforme plus exacte, elles ne peuvent en confcience fe difpenfer de pratiquer ce nouveau Reglement, & que tout autre genre de vie ne peut plus eftre regardé, que comme un abus, un relâchement & une corruption.

Pour ce qui eft de vostre perfonne, Ma tres-Reverende Mere, comme il n'y a nulle apparence que vous entrepreniez ce qui furpaffe vos forces; il eft auffi, ce me femble, dans l'ordre de Dieu, & digne du zele qu'il vous donne, de faire, & de n'oublier rien de ce qui dependra de vous, pour le retabliffement de fon service dans vôtre Monaftere, & comme il y auroit de l'imprudence de vouloir foûtenir avec opiniatreté un genre de vie, qui n'auroit aucune proportion avec vostre temperament, il n'y a auffi perfonne, qui puiffe jufte

Tome II.

C

$

« AnteriorContinuar »