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perfuadé que toutes les trempes ne se font point reffemblées, c'est-à-dire, qu'elles n'ont point été uniformes, & qu'elles ont eu des variétés dépendantes des recherches particuliéres. Le falpêtre & la corne de cheval purifient les métaux; il faut donc en mêler dans la fufion du cuivre, pour le rendre plus docile au moule, & le mettre plus » en état de recevoir la trempe.

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» Mes ouvrages n'étoient que de cuivre jaune pur, & » confistoient en lames d'épées, en coins, en couteaux, » & même en rafoirs. Je les ai d'abord fondus, travaillés » & terminés; enfuite je les ai mis au feu cerife, & trempés » tout simplement dans une eau du ruiffeau des rues ou de boue, mêlée de fuie de cheminée, de fel, d'urine & d'ail; & je puis affûrer que ces morceaux ont acquis toutes les propriétés que la trempe donne à l'acier. »

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Voici la proportion de la trempe que j'ai employée. » » Sur une pinte d'eau du ruiffeau, une poignée de fel marin, deux fortes poignées de fuie de cheminée, une chopine d'urine, une tête d'ail pilée. »

Je ne prétends proposer cette dose qu'en général ; celui qui m'a fait ces expériences n'étant, comme je l'ai dit, qu'un fimple artifan, qui ne fçait qu'eftimer les doses, & qui même les varie, felon les remarques qu'il fait à l'œil fur le cuivre qu'il emploie. D'ailleurs, l'expérience eft la preuve la plus fûre, & tous les inftrumens qu'il m'a fait ont réuffi. Cependant j'avoue que je n'aurois rapporté ces faits qu'avec la défiance que méritent les tours de main, fi communs à ceux qui travaillent dans toutes les parties qui dépendent du feu, ou de la Chymie; mais la lecture que j'ai faite depuis peu du Livre de M. de Réaumur fur la fonte du fer, m'a mis en état de parler plus hardiment: & j'ai trouvé que mon Fondeur étoit arrivé par fa pratique aux mêmes effets, & avoit fuivi les mêmes principes que le fçavant Académicien. Je vais tirer de cet excellent ouvrage les principaux articles qui concernent l'opération

de la trempe, & que j'aurai foin d'abbréger. Je mettrai par ce moyen toute cette matiére fous les yeux du Lecteur. De tous les moyens connus des Artiftes, pour procurer aux métaux une dureté plus confidérable que celle qu'ils ont naturellement, la trempe eft celui qui leur eft le plus familier; mais comme cette dureté procurée par la feule trempe ne peut être que relative à la dureté naturelle du métal, on a cherché différens moyens pour parvenir à rendre les métaux durs en changeant le tiffu de leurs parties, pour les difpofer à recevoir un degré de dureté plus confidérable, lorfqu'on leur feroit éprouver la trempe. On peut en effet changer le tissu des métaux par deux moyens. Je n'entrerai point dans le détail de ceux que donne l'alliage, ni du refferrement que procurent les coups de marteau réitérés & donnés à froid. Par le premier le métal devient effectivement plus dur, mais plus caffant, & il eft alors prefque impoffible de le travailler une chaude un peu vive efface entiérement l'effet du fecond. Quel eft donc un des moyens capables de produire la métamorphofe qui donne cette qualité au métal, & qui le rend propre à réfifter aux travaux auxquels on veut l'employer? Le Livre de M. de Réaumur que j'ai cité plus haut, présente la queftion fur le fer, & la décide abfolument.

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Il dit, pag.9. lig.7. que ce qui l'a aidé dans la recherche qu'il a faite fur cette matiére, c'est une réflexion fur des procédés fort en ufage parmi les ouvriers qui ont besoin » de donner une grande dureté à des ouvrages de fer. Ceux qui font les groffes limes, n'y emploient que du fer; ils » les rendent néanmoins auffi dures que les limes d'acier. » Les Arquebufiers font prendre une dureté pareille à quantité de piéces de fufil composées de pur fer, & cela par le moyen des trempes en paquet; « c'eft-à-dire, comme il doit l'expliquer ailleurs plus au long, » qu'après que les ouvriers ont donné à leurs piéces de fer une figure convenable, ils les renferment dans des boëtes de tôle avec

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» un mélange de différentes drogues, & les mettent enfuite » dans un fourneau, où ils leur donnent un feu plus ou » moins long, felon la groffeur des piéces renfermées. Après avoir retiré ces piéces du feu, ils les trempent » toutes rouges dans l'eau froide elles s'y endurciffent » comme l'acier. »

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» M. de Réaumur dit encore, pag. 3 1. lig. 6. qu'après » toutes les expériences qu'il a faites, les compofitions qui lui ont paru les meilleures ne demandent que du charbon pilé, de la cendre, de la fuie de cheminée, & du fel marin; & plus bas il en détermine les doses. Quant à ce qui regarde le métal en fonte, il dit, pag. 247. lig. 13. qu'il y a des ouvriers qui jettent dans leurs affineries des » cornes, de la fuie & d'autres matiéres pareilles. L'effet qu'elles produifent n'a befoin d'être indiqué; on voit pas » suffisamment ce qu'ils peuvent fournir à la fonte. M. de » Réaumur dit encore fur le même sujet, pag. 256. lig.28. que ce qu'il faut fur-tout tenter, c'eft de mêler avec ces » fontes des matiéres pareilles à celles dont on fe fert » convertir le fer en acier, des fuies, des fels, des charbons pilés, &c.

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Ces procédés, quoique propofés pour un autre métal, s'étant trouvés d'accord & dans les mêmes principes, mais plus compofés que celui que j'avois fait exécuter, dans la crainte que cette premiére trempe de mon Fondeur ne donnât pas une entiére fatisfaction, & qu'elle ne laiffât quelque doute à ceux qui ne pourroient juger des morceaux que cette opération m'a produits, j'ai engagé le même ouvrier à travailler cette trempe en paquet, & à fuivre tout ce que M. de Réaumur indique. Ces opérations ont nonfeulement réuffi, mais surpassé mon attente, & m'ont donné un cuivre qui n'a point acquis plus de dureté que par la premiére trempe; au contraire il eft devenu plus ductile, plus fouple, enfin plus maniable. Ce qui fournit un autre genre d'acquisition dans la préparation de ce métal.

PL. LXI. N. II.

Je ne dois pas oublier que ce dernier a plus de reffort, & qu'il fait feu fur la meule comme l'acier.

Tous ces procédés prouvent la certitude de l'opération. Il est même conftant que l'usage ne peut que la conduire à une plus grande perfection; & ces moyens fourniront un nouveau métal dans certains ouvrages où le fer eft détruit par l'humidité; & le cuivre trempé a du moins l'avantage d'épargner trois ou quatre mains d'homme, & par conféquent beaucoup de feu, &c.

Au refte fi les ouvrages que j'ai fait faire par les deux procédés de l'alliage du cuivre rouge avec le fer & du cuivre jaune trempé, font plus durs & plus forts, si même ils ont plus de reffort, il ne faut point oublier que les morceaux antiques fur lefquels les miens ont été copiés, ont souvent reçû une très-grande altération par les fels & les nitres de la terre dans laquelle ils ont été renfermés pendant l'espace d'un fi grand nombre de fiécles.

La hache que j'ai dit plus haut être la même que celle qui avoit été envoyée autrefois en France par M. Godin, & qu'il a reconnu pour telle, eft très-bien fabriquée, & très-bien trempée; cependant elle eft inférieure en dureté au fer de la lance rapportée au No. III. Pl. XCVI. de ce Recueil; mais la hache donne occasion à quelques réflexions folides, que j'ofe expofer avec confiance, parce que j'ai pour garant un homme prudent & connoiffeur en ce genre. Les Efpagnols d'aujourd'hui étant, fuivant M. Godin, incapables de travailler le cuivre de cette façon, il faut nécessairement, ou que les Arts aient été plus connus par les Yncas, que Garcilaffo & les autres Auteurs Espagnols ne l'ont écrit, ou que ces fortes de monumens que l'on trouve fréquemment au Pérou dans la terre & dans les ruines, foient l'ouvrage d'une nation plus éclairée, & qui a habité ce pays avant l'arrivée des Yncas. Il eft même fait mention de cet ancien peuple dans des Auteurs Espagnols, dont le témoignage eft confirmé par des monumens

d'un goût différent de celui qui regne aujourd'hui dans ce pays. Il réfulte de-là que fi des nations auffi éloignées de tout fecours font parvenues à travailler & à tremper le cuivre avec tant d'adreffe, nous devons croire fans peine que les Egyptiens, les Etrufques, les Grecs & les Romains, qui fans contredit avoient plus de lumiéres, faifoient aifément fur ce métal la même opération. Comment pourroit-on enfin douter que les célébres Fondeurs de l'antiquité aient eu des connoiffances fimples, & que j'ai retrouvées avec tant de facilité? La juftice que j'ai toûjours rendue aux Anciens m'a feule engagé à rechercher une pratique dont je leur attribuois l'invention; & c'est ainsi qu'il ne faut point écouter l'amour-propre des Modernes, qui les empêche quelquefois de convenir des talens fupérieurs de ceux qui les ont précédés. Il eft conftant que dans quelques Arts libéraux nous n'avons jamais égalé les Anciens du côté de l'élégance, de la grandeur & du goût; comment se pourroit-il qu'ils n'euffent pas une profonde connoiffance des Arts utiles? plus on étudie leurs ouvrages & leurs monumens, & plus on est disposé à admirer l'étendue de leurs lumiéres.

PLANCHE XCIV.

N. I.

CETTE petite aigle qui n'a que quatorze lignes de hauteur, & autant d'une extrémité de l'aîle à l'autre, eft trèsbien confervée, & d'affez bon goût. Elle eft percée entre les deux pieds, pour former le couronnement de quelque corps: car les Romains employoient ces fortes de bronzes à toutes fortes d'ufages.

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