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No. II. & III.

Ces deux morceaux de verre bleu foûtenu d'une couche de matiére blanche, l'un & l'autre très-peu épais, font incrustés d'or. Leur travail n'eft pas tout-à-fait le même. Le N°. II. eft d'un genre d'ornement plus épais, & l'or y eft d'une feule pièce. Je ne crois pas que ce morceau ait été fabriqué autrement qu'en appliquant la feuille d'or toure découpée avec un emporte-piéce fur le verre encore chaud & presqu'en fusion. Cette feuille doit avoir toûjours été d'une certaine épaiffeur, pour recevoir le poliment, quand les matiéres ont été refroidies. L'or du Ño. III. a dû être appliqué de la même façon : mais la finesse des filets, & l'efpéce d'émail colorié l'on voit encore dans les côtes des feuilles, font des objets dignes des Curieux. On trouvera plus bas, à la derniére Planche de ce Recueil, des preuves de l'adresse infinie & du génie varié des Anciens dans le travail du verre, qu'ils ont employé à des ufages fans nombre. La grandeur & la véritable forme de ceux-ci font exactement rapportées dans la Planche. Quant à leur destination, je ne crois pas qu'ils puiffent en avoir eu d'autre celle d'être enchaflés dans des anneaux ou que dans des parures apparentes, & fort près de la vûe.

que

N. IV. & V.

J'AI fait graver ces deux fceaux ou cachets antiques, de la grandeur dont ils font, & même fans rapporter les gravûres en creux dont on a prétendu les orner, car elles font très-informes. On voit cependant que le N°.V. représente l'Amour en pied qui tient une fleur; & quoique je n'ignore point que l'on attribue avec raifon ces fortes de cachets aux peuples qui habitoient autrefois l'Orient, je crois m'appercevoir que cet ouvrage eft de l'enfance de l'art chez les Romains. Le N°. IV. présente un animal, une fleur, enfin tout ce que l'on voudra. Il n'eft pas possible

s'en prendre

de déchiffrer cette gravûre, & l'on ne doit pas aux injures du temps qui auroient pû en gâter le travail, mais à l'ignorance de l'Artifte. Aucun trait de ce monument ne m'indique le pays où il a été fabriqué; & si je n'avois eû que ces réflexions à écrire, je n'aurois pas rapporté les cachets. C'eft leur forme qui m'a paru mériter quelque confidération. Il est constant que jamais ils n'ont pû fervir de bagues : leur ouverture, dont on voit la dimenfion exacte fur la Planche, prouve qu'ils étoient enfilés dans un cordon que I on portoit au cou ou ailleurs. Il est fait mention de cet ufage dans plufieurs Auteurs modernes, & notamment dans le Traité des pierres gravées de M. Mariette. Le N°.V. eft coupé dans un très-beau morceau de fardoine brune: ce qui me fait conjecturer que l'ouvrage a été fait pour un homme confidérable, & par un des bons ouvriers du pays; & l'on jugera par-là des connoiffances que l'on avoit alors. Le N°. IV. eft taillé dans une agathe noire.

N°. VI.

On trouve par-tout de ces cachets ou feeaux de cuivre avec les noms de ceux à qui ils ont fervi. En rapportant celui-ci, je n'ai pas deffein d'en expliquer les abbréviations; & je me contenterai d'expofer les réflexions qu'il m'a donné lieu de faire.

Cette petite plaque quarrée & de bronze eft gravée de la grandeur de l'original. Elle a toûjours été attachée à l'anneau extérieurement quarré & de la grandeur d'une bague, auquel elle a été fondue. On le voit de profil fous le même No. VI. Ces plaques étoient fans doute toûjours jointes à des anneaux par précaution, afin qu'elles ne fuffent pas ft fujettes à être perdues, & qu'on les portât plus facilement, lorfque l'on prévoyoit le befoin qu'on pouvoit en avoir. Les fceaux de bronze ne remontent pas, ce me femble, à une antiquité fort reculée ; du moins je n'en connois point

qui foient Egyptiens, ni même Grecs. Avant qu'ils fufsent connus, un fymbole gravé fur une pierre, la tête ou la figure entiére d'une Divinité ou d'un Héros, fuffifoient fans doute aux Romains, fuivant l'ufage qu'ils en avoient emprunté des Grecs & des Etrufques ; & ces mêmes Romains le pratiquérent conftamment, mais ils y ajoûtérent les noms en creux; & c'eft-là le principal objet de cet article. Il eft à préfumer que l'on reconnut dans la fuite les inconvéniens d'un cachet qui pouvoit fe trouver dans les mains de tout le monde : ce qui devenoit fans doute d'une conféquence infinie pour les perfonnes chargées de quelques détails qui intéreffoient le Public. Il y a donc grande apparence que les Magiftrats furent les feuls qui pratiquérent cette façon de fceller, & que tous les noms qui font écrits de cette maniére, font ceux des Ediles, des Quefteurs, & autres qui préfidoient à quelque diftribution, & dont les ordres devoient fe répandre. Il feroit néanmoins très-difficile, pour ne pas dire impofsible, de justifier cette conjecture, parce que ces fortes d'anneaux ne préfentent aucune époque, & ne rapportent aucune qualité, & que même, felon moi, ils n'ont été faits que pour un usage commun & momentané. D'ailleurs, les remarques que l'on feroit fur la fignification de ces caractères qui font affez groffiers, & la différence qu'il est aifé d'appercevoir dans la forme des points, ne feroient d'aucune utilité dans un ouvrage de la nature de celui-ci. Mais les obfervations fur les Arts entrant fur-tout dans le plan que je me fuis propofé, je ne puis me difpenfer de témoigner mon étonnement fur la marche de l'efprit humain, qui rencontre en certains temps des bornes où il s'arrête, fans qu'il lui foit poffible de paffer outre, lors même qu'il eft le plus près des découvertes utiles à la fociété; ce que l'on doit appliquer à l'Impreffion, dont les cachets font affûrément un abbrégé, s'ils ne font la chose même. Le caractère difpofé en contre-partie pour rendre

l'écriture dans le fens naturel, les lettres évuidées avec la faillie fuffifante pour leur faire prendre la couleur, fans que le fond puiffe marquer; tout cela n'eft-il pas l'Imprimerie? & n'eft-il pas fingulier qu'étant arrivé à ce point, on n'ait pas d'abord imaginé de prolonger la planche de cuivre jufqu'à la longueur de la ligne de l'écriture ordinaire, & dont la portée n'étoit pas confidérable chez les Anciens, puifque l'on fçait par les Auteurs, & mieux encore par les feuilles de papyrus qui font venues jusqu'à nous, qu'elles n'avoient qu'environ onze pouces dans leur quarré; & cette portée n'auroit pas demandé un prolongement de plus de dix pouces pour le cuivre, à caufe des marges qu'il auroit fallu laiffer de chaque côté, fur la largeur, ou fur la hauteur de chaque feuille, & qui fe trouvoient néceffaires pour former le rouleau ou le volume. Les Romains devoient être d'autant plus naturellement conduits à cette découverte, que la façon de rouler leurs ouvrages qu'ils écrivoient dans une longueur continue , ne demandoit point ce que nous appellons le verfo, ou le revers du papier. Il est aifé de juger que l'on n'auroit exigé d'eux que des Planches travaillées d'un côté, comme celles de nos Graveurs, pareilles enfin à celles que les Chinois font dans l'habitude d'employer depuis un temps immémorial; car pour les caractères mobiles, je ne leur reproche point de ne les avoir pas trouvés : c'eft une des plus heureuses & des plus admirables inventions, & qui fait à l'Europe un honneur immortel. Nous fommes peut-être auffi près de quelque découverte importante, que les Romains l'étoient de l'impreffion; & qui nous a dit que la Poftérité ne nous fera pas les mêmes reproches que nous faifons aux Anciens? Il faut donc convenir que la plupart des découvertes dépendent du hazard, d'une combinaison éloignée, & de quelques circonftances qui les font éclore; comme différentes matiéres mifes dans un creufet produifent en Chymie des effets que l'on n'avoit pas encore vûs. Si je ne craignois

d'être trop long, j'ajoûterois à tout ceci des réflexions au fujet des noms écrits fur les moules des tuyaux de plomb, & au fujet des Infcriptions elles-mêmes, quoique les lettres s'y voient dans leur fens naturel.

N°. VII.

LES clefs antiques étant communes, je n'aurois pas rapporté celle-ci, qui eft de bronze, & dont le travail eft fort recherché, s'il n'y avoit à fon extrémité un sceau ou cachet. Il eft vrai que la gravûre n'en fçauroit être plus informe. Mais il fuffit que ce foit un cachet dont on ait fait ufage, pour que je l'infère dans cette Planche. Cafalius, M. Mariette & plufieurs autres ont parlé de ces fortes de cachets. Cependant on en a publié fort peu de deffeins. Remarquez à cette occafion que l'ouvrage intérieur des ferrures antiques, de quelque matiére qu'il ait été, s'est trouvé trop délicat pour être venu jufqu'à nous. On pourroit cependant efpérer d'en trouver dans les ruines d'Herculanum; mais fi les ferrures étoient de cuivre, comme les clefs & toutes les autres choses d'usage femblent l'indiquer, leurs refforts, fans lesquels il n'y a point de ferrures pour les clefs qui portent ce qu'on appelle des gardes, leurs refforts, dis-je, étoient de ce même métal qui doit avoir été trempé car le laiton auquel on donne aifément le reffort en frappant à petits coups de marteau, ne pouvoit, ce me femble, dans un auffi petit volume, avoir affez de force, pour fervir aux ferrures.

No. VIII.

ON a fait depuis peu une petite découverte fur le bord de la Seine, au-deffous du village d'Aniéres, vis-à-vis de celui de Clichy-la-Garenne. On a trouvé un nombre confidérable de fquélétes qui n'étoient qu'à deux ou trois pieds de la fuperficie du terrein, & dont la plûpart étoient placés le vifage contre terre, & fans aucune direction marquée

pour

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