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Mais quel autre fpectacle me frappe l'efprit, & char me tous mes fens ? Avec quelle grandeur & quelle majefté Louis fe prefente-t-il de nouveau à mes yeux.

Je ne le voi plus couvert de fang & de pouffiere. Je ne le voi plus, brillant de l'éclat de ses armes, fondre l'épée à la main fur les ennemis, & les épouvanter par la fierté de fes regards.

Les Loix feveres, les Edits menaçans, les Gardes n'en-, vironnent point son thrône : l'amour de fon Peuple fait toute la garde.

La Religion & la Foi font à les côtez: la Paix fuit, le rameau d'olive à la main ; & l'Abondance qui répand les threfors fur les pas.

Il n'a pas plûtôt levé l'étendard de JESUS-CHRIST, que les Peuples s'y viennent ranger en foule de tous les endroits du Royaume: ce n'eft pas le bruit des trompettes ni des tambours qui les appelle à cette milice facrée; c'eft une voix fecrette, plus douce, & toutefois plus puiffante, puifque c'eft la voix de Dieu même:

Une multitude innombrable accourt de toutes parts à la lumiere divine: ils entrent à l'envi l'un de l'autre dans le port que vous leur ouvrez.

Là fe rendent tout âge, tout fexe, toute condition: le Capitaine & le Soldat, le Noble & l'Artifan, le Magi ftrat avec le Peuple, le Seigneur avec le Vaffal.

C'est vous, GRAND PRINCE, qui avec une bon té vrayement royale, attirez les uns par vos carefles, les autres par vos bienfaits. C'eft ainfi que Dieu prévient par fes dons ceux qu'il deftine à l'éternité de fa gloire.

On croiroit voir encore Jesus-CHRIST fur le rivage commander aux vents, la barque de Saint Pierre voguer par toute la France, & les filets fe remplir, fans fe rom. pre, d'un nombre infini de poissons.

Tel, O GRAND Roi, tel vous vit autrefois CLOVIS en efprit, lorfqu'encore victorieux & tout couvert de fang, aux pieds de Saint Remy, au milieu des facrez myfteres, il commençoit à prendre le nom de Chrêtien.

Tel vous vit avec étonnement CHARLEMAGNE : tel Vous diftingua avec joye parmi fa Pofterité, cet autre Louis qui regne maintenant au Ciel, ravi de voir vê

tre nom, & vos conquêtes facrées en caractere de dia mant dans les faftes éternels.

Tout le Ciel attentif fur vous, applaudit à la naiflance du nouveau Prince, qui lui promet une fuite fans fin de Rois Chrêtiens & pieux comme vous; mais dont vous ferez toûjours le modele.

Venez maintenant, MENAGES, RAPINS: venez tous ceux que les Mules Latines ont enlevez aux Françoises, & qu'elles honorent de leurs faveurs d'une durée éternelle: ::prenez vos tronrpettes, voilà des fujets dignes de vous: c'eft affez pour moi de vous avoir ouvert la carriere, & excité ceux que je ne puis fuivre.

PRIERE

A JESUS CHRIST

R

POUR LE ROL

VI.

Epandons l'Encens à pleines mains, & que la fumée en monte jufques au Ciel. LourS LE CONQUE RANT, qui a fi fouvent vaincu & triomphé pour les interêts de fa propre gloire, ne veut plus combattre ni vainere que pour les interêts de JESUS-CHRIST.

Confervez, SEIGNEUR, celui qui n'a plus d'autres peníées, , que d'établir vos droits & votre culte : qui rappelle de tous côtez vos brebis difperfées, & qui rétablit la gloire de vos aurels.

Il oublie le fuccés de fes armes victorieufes, il ne penfe plus, lui qui a tout foûmis, qu'à fe foûmettre à vous: il regnera affez, SEIGNEUR, tant que vous regnerez.

Et vous, VIERGE SAINTE, que les François ont toujours éprouvée fi bonne & fi favorable en tous leurs befoins, fans que jamais ils ayent été fruftrez de leur attente, obtenez-nous une longue durée de fon regne c'eft nous obtenir toute forte de biens.

Vous

Vous auffi, SAINTS PROTECTEURS DE LA COURONNE, s'il vous fait rendre par tout les honneurs que vous avez meritez: veillez fur une vie fi belle. Voyez avec plaifir, qu'après avoir furpaffé les Rois, & les Conquerans, il marche à grands pas fur les traces des Saints, dont le Sang illuftre coule encore dans fes veines.

O.D E.

II.Traduction par Monfieur de la MONNOYE.*

V I.

POURQUOI, fi le Ciel me l'infpire,

N'oferai-je au fon de ma voix

Accorder le fon de la lyre
Qu'Horace touchoit autrefois ?
Tandis que ta Profe fi pure
Nous trace en François la peinture
Du plus grand Roi de l'Univers,
PELLISSON, la Mufe Romaine

* Bernard de la Monnoye, nâ-
quit à Dijon le 16. Juin 1641.
Il fut reçû le 11. Mars 1672.
Correcteur en la Chambre des
Comptes de Dijon, Charge
qu'il
a exercée jufqu'au mois
d'Aouft 1696. Il poffedoit les
Langues Grecque, Latine, Ita-
lienne, & Espagnole. Ses re-
marques Critiques fur divers
endroits du Dictionnaire de
Bayle, inferées avec éloge dans
la feconde édition de ce livre,
font autant de preuves de fa
science dans la Critique. Ses
Ouvrages de Poëfie, font tous
d'un goût exquis; & le grand
nombre qu'il en a donnés juf-

Tomus I

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qu'ici, lui donne place parmi
les Poëtes; les plus fameux de
ce, fiécle. Il a remporté cinq
fois le prix de Poëfie, que l'A-
cadémie Françoife diftribue
& étant venu faire fa refidence
à Paris, il fut reçû le 23. De-
cembre 1713. Académicien. La
probité de fes mœurs, la droi-
ture de fon coeur, son érudition
finguliere, la politesse qui lui
étoit naturelle, qualités rares
dans une même perfonne, lui
'acquirent avec justice l'estime
& l'amitié de tous les Grands,
& de tous les Sçavans. On trou-
vera dans ce Recueil, plufieurs
Traductions de fa façon.
C

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Sur les bords même de la Seine

Vient pour lui me dicter ces Vers.

܀܀

Di fes exploits, di fon courage Connu des Indes aux Lappons, Ces fleuves paffez à la nage Où les Cefars cherchoient des ponts. Comment par un prodige extrême Ce torrent s'arrêta lui-même Prêt d'inonder tant de climats; Et comment toûjours admirable, Louis dans la paix eft aimable, Autant que craint dans les combats..

Fai voir l'audace reprimée
Des duels trop long-tems foufferts,
Themis par fes foins reformée,
Et la Chicane dans les fers.
Décri-nous les beautez nouvelles
Que le pinceau de nos Appelles
Par fon ordre étale à nos yeux;
Et grave au temple de Memoire
Ces Palais qui portent fa gloire
Avec leurs faites dans les Cieux.

* Que de merveilles! que de charmes Je découvre dans ce Héros ! Toujours du feul bruit de fes armes Ne réfonnent pas les échos: Toujours l'Espagne & la Hollande Ne compofent pas fa guirlande D'un penible & fanglant Laurier. Il eft de plus nobles batailles Qui fans canons, fans funerailles, Couvrent de palmes ce Guerrier.

܀܀

* On a vú du tems de nos Peres

Un monftre forti des Enfers,

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En vain nos Rois avoient contre-elle

Employé le fer & le feu,

Sa défaite attendoit le zele

De leur invincible Neveu.

Sans armes plus puißant qu'Alcide
Louis de cette Hydre homicide,
Triomphe jufques dans fes forts;
Ils trébuchent à sa parole ;
L'Erreur par les brêches s'envole,
Et du Styx regagne les bords.

* Plus de defordre, plus de trouble Le divorce eft dans le tombeau, La Houlette enfin n'est plus double, w Même Pafteur, même Troupeau. GRAND ROI, la Difcorde étouffée De ta prudence eft le trophée, Ce n'eft pas un coup de hazard;

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