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Mais lorsqu'entre deux chefs l'ambition cruelle 'Allume pour le trône une injuste querelle,

Les différens partis de ce peuple nombreux
Nous découvrent bientôt leurs desseins belliqueux.
Ils s'excitent l'un l'autre, & leur clameur aigue
Imite du clairon la voix interrompue.

Ils préparent leur vol, dardent leurs aiguillons,
Se rangent près du Roi, serrent leurs bataillons,
Et des deux souverains les cohortes fidelles
Marchent à l'ennemi qui s'avance contr'elles.
Un beau jour de printems est le signal pour eux;
Chefs, soldats, tout se mêle avec un bruit affreux,
Des deux côtés la rage est égale à la perte;
De morts précipités l'herbe tendre est couverte,
Ainsi tombe la grêle, ainsi pendant l'hiver
Des chênes secoués tombe le fruit amer.
L'audace des deux Rois dans le péril s'enflamme
Petits, foibles de corps,
leur force est dans leur ame

Ils volent dans les rangs, échauffent le soldat,
Jusqu'au dernier instant que finit le combat.
Et toutefois dans l'air un seul jet de poussière,
Suffit pour appaiser cette fureur guerrière.

Immolez sans pitié le Monarque vaincu; Pour le bien de l'Empire il n'a que trop vécu.

Dede neci : melior vacuâ sine regnet in aulâ.
Alter erit maculis auro squalentibus ardens:
(Nam duo sunt genera) hic melior, insignis & ore,
Et rutilis clarus squamis : ille horridus alter
Desidiâ, latamque trahens inglorius alvum.
Ut binæ regum facies, ita corpora gentis.

Namque aliæ turpes horrent, ceu pulvere ab alto
Cùm venit, & terram sicco spuit ore viator
'Aridus: elucent aliæ, & fulgore coruscant,
'Ardentes auro, & paribus lita corpora guttis.
Hæc potior soboles: hinc cœli tempore certo
Dulcia mella premes; nec tantùm dulcia, quantùm
Et liquida, & durum Bacchi domitura saporem.

At cùm incerta volant, coloque examina ludunt, Contemnuntque favos, & frigida tecta relinquunt; Instabiles animos ludo prohibebis inani. Nec magnus prohibere labor; tu regibus alas Eripe: non illis quisquam cunctantibus altum Ire iter, aut castris audebit vellere signa.

Invitent croceis halantes floribus horti,
Et custos furum atque avium cum falce salignâ
Hellespontiaci servet tutela Priapi.

Il faut à des sujets un Roi digne de l'être.
'A des signes certains vous saurez le connoître.
Sur son dos tacheté brillent l'or & l'émail;

L'autre, lâche & pesant, fuit toujours le travail.

A ses Rois différens chaque espèce est semblable;
L'une, que de son corps le poids informe accable,
Nourrit dans le repos sa livide pâleur;

L'autre éblouit les yeux par sa vive couleur.
Elle est active, ardente, & sa trompe fertile,
Quand la saison le veut, abondamment distile,
Dans des tuyaux de cire, un miel fluide, pur,
Qui dompte l'âpreté d'un vin sauvage & dur.

Lorsque malgré vos soins la nation volage Méprise sa demeure, & quitte son ouvrage, Hâtez-vous d'y pourvoir; de ces peuples légers, Sans peine on interrompt les écarts passagers. Coupez l'aîle à leur Roi: vous verrez ses cohortes Rentrer & du palais ne plus quitter les portes.

Pour mieux favoriser leurs goûts & leur essor, Qu'à l'entour un jardin leur offre son trésor, Et que Priape, armé de sa faulx menaçante, Ecarte des oiseaux la troupe dévorante.

Ipse thymum, pinosque ferens de montibus altis,
Tecta serat latè circum, cui talia curæ:

Ipse labore manum duro terat, ipse feraces
Figat humo plantas, & amicos irriget imbres.

Atque equidem, extremo ni jam sub fine laborum Vela traham, & terris festinem advertere proram, Forsitan & pingues hortos quæ cura colendi Ornaret, canerem, biferique rosaria Pæsti; Quoque modo potis gauderent intiba rivis, Et virides apio ripe, tortusque per herbam Cresceret in ventrem cucumis : nec sera comantem Narcissum, aut flexi tacuissem vimen acanthi, Palentesque hederas, & amantes littora myrtos.

Namque sub baliæ memini me turribus altis Quà niger humectat flaventia culta Galesus, Corycium vidisse senem, cui pauca

relicti

Jugera ruris erant; nec fertilis illa juvencis,
Nec pecori opportuna seges, nec commoda Baccho.
Hic rarum tamen in dumis olus, albaque circum
Lilia, verbenasque premens, vescumque papaver
Regum æquabat opes animis, serâque revertens

Vos soins seront parfaits, si des côteaux voisins,
Des arbres transplantés protègent vos essaims;
Si le thim croît pour eux, si des plantes fleuries
Par vos arrosemens dans ce lieu sont nourries.

Jardins, trône éternel de la fertilité,

Pour chanter vos présens & leur variété,

J'interromprois mon cours, si l'onde & les étoiles
Vers le port qui m'attend, ne ramenoient mes voiles.
Je peindrois le rosier, le myrte, amant des eaux,
L'ache, dont la verdure entoure vos carreaux 2,
La feuille du narcisse à se montrer si lente,
La pâleur du lierre, & les plis de l'acanthe.

Aux lieux où le Galèse humecte tant de fruits, J'ai vu sous les remparts que Phalente3 a construits, Un vieillard étranger, qui n'avoit en partage Qu'un champ d'abord sans maître, infertile héritage, Rebelle aux vignerons, ingrat pour les troupeaux, Et qui du laboureur repoussoit les travaux. Loin d'occuper son tems d'une culture vaine, Il sema des pavots, des lys, de la verveine, Des légumes divers arr angés avec choix, Et pour lui ces trésors égaloient ceux des Rois.

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