I Les Sénateurs Sabins, & tous moins dociles pour les ordres du Romulus victorieux de cette partie des Sabins, voulut regnertrop impérieufement fur fes Sujets & fur un peuple nouveau qui vouloit bien lui obeïr, mais qui prétendoit qu'il dépendît lui-même des Loix dont il étoit convenu dans S l'établissement de l'Etat. Ce Prin7 ce au contraire rappelloit à lui feul toute l'autorité qu'il eût dû C. S. partager avec le Sénat & l'Assem• bléedu Peuple. Il fit la guerre à Plin. 1.3. ceux de Comerin, de Fidene, & à ceux de Veïe, petites villes comprifes entre les cinquante - trois peuples, que Pline dit qui habi. toient l'ancien Latium, mais qui étoient fi peu confiderables qu'à peine avoient-ils un nom dans le tems même qu'ils fubfiftoient,fi Virgil, on en excepte Veie ville célébre neid. 1. 6. de la Tofcane. Romulus vainquit ces peuples les uns après les autres, prit leurs villes, dont il ruina quelques unes, s'empara d'une partie du territoire des autres, dont il difposa depuis de fa feule autorité. Le Sénat en fut offensé, & il fouffroit impatiemment que le gouverne ment fe tournât en pure MonarAn. 37. chie. Il fe défit d'un Prince qui de Rome, devenoit trop abfolu. Romulus âgé de cinquante cinq ans, & après trente-fept de regne, difparut, fans qu'on ait pû découvrir de quelle maniere on l'avoit fait pé-rir. Le Sénat qui ne vouloit pas qu'on crût qu'il y eût contribué, lui dreffa des autels après fa mort & il fit un Dieu de celui qu'il n'a voit Rome. voit pû fouffrir pour Souverain. L'autorité royale, par la mort de Romulus, fe trouva confondue An. 38. de dans celle du Sénat. Les Sénateurs convinrent de la partager, & chacun fous le nom d'entre-Roi gouvernoit à fon tour pendant cinq jours, & joüiffoit de tous les T. Liv. 1. honneurs de la fouveraineté. Cet- 1. dec. 1. te nouvelle forme de gouvernement dura un an entier, & le Sénat Plut. in ne fongeoit point à fe donner un Numa Pomp. nouveau Souverain. Mais le peuple qui s'apperçut que cet interregne ne fervoit qu'à multiplier fes maîtres, demanda hautement qu'on y mît fin: il fallut que le Sénat relâchât à la fin une autorité qui lui échappoit. Il fit propofer au peuple, s'il vouloit qu'on procedât à l'élection d'un nouveau Roi, ou qu'on choisît seulement des Magiftrats annuels qui gouvernaffent l'Etat. Le peuple par efti¬ me & par déférence pour le Sénat, lui remit le choix de ces deux fortes de gouvernemens. Plufieurs Sénateurs qui goûtoient le plaifir de ne voir dans Rome aucune dignité au-deffus de la leur, incliB Tome 1. noient pour l'Etat Républicain; mais les principaux de ce Corps qui afpiroient fecretement à la Couronne, firent décider à la pluralité des voix qu'on ne changeroit rien dans la forme du gouvernement. Il fut réfolu qu'on procederoit à l'élection d'un Roi ; & le Sénateur qui fit le dernier durant cet interregne, la fonction d'entre-Roi, adreffant la parole au peuple en pleine affemblée, lui dit: Elifez un Roi, Romains, le Sénat y confent; & fi vous faites » choix d'un Prince digne de fuc» céder à Romulus, le Senat le » confirmera dans cette fuprême dignité. On tint pour cette importante élection une affemblée générale du peupleRomain. Nous croyons qu'il ne fera pas inutile de remarquer ici qu'on comprenoit fous ce nom d'Affemblée du peuple, non feulement les Plébeïens, mais encore les Sénateurs, les Chevaliers, & généralement tous les Citoyens Romains qui avoient droit de fuffrage, de quelque rang & de quelque condition qu'ilsfuffent. C'étoient comme les Etats در از généraux de la nation, & on avoit appellé ces affemblées, affemblées du peuple, parce que les voix s'y comptant par tête, les Plebeïens feuls plus nombreux que les deux autres Ordres de l'Etat décidoient ordinairement de toutes les délibérations, qui dans ces premiers temps n'avoient cependant d'effet qu'autant qu'elles étoient enfuite approuvées par le Sénat:telle étoit alors la forme qui s'obfervoit dans les élections: celle de fucceffeur de Romulus fut fort conteftée. Le Sénat étoit compofé d'anciens Sénateurs & des nouveaux qu'on y avoit aggrégez fous le re-. gne de Tatius, cela forma deux partis. Les anciens demandoient un Romain d'origine; les Sabins qui n'avoient point eu de Roi depuis Tatius, en vouloient un de leur nation. Enfin après beaucoup de conteftations, ils demeurerent d'accord que les anciens Sénateurs nommeroient le Roi de Rome, mais qu'ils feroient obligez de le choifir parmi les Sabins. Leur An de Roa choix tomba fur un Sabin de la me 39. S ville de Cures, mais qui demeuroit |