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donner au mal, le conferva irrépré- CH.XVIII. henfible devant Dieu. Il fut toujours obéiffant aux commandements du Trèshaut, qui daigna faire alliance avec lui, & qui voulut que le fceau de cette alliance fût imprimé fur fa chair par la Circoncifion. Il fut trouvé fidelle dans Heb.11.17. la plus rude de toutes les épreuves, & &. la Sageffe lui donna la force de vaincre la tendreffe qu'il reffentoit pour fon fils unique. Car il l'offrit en facrifice, lui qui avoit reçû les promeffes de Dieu, & à qui il avoit été dit, C'eft d'Ifaac que fortira la race qui doit porter vo tre nom. Mais il étoit perfuadé par la foi,qué Dieu pouvoit le reffufciter après fa mort. Auffi lui fût-il rendu comme une figure de ce qui devoir arriver ; & Dieu lui promit avec ferment de lui donner une postérité qui feroit fa gloire, de multiplier fes defcendants comme la pouffiére de la terre, de les égaler en nombre aux étoiles, & d'étendre leur partage depuis une mer jufqu'à l'autre, & depuis le fleuve jufqu'aux extrémitez du monde.

Eccli. 44.

V. 22.

Dieu bénit de même Ifaac à caule Eccli.44.246 d'Abraham fon pére. Il étoit âgé de quarante ans, lorfqu'il époufa Rebecca. Ils furent vingt ans enfemble fans avoir d'enfants parce que Rebecca étoit fté

tile. Enfin le Seigneur exauça les priể CH.XVIII. res qu'Ifaac lui faifoit pour fa femme,.. & elle devint groffe de deux jumeaux. Mais ces enfants s'entrechoquoient dans fon fein, ce qui lui fit dire: Si cela de voit m'arriver,. qu'étoit-il befoin que je conçûffe Elle alla donc confulter le Seigneur, qui lui répondit: Il y a deux nations dans votre fein; & il en fortira deux peuples qui feront divifez l'un contre l'autre. L'un des deux aura l'avantage; & l'aîné fera affujetti au plus jeune. Lorfque le temps de fes coude 2168. ches fur arrivé, l'enfant qui vint au monde le premier, étoit roux, & tour velu comme une peau de bête. On le nomma Efau. L'autre fortit auffitôt tenant de fa main le pied de fon frére. Il fut nommé Jacob. Quand ils furentgrands, Efau devint habile chaffeur, & il étoit toujours dans les champs; mais Jacob, homme fimple & paifible, de-. meuroit à la maifon. Ifaac aimoit Efau, parce qu'il lui faifoit manger de sa chaffe & Rebecca aimoi Jacob.

An du mon

Un jour que Jacob avoit apprêté un plat de lentilles, Efau qui revenoit des champs las & affamé, le pria de lui dons ner de ce mets. Jacob lui dit : Ven-. dez-moi votre droit d'aîneffe. Efau y confentit. Je m'en vais mourir, dit-il

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à quoi me fervira mon droit d'aînesse ?
Jacob dit: Jurez-le moi donc tout à CH.XVIII.
l'heure. Et il le lui jura. Jacob lui don-
na du pain & le plat de lentilles. Efai
mangea & bût, & s'en alla, fans fe
mettre beaucoup en peine de ce qu'il
avoit vendu fon droit d'aîneffe. Il épou
fa à l'âge de quarante ans ; deux fem
mes du pays de Chanaan, qui furent
un grand fujet d'amertume pour Ifaac ·

& Rebecca.

ECLAIRCISSEMENTS ET REFLEXIONS.

[Abraham épousa une autre femme appellée Cethura, dont il eut plufieurs enfants. ]

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Trois chofes furprennent également dans ce récit de l'Ecriture; le mariage d'Abraham avec Cethura dans un âge fi avancé le nombre des enfants qu'il eut de cette femme ( car l'Ecriture en nomme fix) enfin fa conduite à l'égard de tous ces enfants, qu'il oblige de fortir de fa inaifon, & de fe contenter de quelques préfents. Comment un homme auffi chaste & auffi faint qu'Abraham, après la mort de Sara, dont la mémoire devoit lui être fi chére, épou fe-t-il une jeune femme, fans penfer à fa vieil effe? Comment eft-il poffible qu'il en ait plufieurs enfants, lui dont le corps, avant l'âge de cent ans, étoit comme mort, felon S. Paul, & qui n'étoit devenu pére d'Ifaac que par miracle? Comment enfin ce pére plein de tendreffe, qui avoit eu tant de peine à bannir de fa maison Agar efclave & Ifmack, & à qui il

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22.

n'avoit pas moins fallu qu'un exprès comman dement de Dieu pour l'y réfoudre, fe hâte-t-il d'en faire fortir tous les enfants nez de Cethu. ra femme libre, qui devoient lui être d'autant plus chers, qu'il les avoit vû naître dans fon extrême vieilleffe?

De ces trois queftions, la feconde eft la plus facile à réfoudre; & c'eft par là que je commencerai. Il'eft en effet furprenant qu'un homme enqui là vertu d'engendrer étoit niorte & éteinte à l'âge de cent ans, ait eu des enfants plus de quarante ans après. Mais puifque nous fçavons par l'Ecriture que la naiffance d'Ifaac fut l'effet miraculeux d'un renouvellement de vigueur dans Abraham, & d'une espèce de résurrection, tant d'enfants nez de lui dans un âge beaucoup plus avancé, font une preuve manifefte que ce renouvellement ne fut pas un miracle paffager, mais fubfiftant jufqu'à la fin de fa vie.

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A l'égard des deux autres difficultez, l'idée que nous avons de la fainteté d'Abraham 5 nous permet pas de le foupçonner, ni d'incon-. tinence dans fon nouveau mariage, ni de dureté & d'injuftice envers fes enfants. Mais comme la vie des Patriarches, & celle d'Abraham en particulier, a été prophétique ; nous ne pouvons douter que ce troifiéme mariage ne fût comme les deux premiers, pour représenter quelque mystére. Nous n'avons pour cela qu'à fuivre l'ouverture que S. Paul nous a donnée dans l'Epître aux Galates.

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Si ce faint Apôtre n'avoit connu par une lumiére divine le mystére figuré par Agar & Sara; perfonne n'eût rien vû que d'humain & de dur dans la conduite d'Abraham. Mais de puis qu'il nous a fait voir dans ces deux fem-. mes, les deux alliances, dont l'une ne produit

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que dés efclaves, & l'autre donne des enfants qui aiment & font aimez, qui naiffent en ver CH.XVIII. tu de la promeffe, & non, comme Ifmael, par

les caufes naturelles ; ces deux objets qui renferment le fond de la Religion Chrétienne, en-nobliffent & divinifent des chofes en apparence très-baffes, & même très-choquantes.

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Mais s'il n'y avoit point de milieu entre Re: les four l'intellig. de Agar & Sara, entre Ifmacl & Ifaac ; on auroit l'Ecr.. pû conclurre que tous ceux qui naiffent de l'Eglife chrétienne figurée par Sara, font infailliblement fauvez, & parviennent tous également à l'héritage éternel comme Ifaac. Pour prévenir cette erreur des anciens difciples de Simon le Magicien & des Proteftants d'aujourd'hui, Dieu nous montre, outre les ef claves figurez par Ifmael, & les enfants éternels figurez par Ifaac, d'autres enfants temporels, qui naiffent d'Abraham par une fécon-dité miraculeufe; qui ont part à la foi & à son efpérance; mais qui ne font pas héritiers; parce qu'ils renoncent volontairement aux biens attendus par Ifaac; & qu'ils ne perfévérent pas. dans la foi & la juftice, dont ils ont eu d'heureux commencements; finiffant par la chair; quoiqu'ils ayent commencé par l'efprit. Il fal foit une troifiéme femme pour figurer ces hom mes, que Jefus-Chrift appelle temporels. Cethura Mat, 4, 17.avec la nombreuse famille a été choifie pour Lignifier & prédire leur état.

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L'Eglife Chrétienne renferme dans fon fein, Regies pous des hommes nez d'Agar, de Sara, & de Cel'intellig, de l'Ecrit. thura. Car elle a des efclaves, qui ne font retenus que par la crainte, & qui haïffent la Loi qui les contraint & les gêne. Elle a des prédeftinez, qui arriveront certainement au falut, mais qu'elle ne difcerne point, & qui font in-

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