AN. 1168. de l'empire Grec en qualité d'apocrifiaire vint trous ver le pape à Benevent, lui presenta de grandes son maître la couronne imperiale. La même année le pape Alexandre follmit à l'éConversion des vêque de Roschid l'isle de Rugen nouvellemene Helmod. lib.11. convertie. Car Valdemar roi de Danemarc leva des troupes & armá des vaisscaux pour subjuguce les Sclaves Rugiens habitans de cette isle. Il alliégea leur capitale , nommée Arcon, mais inconnuë aujourd'hui , & la prit à composition. Les premiers articles de la capitulation furent, qu'ils livreroient au roi leur idole nommé Suantovit avec tout fon trésor, qu'ils délivreroient sans rançon les Chrétiens captifs & embrasseroient eux-mêmes la reli, gion Chrétiene ; qu'ils donneroient aux égliscs lcs terres consacrées à leurs faux dieux. Suançovit que LIV. C.12. Saxo.lib. 14. t. 287. V. Pagi. an. 1164. 96. 13. Helm. 1. c. 6. Liv.XLVII.N sai ces barbares tenoient pour le premier de leurs AN. 1168. dieux, étoit originairement le martyr S. Vitus, que l'église honore le quinziéme de Juin. Les pre-sp.lib. 271. miers qui porterent la foi Chrétiene dans l'église de Rugen étoient des moines de Corbic en Saxe, où les reliques de ce martyr avoient été transferées. Ces moines y aïant fait quelques conversions du tems de Louis le Germanic, y fonderent une église sous l'invocation de leur saint patron, mais ces peuples étant retombez dans l'idolâtrie, oublierent je vrai Dieu & mirent à sa place ce martyr , qu'ils nommerent en leur langue Suantovit , & en frent une Idole. Tant il est dangereux d'enseigner troptôt à des idolâtres le culte des saints & de leurs images, avant que de les avoir instruits à fonds & affermis dans la connoissance du vrai Dieu. Suantovit avoit un temple magnifique pour le païs au milieu de la ville d'Arcon , son idole étoit de taille gigantesque & avoit quatre têtes , dont deux regardoient devant & deux derriere. A fa main droite il tenoit une corne ornée de diffcrentes sortes de métaux , le pontife l'emplissoit de vin tous les ans , & selon que ce vin diminuoit ou .non, il prédisoit la sterilité ou la fertilité de l'année. On sacrifioit à cette idole des animaux, dont on faisoit ensuite de grands festins ; & on lui immoloit même des hommes, mais seulement des Chrétiens. Tout le païs lui apportoit des offrandes que la ville d'Arcon cut capitulé, Saxo. p. 192. An. 1168. Valdemar envoïa devx officiers pour la démolition de ce colosse, & ils recommanderent bien à leurs gens d'user de précaution pour n'être pas accablez de la chute, ce que les barbares n'auroient pas manqué d'attribuer à la puissance de leur dicu & à la punition du sacrilege. L'idole étant tombée avec un grand fracas , fut tirée hors de la ville & traînée dans le camp des Danois , où elle fut le spectacle de toute l'armée ; le soir on la mit en piéces , & le bois dont elle étoit composée fervit au feu des cuisines. Ensuite on brûla le temple qui étoit aussi de bois ; & celui des machines qui avoient servi au siége , fut emploïé à bâtir une église. On en fonda jusques à douze dans le païs & on y établit des prêtres. Le roi Valdemar fuit secondé en cette occasion par deux évêques qui l'accompagnoient, Absalom de Rolchild, & Bernon de Meclebourg. Le prince des Rugicns nommé Jaremar, aida beaucoup à la conversion de ses sujets. Car dès qu'il fut instruit de la religion il courut avec ardeur au baptême, & ordonna à tous les siens de le recevoir avec lui : ensuite il prêchoit lui-même cc peuple farouche , pour l'amener, soit par raisons, soit par menaces à la douceur du Christianisme. Car de tou. toute la nation des Sclaves , les Rugiens seuls étoient démcurez jusques alors dans les tenebres de l'idolâtrie , leur habitation dans une isle étant d'un accès difficile. Leur conversion arriva l'an 1168. & c'est le dernier évenement considerable de la cronique des Sclaves , composéc par le prêtre Helmod & commençant à Charlemagne, Helm.c.13 Le papo L V. an. 1168. Le pape Alexandre aïant apris par les lettres du AN. 1163, roi Valdemar l'heureux succés de son entreprise & la conversion des Rugiens, écrivit une lettre à Absalom évêque de Roschild, où il dit : Comme cette magne. ifle est trop petite pour avoir un évêque particulier, le roi à la priere de ce peuple nous a prié de vous en donner la conduite pour le spirituel : nous en avons aussi été priez par Elquil archevêque de Londen & legat du saint liége, par les évêques & les seigneurs du roïaume & par l'archevêque d'Upsal : c'est pourquoi nous vous commettons à perpetuité le gouvernement spirituel de cette isle. La lettre cft dartée de Benevent le quatriéme de Novembre 1168. La même année au mois d'octobre mourut Chr. Alb. Stard. Hartuic archevêque de Breme, & cette église Hip arch. se trouva divisée par une double élection : les uns élurent Sifrid fils d'Albert l'Ours marquis de Brandebourg , les autres le doïen Obert : mais les deux élus furent obligez de se retirer par l'autorité du duc de Saxe. Ensuite l'empereur tint une cour à Bamberg où les deux élections furent cassées & Baudouin prevôt d'Halberstat fut intrus dans le fiége de Breme par la volonté du duc , à qui il abandonna les biens de cette église. Il fut ordonné par les schismatiques, reçût le pallium de l'antipape , & tint le siége de Breme dix ans. Sifrid fut éveque de Brandebourg. En Baviere , Conrad archevêque de Salsbourg an.chus mourut la même année 1168. le vingt-huitiéme de Septembre , aprés avoir beaucoup souffert pour la Tome XV, Brem. p. 105. Chr. Riherps An. 1169. défense de l'église catholique de la part de l'empereur Frideric son cousin germain & des schismatiques : car ce prelat avoit toûjours reconnu le pape Alexandre. On élut pour lui fucceder Albert son neveu fils de Ladislas roi de Bohême , par un commun consentement du clergé , des officiers & du peuple. Albert n'étoit que diacre & encore jeune : il fut intronisé dans le siége de Salsbourg le jour de la Toussaints ; & l'année suivante 1169. il fut ordonné prêtre & ensuite archevêque le quinziéme de Mars samedi des quatre-tems de carême par Uldaric patriarche d'Aquilée. Peu de tems aprés on lui aporta le pallium de la part du pape Alexandre. LIVRE SOIXANTE-DOU ZIE'ME. I. Conference de Montmirail. V an. 1168. 1169. Er s la fête de Noël 1168. il y eur des pro positions de paix entre le roi de France & Gerval. Dorob. le roi d'Angleterre , portées de part & d'autre par des ecclesiastiques & des religieux leurs sujets : & pour conclure le traité on marqua une conference au jour de l'Epiphanie de l'année suivante. Ce jour donc les deux rois s'assemblerent à Montmirail au Maine , & la paix y fut confirmée. Le roi d'Angleterre , dit au roi de France : Seigneur, en ce jour où trois rois ont offert des presens au roi des rois, je me mets fous vôtre protection avec mes enfans & mes états. Alors Henri son fils aîné s'approcha & reçût du roi de France la feigneurie ر |