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qui étoit relatif à une tête imprimée fur une tablette qui a été féparée du rouleau. Dans l'état où il fe trouve, il est compofé de huit tablettes, qui forment autant de moules entiers qu'on apperçoit de petits trous dans la hauteur du cylindre.

Dès que j'eus ces moules, j'effayai d'y faire couler de l'étain, pour voir quel voir quel en feroit l'effet. Quand je le crus fuffifamment refroidi, je féparai tous les moules avec une fcie très-fine. Mais ils ne me donnérent que des piéces informes, parce que leur capacité fe trouvoit à demi remplie par de la terre qui s'y étoit introduite. Je nettoyai chaque tablette en particulier. Je les remis chacune en leur place, les luttai de nouveau, & y ayant fait couler de l'étain, j'en retirai les fept médailles qui font représentées dans cette Planche. Je répétai fouvent la même expérience, le fuccès en fut toûjours le même, & j'en conclus que les mêmes moules avoient pû fervir plus d'une fois. Ceux-ci confervent l'empreinte de quelques médailles déja connues, & ils paroiffent avoir été fabriqués dans l'intervalle de temps où Caracalla & Géta regnoient ensemble. Ils offrent des médailles de ces Princes, de Julia Domna leur mere, & de Julia Mæfa qui y eft nommée Augufte. Ce qui feroit penfer que ce n'eft pas fous l'Empereur Hélagabale que Julia Mæsa a reçû ce titre, comme on le croit communément, mais qu'elle l'avoit déja obtenu de Septime Sévère par le crédit de Julia Domna, dont elle étoit fœur. Hérodien, 1. 5. Il eft du moins conftant qu'elle fut particuliérement refpectée de ce Prince, & que pendant fon regne & celui de Caracalla fon fils, elle eut un appartement dans le Palais de l'Empereur. Mais fans infifter davantage fur cette conjecture, je vais examiner l'ufage auquel ces moules étoient deftinés.

Sav. Difcours for les Méd. p. 31.

Le Pois, Savot & d'autres Antiquaires ont imaginé que Le Pois, fol. 10. les Anciens fe fervoient de coins & de moules pour pour fabriquer les médailles; qu'ils jettoient d'abord les matiéres

dans des moules où elles recevoient le contour, l'épaiffeur & une premiére ébauche du type; qu'après avoir recuit ces piéces au feu, ils les ajuftoient & les rengrenoient à des coins gravés plus profondément que ne l'étoient les moules, & que par le moyen du marteau ils leur donnoient un relief plus confidérable & une plus grande perfection. Ces procédés font poffibles, mais le temps qu'ils auroient exigé dans des circonftances où il étoit nécelfaire de multiplier au plûtôt l'efpéce, les auroit rendus impraticables. Hift. de l'Acad. Auffi M. Mahudel, qui a réfuté le fentiment dont je viens de rendre compte, a-t-il penfé que les moules l'on a que découverts, avoient fervi à de faux Monnoyeurs. Quelque probable que foit fon opinion, je crois qu'il me fera permis de m'en écarter pour en embraffer une autre, qui, ce me femble, n'a jamais été bien approfondie.

des Infcript. tom. 3. pag. 221.

&

Je penfe donc que les Romains avoient des monnoies frappées au marteau, & d'autres fimplement jettées en moule; que dans certaines fabriques, & dans certains temps, on a préféré l'une de ces deux maniéres à l'autre, que ce double usage ne leur étoit pas particulier, puifque nous avons des médailles des Rois d'Egypte, de Syrie & de Judée, dont les unes font gravées avec des coins, & les autres fimplement moulées, & qu'on apperçoit la même différence fur les médailles que quelques villes Grecques ont fait du temps des Empereurs. Mais pour donner plus de jour à cette idée, observons, 1o. que parmi les moules qui font venus jufqu'à nous, du moins parmi ceux dont il eft fait mention dans les Auteurs, ou que j'ai vûs en différens cabinets, il n'en eft point qui foit antérieur au regne de Septime Sévère; 2°. que ces moules paroissent avoir été destinés aux médailles d'argent; 3°. enfin que c'eft vers le temps de Septime Sévère que le titre des médailles d'argent commence à baiffer, & que cet affoibliffement va toûjours en augmentant jufqu'à l'Empire de Dioclétien. Ces changemens fucceflifs dûrent produire

deux

deux effets; le premier fut d'empêcher la contrefaction des efpéces en argent. En effet, fi l'on confidère que les médailles de plufieurs des fucceffeurs de Septime Sévère font d'un très-mauvais billon, on aura de la peine à croire que les faux Monnoyeurs euffent voulu rifquer leur vie pour l'appas d'un gain qui ne pouvoit les faire subsister.

Le fecond effet que dut produire le changement arrivé dans le titre de la monnoie d'argent, fut d'engager les Officiers de la monnoie à ne pas donner à cette efpéce la même attention qu'ils donnoient à celle d'or ; à chercher les voies les plus courtes & les moins difpendieufes pour les fabriquer, & par conféquent à préférer plus fouvent à l'usage du coin celui du moule, qui étoit peut-être déja reçû dans certaines fabriques d'Italie, des Gaules, &c.

Les réflexions que je viens de faire m'enhardissent à en propofer quelques autres. On eft étonné de voir qu'il nous refte une si grande quantité de médailles de Princes qui n'ont regné que peu d'années, ou peu de jours. On demande comment on a pû grayer tant de coins dans des intervalles de temps fi limités. Je répondrois volontiers. que la plupart de ces médailles étoient moulées, & dans cette fuppofition rien n'eft plus facile à concevoir, qu'une pareille diligence. Un ouvrier pouvoit graver très-promptement fur un poinçon une tête de relief avec la légende qui devoit l'accompagner, pendant qu'un autre ouvrier préparoit le revers. Il n'importe de quel métal ou de quelle matiére étoit ce poinçon. Il fuffifoi qu'il eût affez de confiftence pour imprimer en creux fur de la terre molle les types qu'il avoit reçûs en relief, & le moule étoit aufsitôt fait. Peut-être même que pour abbréger cette opération, on ne mettoit pas les lettres fur le poinçon, & qu'on fe contentoit de les imprimer dans le moule avec des carac tères mobiles. Les tranfpofitions & les renversemens de lettres qu'on voit fur plusieurs médailles antiques, autoriferoient affez cette conjecture; mais je n'en ai pas befoin

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pour affûrer que le procédé que je viens d'expliquer, ne demanderoit pas deux jours de travail pour être conduit à la perfection, & qu'on a principalement dû le mettre en pratique à l'avénement d'un Prince à l'Empire, & dans ces circonftances où le Souverain devoit souhaiter que la monnoie portât au plûtôt l'empreinte de fon autorité, & où les Officiers Monétaires tâchoient de lui donner des preuves de leur zéle & de leur empreffement. Ce n'eft pas tout à l'exemple de ces cylindres de terre cuite, où les moules de médailles font arrangés dans une correfpondance de têtes & de revers, on pourroit fabriquer des cylindres de cuivre contenant plufieurs moules luttés avec de la terre, ou liés ensemble par des charnières qui en dirigeroient les mouvemens, & fur lefquels on graveroit avec un cizelet une tête & un revers en creux. Cette feconde opération feroit auffi prompte que facile, & j'en garantirois l'exécution.

On m'oppofera peut-être que fuivant mon sentiment il devroit fe trouver plufieurs médailles Impériales d'or & d'argent avec des caractères de moulure, tels que la légé reté du poids, la trace du jet fur les bords, les foufflures dans le champ, &c. mais on pourroit faire la même difficulté à ceux qui regardent les moules que l'on a découverts, comme l'ouvrage des faux Monnoyeurs. Puifque ceux-ci nous ont laiffé beaucoup de médailles fourrées, ils devroient également nous en avoir laiffé une grande quantité de moulées. D'ailleurs il n'eft pas aifé de diftinguer ce dernier genre de médailles, après un long efpace de fiécles. En circulant dans le commerce, en reftant dans les en

trailles de la terre, elles perdent plufieurs caractères diftinctifs de leur fabrication. Les bords s'arrondiffent également; le champ poli par le fret, ou attaqué par les fels de la terre, préfente une furface unie, ou ne laiffe plus diftinguer les foufflures & les petits pores que le moule produit. A l'égard du poids on fçait les différences infinies

qui fe trouvent à cet égard dans les médailles d'un même Empereur.Je crois donc que parmi les médailles anciennes qui nous reftent, il y en a beaucoup qui n'ont pas été frappées au marteau. Mais c'est aux Antiquaires qui joignent à d'autres connoiffances celle du métal, à juger de mes vûes & des conféquences que j'en ai tirées.

PLANCHE CVI.

CE morceau d'une frise en mofaïque eft abfolument pareil à un autre du même travail, de la même proportion, & d'une beaucoup plus grande étendue, que M. le Duc de S. Aignan a rapporté de Rome au retour de fon Ambaffade. Ils ont été trouvés, il y a quelques années, à Tivoli. Ils formoient, à ce que l'on affure, l'encadrement du pavé d'un temple, & prouvent aujourd'hui que l'on n'avoit rien épargné pour le rendre magnifique.

Tous les Recueils d'antiquités nous indiquent la magnificence des Romains dans le pavé de leurs temples, de leurs bains & de plufieurs piéces de leurs maifons. Ce travail eft trop connu pour me permettre de m'étendre fur une opération fi parfaitement retrouvée; car on peut dire avec vérité que les Modernes compofent les mofaïques avec une précision & un goût fupérieurs aux ouvrages en ce genre. L'admirable exécution des tableaux de S. Pierre de Rome fixera toûjours avec étonnement les regards des Curieux; elle tient du prodige, & fera connoître à la postérité la plus reculée le mérite des Peintres modernes dans toutes les parties de leur Art. Quoique cette opération ne foit en effet qu'un ouvrage de patience qui confifte à tailler les cubes, & à les choisir juftes pour les teintes; il faut convenir que nous avons une grande obligation aux ouvriers qui s'y font appliqués, & plus encore à ceux qui les ont mis en état de fe perfectionner dans ces fortes d'ouvrages, qui ne fçauroient qu'être fort chers, à cause du à caufe du temps qu'ils exigent.

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