qua au ciel, qu'alors il étoit tombé un morceau de grêle dans fa bouche, qu'elle l'avoit avallé & que devenue encein- Après J. C. te, elle avoit mis au monde cet enfant à dix mois. Elle conferva fa vie par ce menfonge; mais le Tartare ne voulut point entendre parler de l'enfant que la mere fit éléver fecretement. Lorfqu'il fut parvenu à l'âge de torze ou quinze ans, il deffendit avec tant de courage les troupeaux de fa famille contre des brigands qui venoient pour les enlever, qu'il commença à fe faire connoître ; plufieurs braves fe joignirent à lui, bien-tôt il se vit à la tête de toute fa nation, lui donna des loix & étendit au loin les bornes de fa domination. Les pays qui font depuis la Chine jufques affez avant dans la Siberie, & depuis la mer orientale jufqu'à la riviere d'I-li lui étoient foumis; c'eft-à-dire, qu'il étoit le maître de tout ce que les Huns poffedoient autrefois au nord de la Chine. L'étendue de cette nouvelle puiffance força les Huns de paffer à l'ouest de la riviere d'I-li & de quitter tous ces pays orientaux pour fe refferrer d'avantage dans ceux qu'ils poffedoient déja du côté de l'Europe. chou. Kam-mo. Ven-bien Tan-che-hoai mourut à l'âge de quarante-cinq ans, fon L'aniso. fils Ho-lien, Prince fans talens & livré uniquement à la Heou-bandébauche lui fuccéda, & fut tué dans une expédition Lie-tai-kiqu'il fit vers le nord. Kiao-man fils de Holien étoit trop Su. jeune pour être à la tête des Sien-pi, Kouei-teou fon coufin fut mis à fa place, cette préférence devint dans la tum-kao. fuite la fource de beaucoup de troubles; mais malgré les prétentions de Kiao-man, l'autre mourut en poffeffion de I'Empire & le laiffa à fon frere Pou-tou-ken qui vivoit encore l'an deux cens vingt-fept de J. C. Pendant fon regne la puiffance des Sien-pi étoit tellement diminuée dans la Tartarie que leur Empire finit à la mort de ce Prince qui fut tué par fes fujets. L'an 233. tum-kao. Il fe formoit alors dans les contrées feptentrionales une Ven-bienmonarchie qui devenue dans la fuite beaucoup plus puiffan- Kam-mote, s'établit fur les ruines des Sien-pi & s'empara de tout Lie-tai-ki l'ancien pays des Huns. Ces Peuples nommés Topa dont u il a été déja fait mention étoient compofés d'un grand nombre de Hordes des Sien-pi, & avoient la même origine que ces derniers ; quoiqu'alors ils fiffent une nation différente. Ils portoient encore le nom de So-teou & venoient des pays fitués dans le fond du nord au-delà du fleuve Amour: de-là ils s'étoient avancés plus au midi dans le pays des Huns, & enfuite fous le regne de leur L'an 261. Roi nommé Lie-vi, ils étoient venus fe cantonner dans les environs de Ta-tong-fou dans le Chanfi & s'étendoient à l'eft & à l'oueft dans la Tartarie. Ils y devinrent fi puiffans dans la fuite qu'ils s'emparerent de toutes les contrées orientales & de l'ancien pays des Ou-fiun qui eft arrofé par la riviere d'I-li. L'an 318. Après J. C. Voyez les tables. Ven-bientum-kao. Quoique le Tanjou eût établi fa principale demeure dans le pays d'Yue - pan ou des Baschkirs, les Huns ne laiffoient pas de s'étendre le long de la mer Cafpienne dans le Maouarennahar jufqu'à la riviere d'I-li, d'où ils faifoient de tems en tems des courfes vers Hami & la Province de Chenfi. L'établissement des Sien-pi ne leur permit plus de pénétrer fi avant dans l'Orient, & ils furent obligés de fe renfermer dans les pays fitués à l'ouest de 1'I-li. Les Topa qui fuccéderent aux Sien-pi, refoulerent en quelque façon ceux-ci & quantité d'autres Tartares fur les Huns, qui par-là furent contraints de fe rapprocher d'avantage de l'Europe. Le refoulement de toutes ces Nations orientales vers l'oueft & le nord-oueft a dû occafionner dans l'Empire Romain ces grandes irruptions dont il eft parlé dans l'hiftoire & qui furent la caufe de fa ruine. Tous ces barbares, parmi lefquels ont dû fe trouver les anciens habitans du nord de l'Europe auront été obligés ou de fe mêler avec les Huns & les autres Tartares, ou de leur abandonner leur pays alors trop fréquemment expofé aux incurfions de ces étrangers, & de defcendre plus au midi fur les terres des Romains; car il n'y a pas lieu de croire qu'ils fe foient retirés dans le nord de la Siberie, pays prefque impraticable & dans lequel tous les Tartares ont rarement voulu habiter. Après que les anciens habitans du nord de l'Europe fe furent retirés dans les pays méridionaux,& que les peuples No mades mades de la Tartarie les eurent remplacés, ceux-ci, ac- que peaut tres. Après J. C. Quoiqu'il en foit les Topa dont je viens de parler defcendirent infenfiblement vers la Chine, s'emparerent de plufieurs Provinces fituées dans le nord & s'y établirent fous le nom de Goei. Les Huns repouffés par tous ces Tartares orientaux, arrêtés par les Perfes du côté du midi & du fud-oueft, n'avoient de libre que l'occident & le nord de la mer Cafpienne, & ils durent y paffer. Ils s'emparerent alors du pays d'Yen - tçai ou des Alains, Ven-hienaprès en avoir tué le Roi. On ignore l'époque de cet tum-kao. événement, je l'ai placé ici; mais à tel tems qu'on veuille le fixer, il n'en réfulte pas moins que les Huns étoient établis dans le voifinage des Romains, le pays d'Yentçai étant comme je l'ai déja dit, voisin du Ta-tsin ou de l'Empire Romain. C'eft en effet dans les plaines de la Sar- Procop.de matie Afiatique que les Huns étoient difperfés, le long Jernandes du fleuve Etel ou Volga, proche les Palus Méotides & ils de Reb. Ge s'étendoient jufqu'au Derbend. Ils y étoient venus du pays Agathias 1. des Bafchkirs & de celui d'Oufa, où felon les Hiftoriens Ven-bienChinois ils s'étoient retirés depuis leur expulfion de la tum-kao. Tartarie. Nos Hiftoriens ne les ont connus qu'après leur établissement à l'Eft des Méotides, & c'eft de-là que ces fu. Tome I. bel. l. 1. l. Kam-mo. Lie-tai-ki Oo Après J. C. Ammien Huns font fortis pour pénétrer dans l'Empire Romain. Pendant Que l'Empereur Valens étoit occupé à repri L'an 376. mer les courfes que les Ifaures faifoient dans la Lycie & Marcel 1.31. la Pamphilie, & qu'il fongeoit à porter la guerre dans Zozimel 4. l'Empire des Perfes, les Huns jufqu'alors inconnus aux peuples méridionaux de l'Europe, traverferent les Palus Méotides. Quelques Hiftoriens prétendent que le limon charié par le Tanais forma dans le Bofphore un banc qui leur fervit comme de pont, fur lequel ils pafferent de Jornandes. l'autre côté du fleuve. D'autres rapportent qu'un boeuf, qui avoit traversé à la nage les Palus, les guida dans cet te route; mais fans avoir recours à ces expédiens imaginaires, on fçait que toutes les Nations Tartares ne font point arrêtées dans leur marche par le cours des rivieres, & qu'elles font accoutumées à les franchir, foit à la nage, en tenant la queue de leurs chevaux, foit fur leurs bagages dont elles font des efpéces de balons qui furnagent (a). 1 (a) Thwrocz les confond avec les Hongrois, & dit qu'ils font originaires de la Scythie Afiatique. Michou qui leur donne le nom de Juhr, dit qu'ils viennent du pays de Juhra, terre la plus feptentrionale & la plus froide de la Scythie, fituée au nord-eft de Mofcou à plus de soo grands milles d'Allemagne. Il ajoute qu'étant defcendus vers le midi, ils obligerent les Goths à fe retirer dans la Sarmatie, & qu'eux-mêmes guidés par une biche qui avoit paflé le Volga & le Tanais, ils entrerent dans la Sarmatie Européenne. Cet Hiftorien qui eft Hongrois, rapporte ainfi leur irruption. L'an 373 de Jefus - Chrift fous le regne de l'Empereur Valens & le pontificat du Pape Damafe, les Huns ou Hongrois, qui étoient devenus fort nom breux dans la Scythie, fe raffemblerent à la follicitation des chaffeurs dont on a parlé, & réfolurent de paffer dans l'occident. Ils élurent à cet effet plufieurs Chefs ou Capitaines, fçavoir, Bela fils de Chela de la race de Zemen, Keme & Kadicha qui étoient freres, Attilakewe & Buda fils de Bendeguck de la race dè Kadar. De 180 Tribus qui compofoient toute la nation on tira un million quatrevingt mille hommes, c'est-à-dire dix. mille de chaque Tribu. Cette nombreu fe troupe étoit bien armée afin de défendre les femmes, les efclaves & tous les troupeaux qu'elle menoit avec elle. Les Huns choifirent encore un chef général nommé Kadar pour les gouverner entr'eux, maintenir l'ordre & punir les coupables. Mais ce chef général ainfi que les autres, étoit foumis à l'Affemblée de la Nation qui s'étoit réservée le pouvoir de caffer fes Sentences, lorfqu'elles ne paroîtroient pas juftes, & de le punir luimême en cas qu'il le méritât Il fut encore ordonné que lorsqu'il arriveroit quelque chofe qui intérefferoit toute la Nation, ou lorfqu'il s'agiroit d'une expédition générale, on porteroit partout le camp des Huns une épée dont la pointe feroit teinte de fang, & qu'une femme fuivroit en criant, c'eft la voix de Dieu & le commandement de toute las Nation qui ordonne à un chacun de fe Jornand. de " Le paffage des Huns fur le bord occidental du Tanais répandit l'alarme parmi toutes les Nations voifines; ils près J. C. foumirent d'abord les Alipfuriens, les Alcidzuriens, les Itamares, les Tuncaffes & les Boïfques; ils attaquerent Ammien enfuite les Alains nommés Tanaïtes, du nom du fleuve Marc. 1. 31. proche lequel ils habitoient. Ceux de cette Nation qui reb. get. échapperent au maffacre que les Huns en firent, prirent parti dans leurs troupes, & entrerent ensemble dans les Etats d'Ermenrick Roi des Oftrogoths. Ce Prince, malgré le courage qu'il avoit montré jufqu'alors dans toutes les occafions fuccomba & n'ofant fe préfenter devant les Huns, fe tua de défefpoir. Son fucceffeur Vithimir ou Vinithaire fe défendit pendant quelque tems; mais après plufieurs combats, vaincu par fes ennemis, il fut tué dans une action qui fe donna près du fleuve Erac. Widerick fon fils, qui étoit en bas âge & fous la tutelle d'Alathée & de Saphrax devint maître d'un Royaume qu'il ne pouvoit défendre. Ses Tuteurs quoique braves & expérimentés aimerent mieux emmener ce Prince & conduire la nation dans les campagnes qui font fituées entre le Nieper & le Danube le long du Danafte, que de fe voir expofés à la fureur des Huns. Athanarick chef des Goths appellés Thervinges, campa fur le bords de ce fleuve afin de les arrêter; mais ceux-ci, qui tromperent les efpions qu'il avoit envoyés à la découverte, le furprirent lui-même, & l'obligerent à prendre la fuite. Ils s'avan trouver armé dans un tel lieu, pour affifter au Confeil & entendre la réfolution du peuple. Cette coutume a subsisté parmi les Huns ou Hongrois jufqu'au tems de Geiza fils de Toxon, fils d'Arpad, & a entretenu la barbarie. Voici comme Jornandes rapporte l'origine des Huns. Philimer fils de Gandarick cinquième Roi des Goths depuis que ces peuples avoient quitté la Scandinavie & s'étoient établis en Scythie, trouva parmi fes fujets des femmes adonnées à la magie, elles portoient dans le pays le nom d'Aliorumna. Il les chaffa de fes armées, & les obligea d'aller chercher une retraite dans les deferts. Ces fem- |