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1516.

Pâques la

lent Maximilien pourroit prendre l'argent & refter tranquille. Au milieu de tous ces mouvemens, le Roi d'Efpagne allant à Seville, mourut le 22 23 Mars. Février, au petit Village de Madrigalet (1), victime, comme l'avoit été Louis XII, du defir tardif ( 2 ) d'avoir des héritiers de fon nom. Les Hiftoriens prétendent que Ger- 15. n. 29. maine de Foix fa femme lui avoit fait prendre dans cette vue un breuvage qui le rendit hydropique & caufa fa mort. Il y a fans doute plus de remedes capables de tuer un Vieillard, que de philtres capables de ranimer la nature éteinte.

On croyoit que Ferdinand laifferoit la Couronne d'Efpagne (3) à

(1) Varillas ne manque pas de dire qu'on avoit prédit à Ferdinand qu'il mourroit à Madrigal, que Ferdinand évitoit toujours d'aller dans cette Ville de Caftille, que fe trouvant très-mal dans fa route & étant forcé de s'arrêter dans un Village, il s'avifa d'en demander le nom, & qu'au mot de Madrigalet, il s'écria qu'il étoit mort.

(2) Il avoit 63 ans, & les avoit bien employés, foit dans les occupations qui illuftrent la vie, foit dans celles qui l'abrégent.

(3) Nous confidérons ici l'Espagne comme toute

Belcar. liv.

l'Archiduc Ferdinand fon petit fils, 1516. frere puîné de Charles; en effet, Charles élevé loin de lui dans les Pays-Bas, fous les yeux du Roi de France, par un Gouverneur peu agréable à Ferdinand, Charles, qui d'ailleurs avoit traité fans fa participation avec François I. fon ennemi, devoit lui être bien moins cher que le jeune Ferdinand fon filleul, élevé dans fa Cour, formé par luimême aux mœurs efpagnoles, & toujours comblé des témoignages de fa tendreffe; mais la politique déterminoit feule les démarches effentielles de Ferdinand, il voulut que tous fes Etats réunis dans la perfonne de Charles, & joints avec les Etats de la Maifon d'Autriche (dont ce Prince devoit hériter à la mort de l'Empereur ) for

réunie fous Ferdinand, parce qu'en effet il la gou. vernoit toute entiere, cependant la Couronne de Caflille & tout ce qui en dépendoit, appartenoit déja à l'Archiduc Charles, par la mort d'ifabelle de Caftille ton ayeule, & par l'état de démence de Jeanne fa mere.

maffent une puiffance redoutable à la France fon ennemie.

Sa malheureuse fille Jeanne, mere des deux Archiducs, étoit toujours enfermée dans le Château de Tordefillas.

Ferdinand confia le Royaume d'Arragon à l'Archevêque de Sarragoffe fon bâtard, & celui de Caftille, au fameux Cardinal Ximenès, Archevêque de Tolede.

1516,

CHAPITRE III

Campagne de 1516. Expédition de l'Empereur dans le Milanès. Traité de Noyon.

LE Duc de Milan (Maximilien 1516. Sforce) ayant abdiqué, les Suiffes étant appaifés, le Pape étant fatiffait, ou feignant de l'être, le Roi d'Espagne étant mort, il ne reftoit plus de la ligue formée contre la France, que l'Empereur, foible ennemi, qui haïffoit mollement, qui fignaloit encore plus mollement fa haine, & contre lequel les François & les Vénitiens étoient alors réunis pour procurer à ces derniers le recouvrement de leurs Etats de terreferme. Dans cette guerre les François n'étoient qu'Auxiliaires, ils rendoient aux Vénitiens les fecours qu'ils en avoient reçus à la bataille de Marignan,

L'Alviane étoit mort, (1) Théo

dore Trivulce (2) lui avoit fuccé- 1516. dé dans le commandement de l'Ar- P. Jov.l. 16 mée Vénitienne. L'Alviane avoit pris Bergame; Trivulce affiégeoit à la fois Verone & Breffe. Le Maréchal de Lautrec mena contre Breffe quatre cens hommes d'armes commandés par le Bâtard de Savoye, & fix mille Gafcons commandés par Pierre de Navarre. A leur arrivée, les Breffans capitulerent & promirent de rendre la Place, fi dans vingt jours ils n'étoient fecourus. Ils le furent ; le Comte de Roquendolf ayant pénétré jufqu'à Breffe, par le Pays des Grifons, introduifit dans cette Place

(1) Le Sénat de Venife, voulant lui faire des funérailles dignes de fon rang & de fa gloire, donna ordre à Théodore Trivulce d'envoyer fon corps & de demander un fauf-conduit aux Allemands, alors maîtres de la Ville de Vérone, par laquelle il falloit paffer; les Soldats s'oppoferent à cette derniere démarche, & dirent que leur Général n'ayant jamais demandé de grace à fes ennemis pendant fa vie, n'en vouloit point encore recevoir après fa mort; ils le porterent en pompe à travers le Véronez, tambours battans & enfeignes déployées.

(2) Coufin germain du Maréchal de ce nom, & depuis Maréchal de France lui-même le 23 Mars 526, à la place du Maréchal de Chabannes.

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