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Comment blanchir la cire.

Uand on veut blanchir la cire, on en prend les pains, on les met dans une chaudiere, on les laiffe bouillir; cette cire étant fonduë, on la paffe à travers un tamis, puis on la met fur un feu pour la fondre une feconde fois; il faut que ce feu foit lent; on foigne à la bien écu

& enfin, aprés qu'elle eft fonduë; on a une palette de bois qu'on trempe dans l'eau fraîche, on la plonge incontinent dans la cire fondue, puis on l'en retire auffi-tôt, la cire fondue alors s'attache autour de la palette en maniere de feuilles tres-minces, ce qu'on recherche, afin que la chaleur du foleil, & que l'air pénetrent aifément cette cire & la taffe blanchir.

Cette cire qui fe congéle autour de la palette s'en ôte auffi aifément à caufe de l'eau dont elle eft mouillée, outre que pour faire qu'elle s'en détâche encore plus aifement, on trempe encore cette palette dans l'cau fraîche incontinent aprés que la cire s'y eft attachée.

Aprés avoir ainfi tiré toute la cire en feuilles, on la remet fur le feu pour la faire fondre, puis on y retrempe la palette, conime on a dit, & on continuë d'en agir de la forte, jufqu'à ce qu'on voye que cette cire ait acquis la blancheur qu'on recherche en elle; ce fecret n'eft pas un grand miftere, & cependant c'eft le veritable moyen pour avoir de la cire blanche. Quand la cire a été ainfi plufieurs fois paffée à l'eau, & réduite en feuilles, on la pofe en cet état au foleil & à la rofée, fur des clayes couvertes d'une toile blanche, la matiere étherée qui pénetre alors cette cire acheve de perfectionner l'ouvrage. Il faut prendre garde que l'ardeur du foleil ne foit point trop âpre, car elle fondroit la cire; c'eft pourquoy il faut fur le midy l'arrofer avec de l'eau fraîche.

Quelques-uns pour blanchir la cire, la laiffent plufieurs jours au folcil ou à la rofée après l'avoir rapée, ou bien ils la mettent fondre avec de Fefprit de vin, & la paffent à travers un linge pour la filtrer, & pour lors elle fe blanchit tout à coup. Mais pour donner une idée en abregé de la maniere de nourrir les Abeilles, voicy une récapitulation de tour ce qu'on a dit fur cette matiere, qui doit faire plaifir au Lecteur.

Bréve récapitulation de tout ce qu'on a dit fur la maniere de nourrir les Abeilles, divifée par mois.

Nous commencerons par le mois de Janvier. Il faut en ce mois que Janvier, / celuy qui gouverne les Abeilles leur donne la nourriture qui leur convient, comine par exemple de la farine de bled farrazin, d'avoine ou d'orge; il y en a qui leur donnent de la farine de féves, du fucre ou du miel, & d'autres de la rôtie au vin frottée de miel ; & on connoît que les Mouches ont besoin de nourriture, quand leurs paniers fon legers; on le remarque auffi par plufieurs Mouches qu'on voit mortes autour & deffus les fieges.

Il faut au commencement de ce mois parfumer legerement les Mou-, Février.

Mars.

Avril.

May.

Juin.

Juillet.

ches avec des odeurs qui foient douces, cela les réveille & les fortifie, il faut auffi leur donner à manger, fi on voit qu'elles en ont befoin; fi on connoît qu'elles font atteintes du flux de ventre, il faut y apporter du remede, comme on a dit dans le Traité de leurs Maladies. S'il y a dans les Ruches des araignées, des teignes, ou autre vermine qui leur nuife, on fera foigneux de les ôter, & de les laiffer ainfi jufqu'à ce que le froid foit paffe.

Au mois de Mars que les Abeilles font particulierement fujettes au flux de ventre à caufe des feuilles d'ormes qu'elles fuccent, on foignera de les en guérir, c'est le feul foin en ce temps qu'on puiffe prendre aprés

elles.

On commence au mois d'Avril à nettoyer les ficges qui foutiennent les Ruches, & fur lefquels tombent les petits pelotons d'où font fortis les nouveaux Effaims; & fitôt que la my Avril eft venue, il faut commencer à veiller les Mouches, pour voir celles qui fe préparent à aller en campagne, & fi on voit qu'il y a deux Rois dans un panier, on en tuë un, & cela fuffit pour ne point y caufer de confufion.

Quand le mois de May eft venu, il eft du devoir de celuy qui gouverne les Abeilles, de rámaffer de jour en jour les nouveaux jettons, de leur donner des Ruches qui leur foient propres ; & fi le temps eft pluvieux, il donnera à manger aux Mouches qu'il croira en avoir besoin, parce que dans ce temps elles ne vont point en campagne.

Le mois de Juin exige une partie des foins qui fe donnent au mois de May. Si ce font des vieux paniers qui ont effaimé, & qu'ils foient pleins de miel, il faut en tirer les deux tiers & davantage quelquefois; car les Mouches ont encore affez de temps pour les remplir, & fi l'on voit qu'il y ait quelque nouveau jetton, qui soit prêt à fortir de fon panier, on coupe la moitié d'un rayon d'une autre Ruche qui abonde en miel, & on l'accommode tellement dedans, que les Abeilles, qui le fentent, s'y joignent auffitôt pour ne plus s'en détacher.

S'il y a dans ce mois des Mouches à miel qui n'ayent pas encore ef faimé, il faut leur empêcher de le faire en rompant les demeures de leur Roy; & fi l'on trouve par hafard quelque panier d'où toutes les Mouches, ou une partie feulement fe foient envolées, on en ôte tous les rayons qu'on y trouve, & c'est par ce moyen qu'on vient à bout d'en chaffer les Frelons, prenant les fieges de ces paniers, les moüillant avec de l'eau puis les remettant en leur fituation ordinaire: on revient le lendemain matin, & l'on trouve les Frelons qui font deflus, & qu'on tuë, il eft bon au huit de ce mois de vifiter chaque Ruche en particulier pour faire la recolte du miel, des paniers d'où les Abeilles chaffent les Fre lons, car c'eft alors que le miel eft bon à prendre, & pour en venir à'bout, on ouvre d'abord la Ruche, puis on prend la fumée en main fer les Mouches, enfuite on fait attention à quatre choses.

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pour en chaf

1o. Si l'on voit que l'ouvrage eft fini, & que la Ruche foit pleine, c'eft une marque qu'il eft temps de châtrer les Mouches; pour lors il faut en tirer les deux tiers, quoiqu'il y ait beaucoup de Mouches. 2°. Si le panier abonde en Mouches, & que l'ouvrage en égale le nombre, il faut en tirer

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Août.

beaucoup de miel, parce que les Mouches ont encore affez de temps avant l'hyver pour remplir leurs paniers d'ouvrage. 3°. Si l'on voit que les gâ teaux foient pleins de miel, ou tout du moins à moitié, on en tire du miel à proportion, & toûjours le plus vieux, faifant en forte que le nouvel ouvrage refte toujours. 4°.Si le panier eft garni de Mouches, & que les gâteaux de miel foient bons à prendre, on en tire les trois quarts; mais fi ce panier fe trouve en état d'être confervé, on n'y touche point. On continue de châtrer les Mouches au mois d'Août jufqu'au huit ou dixième de ce mois, & on ne touche qu'aux gâteaux qui font entiers. On doit en ce mois tenir les Ruches bien nettes, & s'il s'y trouvoit Septembre. quelque gâteau auquel on n'ait pas encore touché, & qui fût maigre, bien loin d'en faire mourir les Mouches, il faut les arrofer avec de l'eau emmielée, ou du lait, cela les fortifie, & fait que les autres Mouches qui y viennent s'y accoûtument. S'il fe trouve dans quelque panier quelque Effaim qui ait été châtré, & qui n'ait point pendant tout ce mois rempli la Ruche d'ouvrage, & que les Mouches ayent dequoy fe nourrir en hyver, il faut les en chaffer avec la fumée, puis couper & ôter le peu d'ouvrage qui y reste.

Durant les mois d'Octobre & de Novembre on fe contente de vifiter Octobre & les paniers, de les tenir nets & bien fermez de tous côtez, afin que le Novembre. froid ne détruife point les Mouches; on fait encore en forte que les vents

& les pluies n'y caufent aucun dommage, ce qu'on évite en tenant les

Ruches couvertes de leur couvercle.

Enfin il ne faut fonger en ce mois qu'à donner à manger aux Abeilles Decembre, comme on l'a dit au mois de Janvier.

C'est ainsi qu'on gouverne les Abeilles pour en tirer le miel, & la cire qui font les fruits qui nous dédommagent de tous nos foins, & de toutes nos peines. Il fuffit d'un homme pour conduire plufieurs Ruches, & tout fon fçavoir faire dans ce gouvernement ne confifte que dans une certaine attention qu'il doit avoir à ce qui les regarde, ne perdant point de vûe les inftructions qu'on luy a données là deffus; outre qu'un peu de pratique le rend toûjours fort habile là deffus: paffons aux Vers à foye, dont on peut encore en certains Pays tirer beaucoup de profit à la campagne.

CHAPITRE XXV.

Des Vers à foye, & de la maniere de les nourrir, élever, & d'en tirer la foye.

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Ous ne nous arrêterons point icy à traiter de la formation du Ver à foye, ny à parler de ceux qui les premiers fe font avisé d'en nourrir, non plus que des perfonnes aufquelles nous devons le premier ufage, de la foye; toutes ces circonftances nous meneroient trop loin, & comme elles ne contribuënt en rien à l'idée qu'on s'eft formée de cet ouvrage,

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