Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN.

[ocr errors]

doit à l'archevêque de Cantorberi, à tous prélats; N. 1531. & à tous juges de connoître de l'affaire du divorce, ou de la juger. Ce bref fut affiché dans plufieurs villes de Flandres, mais on en fit-fi peu de cas en Angleterre, qu'avant que le parlement fe féparât, Thomas Morus, l'évêque de Londres, & quelques autres seigneurs allerent à la chambre des communes & y préfenterent les conclufions des univerfitez, avec plufieurs autres écrits qui avoient été compofez en faveur du roi. Cependant le cardinal de Grammont qui étoit alors auprès du pape, employoit tous fes foins pour adoucir fa fainteté qui ne vouloit plus traiter avec les ambaffadeurs d'Angleterre, & quelque tems après l'on mit l'affaire en négociation & on engagea Henri à envoyer à Rome un excufateur que le pape promit de recevoir.

XXII.
Le roi d'Angleter-

re tente de faire
confentir la reine

au divorce.

Mais ce prince prévoyant avec raison que tant que la reine Catherine ne confentiroit point à la diffolution de fon mariage, il ne pourroit le faire casfer, ni époufer enfuite Anne de Boulen;il fit de nouvelles demandes pour engager cette princeffe à don ner fon consentement au divorce, pour éviter les inconveniens qui pourroient naître de fon obftination. Pour cet effet il lui envoya des évêques, & des feigneurs laïques, qui la préfferent fortement ou de confentir au divorce, ou de remettre le jugement de fon affaire à quatre feigneurs eccléfiaftiques, à quatre féculiers. Toute la réponse qu'ils eurent de la reine, fut qu'elle prioit Dieu de rendre la tranquillite au roi fon mari, mais qu'elle étoit fa femme légitime, & qu'il n'y avoit qu'une fentence du pape qui la pût empêcher d'être toujours telle. Henri peu fa

&

AN. 15314TM

tisfait de la réponse de la reine, lui renvoya d'autres feigneurs, qui après avoir inutilement employé les prieres & les menaces, lui fignifierent de la part du roi, qu'elle eût à fe retirer dans une des maisons royales dont on lui laiffoit le choix, ou à Oking, ou à Titanatad, ou à l'abbaye de Bishant; que le roi ne vouloit plus ni la voir ni recevoir de fes lettres tant qu'elle feroit obftinée, parce qu'ayant été la femme de fon frere Arthus, elle ne pouvoit être la la reine pour tou fienne. A quoi la reine repliqua, qu'en quelque lieu qu'elle demeurât, elle feroit toujours femme d'Henri. Elle fe retira neanmoins le quatorziéme de Juillet 1531. & elle alla d'abord faire fa réfidence à More, enfuite à Esthamsted; enfin à Ampthill où elle demeura affez long-tems.

XXIII.
Le roi fe fépare de

jours,

Ce qui venoit de fe paffer dans le parlement & dans les affemblées du clergé, donna du courage à ceux qui étoient prevenus en faveur du Luthéranifme, & qui auroient fouhaité le voir établi en Angleterre, comme dans la plus grande partie de l'Allemagne. La nouvelle doctrine commençant alors à avoir cours parmi les Anglois, elle infpiroit à tout le peuple une averfion invincible pour les eccléfiaftiques qui étoient attachez à la cour de Rome, & contribuoit beaucoup à rendre Henri plus absolu. Cela fut cause que les difputes fur la religion devinrent plus frequentes qu'elles ne l'avoient été jusqu'alors, & que même on les rendoit publiques. Mais le roi comprenant bien quelle confequence on tireroit de fes premieres démarches, voulut faire voir, qu'en fe feparant de la communion du pape, comme il avoit deffein de le faire, s'il ne lui étoit pas

Hérétiques brûlez

favorable, fon deffein n'étoit pas de porter atteinte AN. 1531. à la religion. Ainfi pour prévenir les Catholiques XXIV. en fa faveur, il ordonna que les loix contre les héen Angleterre. rétiques fuffent rigoureufement executées, ce qui Milord Herbert caufa la mort de trois Proteftans nommez Bilnoy, Bayfield & Raynan ; les deux premiers furent brûlez cette année.

hift. regn. Henrici VIIL

XXV.

Commencement

Geneve.

Spond. hift. de Geneve. t. 1, 1, 2.

Vers le même tems l'alliance que la ville de Geneve avoit faite avec Fribourg & le canton de Berne caufa la ruine de la vraie religion dans cette ville. Les Bernois infectez des nouvelles erreurs communiquerent leur poifon à Geneve, & la jeuneffe imprudente & avide des nouveautez, le reçut avec joye, & le repandit avec empreffement. Ce qui aug-" menta le mal, fut que les Genevois fe défiant de Charles III. duc de Savoye, & fe voyant de tems en de l'héréfie dans tems attaquez par la noblesse du pays, qui avoit fait ligue contr'eux, appellerent leurs alliez de Berne & de Fribourg. Ceux-ci étant venus à leur fecours firent d'horribles profanations fur les terres du duc de Savoye, aux environs du Lac & même à Geneve; ils abbattirent les croix, briferent les images, jetterent les reliques par terre, rompirent les ciboires, & foulerent aux pieds les faintes hofties. Ils firent tous les jours prêcher dans l'églife cathédrale de faint Pier re, leur miniftre Farel, Dauphinois né à Gap, qui avoit été un des principaux auteurs du changement de religion à Berne. Ainfi cette ville, qui depuis plus de treize cens ans avoit reçu des évêques de Vienne la vraie foi qu'elle avoit toujours confervée jufqu'alors, fe trouva divifée en deux partis de Catholiques & de Proteftans, qui fe firent une guer

ré cruelle dans l'enceinte de leurs propres murail-i les.

que

AN. 1531

X X V I. Embarras dans

XXVII.
Il part de Flandres

La conduite que l'empereur tenoit avec les Proteftans, en voulant s'accommoder avec eux, n'étoit lefquels trouv pas capable d'arrêter ces défordres, mais il étoit pref- Tempereur. forcé de prendre ce parti,afin de tirer d'eux quelques fecours contre les Turcs qui le menaçoient depuis long-tems, & dont il avoit tout à craindre. Ne penfant donc qu'à fe faire un rempart contfe leurs attaques, il partit de Bruxelles le dernier de Novembre, & arriva à Mayence le premier jour dé A N. 1532. Février. L'électeur le reçut avec beaucoup d'honneur & de grands témoignages d'affection & de zéle, & & vient àMayence après l'avoir entretenu quelque tems, il le supplia humblement, & le follicita même avec ardeur d'entrer dans quelque voie d'accommodement avec les Luthériens, qui s'étant assemblez à Francfort depuis le dix-neuviéme Décembre, protestoient qu'ils étoient réfolus de ne rien contribuer pour la guerre contre les Turcs,fi on ne les laiffoit vivre en paix. L'empereur qui voyoit bien, que fans cette contribution il y avoit tous lieu de croire qu'il ne pouvoit résister à Solyman, donna les mains à l'accommodement, & le prince Palatin étant venu à Mayence pour lui rendre vifite, convint avec lui & Félecteur, qu'ils députeroient vers l'electeur de Saxe, & le landgrave de Heffe, pour les engager à y entrer, & les prier de vouloir tous deux fe rendre à l'endroit marqué par l'empereur. Enfin après plufieurs lettres envoyées de part & d'autre, on convint de s'affembler au commencement d'Avril à Schwinfurt, ville impériale de Franconie fur le Mein, pour traiter de la

paix jufqu'à la tenue du concile. L'électeur de Saxe AN. 1532. n'ayant pû s'y rendre en perfonne, y envoya Jean XXVIII. Frederic fon fils, qui s'y trouva avec le landgrave, Schwinfurt où l'on le duc de Lunebourg, le prince d'Anhalt, & les autres députez, & la premiere féance commença le Cochléin ait. & troifiéme d'Avril.

Aflemblée à

traite de la paix.

Sleïdan ut fuprà.

fcript. Luth. hoc ann. p. 233.

L'électeur de Mayence, & le prince Palatin, s'y étant rendus avec d'autres Catholiques, propoferent les articles fuivans, par ordre de l'empereur;que pour la doctrine on s'en tiendroit à la confeffion d'Aufbourg jufqu'au concile, fans qu'il fût permis de rien innover, enforte qu'on n'auroit aucun commerce avec les Zuingliens & les Anabaptiftes; que fous prétexte de religion les Proteftans n'attireroient, & ne protegeroient point les fujets des autres princes; qu'aucun de leurs ministres ne s'ingereroit d'enseigner hors de leur jurifdiction; qu'on s'abftiendroit de toute injure, qu'on laifferoit les eccléfiaftiques dans l'usage de leur jurisdiction, de leurs coutumes & de leurs cérémonies; qu'on accorderoit à l'empereur du fecours pour la guerre contre le Turc; qu'on fe foumettroit aux décrets qui concernent l'état & le gouvernement de l'empire; qu'on obéïroit à l'empereur & au roi des Romains, & qu'on renonceroit à toute alliance faite contre eux, ou quelque autre prince catholique. Qu'en agiffant ainsì, fa majesté impériale & Ferdinand oublieroient tout le paffé. Mais la condition qu'on imposoit aux princes Proteftans de reconnoître le roi des Romains, & de lui obéir arrêta les négociations ; ils donnerent par écrit teftans pour ne pas leurs raifons de refus aux deux princes médiateurs, des Romains. le dix-feptiéme d'Avril, & concluoient que Ferdi

XXIX.

Raifons des Pro

reconnoître le roi

« AnteriorContinuar »