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nand eût à se défifter de fa qualité de roi des Romains;

AN. 1532.

que fi l'empereur croyoit avoit befoin d'un coadju- Sleïdan ut fuprà
teur, dans ce cas la chose ne pouvoit le faire que du lib. 8. p. 255. &
confentement des princes électeurs, qui interprete Pallav. hifi. conc.
roient la bulle de Charles IV. & qu'on feroit un édit, Trid. 1. 3. 6. 20
par lequel il feroit ordonné qu'à l'avenir, aucun ne
feroit élu roi des Romains du vivant de l'empereur,
que les électeurs & les fix princes de l'empire qui fe
joindroient à eux n'euffent approuvé l'élection, le
tout fuivant l'équité & les formalitez préfcrites.

Ils ajoutoient que s'il plaifoit à l'empereur d'ex-
pliquer ainsi la bulle Caroline, l'électeur de Saxe fera
tout ce qui fera de fon devoir, auffi-tôt que l'état
le demandera ; mais fi les médiateurs ne peuvent rien
obtenir là-dessus de fa majefté impériale, il fe fou-
mettra à la décision de juges integres, pourvû que
le roi Ferdinand ne faffe aucune entreprife dans l'ad-
ministration des affaires, & ne veuille point exer-
cer fon autorité fur Guillaume & Louis freres &
princes de Baviere. Que fi on leur refuse cette jufti-
ce, les Proteftans prient l'empereur de les entendre
dans quelque affemblée des princes & états de l'em-
pire; qu'ils y feront voir par de folides raisons, qu'ils
ne peuvent approuver l'élection faite ; & parce qu'ils
ont lieu de craindre de paffer pour rebelles, non-
feulement dans l'efprit de l'empereur, mais encore
auprès des princes & des peuples Catholiques à caufe
de leurs refus, ils fupplient humblement sa majesté
impériale de ne pas trouver mauvais, s'ils se justi-
fient en public, non-feulement dans l'empire, mais
encore dans les états voifins & éloignez, ce qu'ils
croyent abfolument néceffaire. Ce qui eft dit ici des

XXX.

princes de Baviere, eft fondé fur ce que l'électeur AN. 1532. de Baviere informé par Jean Frederic fils de l'élecOppofitions des teur de Saxe, du choix qu'on avoit fait à Cologne, princes deBaviere de l'archiduc Ferdinand pour roi des Romains, s'édes Romains. toit offert d'entrer dans la ligue de Smalkalde, & de Sleïdan. f. 257. s'unir avec le roi de France, pour obliger les élec

l'élection du roi

XXXI.

Demandes des Proteítans à

articles.

teurs à déclarer nul tout ce qu'ils avoient fait en faveur de Ferdinand, dont toutefois il étoit proche parent, enforte que ce fut alors que François I. configna les cent mille écus dont on a parlé ailleurs, pour être employez au befoin; mais peu de tems après l'empereur détourna les princes de Baviere, des réfolutions qu'ils avoient prifes avec l'électeur de Saxe, & les engagea dans fon parti. !:

-Les princes Proteftans joignirent au refus de reconnoître Ferdinand pour roi des Romains, plufieurs au tres demandes qu'ils réduifirent en quatorze articles, qui concernent prefque tous la religion. 1. Que fa majefté impériale fe défiftera, & obligera Ferdinand Schwinfurt en 14 fon frere à fe défifter du titre qu'il a pris de roi des Ro mains, & qu'il ne fera aucune fonction concernant cette dignité. 2. Que l'empereur & les princes électeurs regleront les conditions & les loix qui feront à l'avenir également obfervées dans l'élection & la création des rois des Romains. 3. Que fa majesté impériale fera inceffamment publier une paix générale, pour ce qui regarde les affaires de la religion. 4. Que fans égard aux decrets & édits faits dans les diétes de Wormes & d'Aufbourg,il fera fait défenfe expreffe à ceux des deux partis Catholiques & Proteftans de s'in-` quieter les uns les autres foit directement ou indirec tement, & de fe maltraiter fous prétexte de religion.

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AN. 1532.

5. Que les Proteftans ne feront aucune innovation,
& ne publieront d'autre écrit de leur confeffion
que celui qui a été présenté à la diéte d'Aufbourg.
6. Qu'ils n'attireront à eux, n'y prendront en leur
fauve-garde & protection les sujets d'autres princes.
& n'entretiendront aucune correfpondance avec les
étrangers, fi ce n'eft pour le commerce. 7. Qu'on
n'empêchera point les eccléfiaftiques d'exercer leur
jurifdiction dans les lieux où ils font établis, & qu'on
les laiffera en repos s'acquitter de leurs fonctions.
8. Que les uns & les autres éviteront les occafions
d'entrer en dispute fur les matieres de religion. 9.
Que fa majesté impériale & les états de l'empire fe-
ront cependant tous leurs efforts pour trouver quel-
ques moyens d'accommoder & terminer les differens.
Io. Que n'y ayant point de moyen d'appaiser la dif-
corde qui eft entre les Catholiques & les Proteftans,
que la convocation d'un concile, l'empereur em-
ployera toute fon autorité & tous les bons offices,
pour en faire assembler un au plûtard dans fix mois.
11. Que fa majesté impériale envoyera incefsamment
à la chambre impériale des ordres exprès de fufpen-
dre l'exécution des fentences rendues en matiere de
religion, & de ne faire aucune innovation fur cette
matiere contre les Proteftans fous quelque prétexte
que ce foit. 12. Que tous les Proteftans tant princes,
gentilshommes & magiftrats des villes, que peuples
rendront à l'empereur avec tout le zéle & la foumif-
fion poffible, l'obéiffance qu'ils lui doivent felon
les loix de l'empire. 13. Que les mêmes donneront
à fa majefté, pour foutenir la
le Turc,
guerre contre
toute l'affistance que demandent les préffans besoins
Tome XXVII,

Qq

& que leurs forces proportionnées à leur zéle pourAN. 1532. ront le permettre. 14. permettre. 14. Enfin que ces conditions feront reçues par les deux partis & obfervées dans toutes leurs circonftances de bonne foi, & avec une entiere fincerité.

XXXII. Réponse des mé

à ces articles.

Sleid. 1. 8. p. 257.

L'archevêque de Mayence & le prince Palatin, diateurs de la paix ayant reçu ces articles, y répondirent le vingtiéme d'Avril, que s'étant rendus médiateurs pour établir une paix folide entre les Catholiques & les Proteftans ils n'auroient jamais pensé que ceux-ci euffent propofé des conditions fi extraordinaires; vû qu'à l'égard de l'élection du roi des Romains, ils avoient eu des raisons preffantes pour la faire, & qu'ils les avoient déclarées à Jean Frederic, tout prêts à les faire fçavoir encore s'il en étoit befoin. Et comme cette affaire ne les regarde pas feulement, mais encore l'empereur, Ferdinand fon frere & les autres princes, ils laiffent ce qu'ils pourroient dire là-dessus, afin de pouvoir plus heureufement conduire cette affemblée à une bonne fin; que toutefois s'il eft néceffare de rendre raison de leur conduite, ils efperent fi bien prouver leur bon droit, qu'on n'aura aucun reproche à leur faire. De plus fi l'on rapporte toutes ces chofes à l'empereur, ils apprehendent que l'affaire n'échoüe entierement,&que sa majesté impériale ne veuille plus entendre parler de paix. C'est pourquoi ils fupplient les princes de Saxe de donner les mains à un accommodement, tant pour la religion que pour l'élection du roi des Romains, fans feparer l'une de l'autre, en fe déportant de leur opinion, affurez qu'ils doivent être de la part de l'empereur, que cette élection ne portera jamais aucun préjudice, ni à eux, ni à leurs defcendans.

Quatre jours après le prince de Saxe répondit aux médiateurs, qu'on s'attendoit à être écouté plus fa- A N. 1532. vorablement, & que puifqu'ils avoient dit que le roi des Romains avoit été élû pour le falut & la dignité de l'empire, l'électeur fon pere & les autres princes ne pouvoient se difpenfer de refufer leur confentement à l'élection, qui étoit plûtôt faite au defavantage de l'empire, qu'ils doivent laiffer la décifion de l'affaire au jugement qui en fera rendu, d'autant plus que les raifons de l'empereur pour faire élire fon frere roi des Romains, n'étoient pas d'un aflez grand poids pour l'engager à violer la bulle Caroline, les droits & les libertez de l'empire. Qu'ainfi ils perfiftent dans leur premier fentiment jufqu'à ce que l'affaire foit jugée juridiquement, & qu'on examine les caufes de leur refus, espérant qu'étant fondez en raisons, on trouveroit quelque expédient utile à l'état pour terminer ce differend.

xxxIII. des princes Prote

Aure affembiće

ftans à Nurem

dan in co Pallav. hift. conc.

Sleidan comm.

Trid. lib. 3.c. 9.

Les princes Proteftans alleguerent encore plufieurs autres raisons, pour justifier leur refus qui fe terminerent à convoquer une autre affemblée à Nurem- bars. berg pour le troifiéme du mois de Juin, afin que l'empereur fût à portée d'apprendre plus promptement comment les affaires tourneroient. Il n'y eut gueres moins de difpute à Nuremberg qu'à Schwinfurt, mais comme les Turcs s'avançoient vers l'Autriche, & qu'il falloit au plûtôt s'opposer à leur paffage, Charles V. fut obligé d'accepter ces conditions de ceux dont il avoit juré la perte,

p. 263.

XXXIV.

Il étoit à Ratisbonne, où il ne faifoit presque autre chose, qu'écrire des lettres & expédier des commif- L'empereur à Rafions pour lever par tout des troupes, & les Proteffes ordres pourre

tisbonne donne

Pouffer les Turcs,

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