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colonne dreffée à la mémoire de ce qu'il avoit vû, & de ce qui lui avoit été promis. L'huile CH. XXI. qu'il verfa deffus, étoit une marque qu'il la confacroit en même temps comme un autel préparé aux fervices & aux libations : & Dieu, dont l'Efprit conduifoit ce Patriarche, lui inf pira de faire alors ce que lui-même a ordonné depuis dans la loi de Moïfe, & ce que l'Eglife chrétienne obferve dans la confécration des autels, & de plufieurs autres chofes qui fervent à la Religion. L'onction de l'huile appliquée felon un ufage très-ancien fur ces créaturescorporelles, ne leur donne qu'une fainteté extérieure, qui les fouftrait à tout usage profane: mais ce mystérieux fymbole nous avertit que la fainteté intérieure & véritable des créatures fpirituelles, vient de l'onction divine, Voyez Hebi c'eft-à-dire de l'Efprit, dont Jefus-Chrift a reçû la plénitude, & qui étant répandue en elles, les change, les éléve, & les confacre à Dieu.

[Il fit un vou.] Le vœu eft une promeffe par laquelle on s'engage envers Dieu à faire quelque bonne œuvre. C'eft ici le premier exem ple que nous en ayons: mais il étoit fans doute de l'ufage des anciens juftes de faire des vœux : & cette coutume établie de temps immémorial chez tous les peuples, ne peut venir que de la premiére famille d'où font fortis tous les hommes. On en parlera plus au long, en expliquant les loix de Moïfe touchant le vœu.

[Si Dieu eft avec moi &c. jufqu'à ces mots que vous m'aurez donné. ] C'eft comme s'il difoit, Lorfque Dieu aura été avec moi &c. Car il n'a aucun doute fur les promeffes; & il eft bien éloigné de faire dépendre de leur exécution l'engagement qu'il prend avec Dieu. Ce

1.9.

vœu eft l'effufion d'un cœur pénétré d'amour CH. XXI. & de reconnoiffance envers une bonté qui fe montre aussi attentive à tous fes befoins, que s'il étoit feul dans le monde: & il regarde la protection qu'il en attend, comme une nouvelle raifon de lui étre fidelle.

[S'il me donne du pain..... & des habits. ] Cet homme à qui tout étoit promis, ne demande à Dieu que du pain & des habits, c'eftà-dire le fimple néceffaire. C'est à quoi il borne toutes fes prétentions pour la vie présente; montrant par là qu'il ne voit dans les promeffes de Dieu que les biens de l'autre vie; qu'il n'en defire point d'autres que ceux qui font éternels; & qu'en attendant qu'il en foit mis en poffeffion, il fe contente de recevoir chaque jour de la main de Dieu les chofes dont il ne peut abfolument se paffer, tant qu'il vivra fur la terre. Voilà l'efprit de l'Evangile, chercher prémiérement le royaume & la juftice de Dieu, & ne lui demander pour la vie préfente que le pain de chaque jour.

[Mes frères, d'où êtes-vous?] Reftes préCen. to. 4. cieux du premier langage, fondé fur la premiére origine.. Tous les hommes ont un pére commun & par conféquent font fréres. Ce nom s'eft confervé long-temps parmi ceux qui étoient mieux inftruits. L'Evangile en a rétaMat. 23. 8. bli l'usage; Pour vous, vous êtes ¿ous frères : & le fiécle ne l'a pû fouffrir.

Gen, to, 4'

[Car elle gardoit elle-même le troupeau. } L'Ecriture nous oblige par cette réflexion à comparer nos mœurs avec celles de ces premiers temps, & à confidérer combien nous fommes éloignez de cette vertu mâle, qui endurciffoit de jeunes filles au travail; qui leur faisoit négliger le foin d'une beauté, qui eft devenue la

feule étude de celles de notre fiécle; & qui leur faifoit aimer des occupations pénibles, mais CH. XXL nécessaires: au lieu qu'aujourd'hui la plupart des perfonnes du même fexe font ou abfolument oifives, ou amufées par des ouvrages frivoles, qui font une matiére de dépenfe, & l'aliment du luxe. Un feul mot tel que celuici, Elle gardoit elle-même le troupeau, repferme une infinité de leçons, fur la pénitence, l'humilité, l'obéiffance, l'amour de la folitude, l'averfion de la parure, de la molleffe, & des délices; & le mépris d'une beauté, qui eft pref que toujours contraire à la vertu.

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[Certainement vous êtes ma chair & mon fang: à la lettre, vous êtes mes os & ma chair, ] c'eft-à-dire mon proche parent. Laban pouvoit douter d'abord fi Jacob qu'il n'avoit jamais vû, étoit ce qu'il difoit être. Mais tout ce qu'il lui entend dire de fa famille ne laiffe plus aucun doute dans fon efprit. Il demeure convaincu que Jacob eft fon

neveu.

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CHAPITRE XIV.

Jacob fert Laban. Il épouse Lia & Rachel.
Ses enfants. Il devient riche par la bé-
Dieu donne à fon travail,
& à fon industrie. Gen. 29. 30.

nédiction

UN

que

NMOIS s'étant paffé, Laban dit à Jacob: Faut-il, parce que vous êtes mon frère, que vous me ferviez gratuitement? Dites-moi quelle ré compenfe vous defirez. Or Laban avoit

deux filles, dont l'aînée s'appelloit Lia, CH. XXII. & la plus jeune Rachel. Lia avoit les yeux foibles & tendres: mais Rachel étoit d'une beauté accomplie. Jacob qui l'aimoit, dit: Je vous fervirai sept ans pour Rachel votre feconde fille. Laban répondit: Il vaut mieux que je vous la donne qu'à un autre: demeurez avec moi. Jacob fervit donc fept ans pour Rachel; & ce temps ne lui parut que fort peu de jours, tant fon amour pour elle étoit grand. Après cela il demanda à Laban celle qu'il lui avoit promife. Laban affembla les habitants du lieu, & fit le feftin des nôces: mais. le foir il fit entrer Lia dans la chambre de Jacob, lui donnant une esclave nommée Zelpha, pour la fervir. Jacob la prit pour fa femme : mais le matin il reconnut que c'étoit Lia, & il dit à fon beau-pére: Queft-ce donc que vous m'avez fait? Ne vous ai-je pas fervi pour Rachel ? Pourquoi me tromper ainfi ? Laban répondit: Ce n'eft`

pas

la coutume en ce pays-ci de marier la cadette avant l'aînée: mais paffez la femaine avec celle-ci : après cela je vous donnerai l'autre, à condition que yous me fervirez encore fept ans. Jacob y confentit; & la femaine étant paffee, Laban lui fit époufer Rachel,

à qui il donna une efclave nommée Bala, pour la fervir.

Jacob ayant pris Rachel pour fa femme, l'aima plus que Lia, & fervit encore pour elle fept ans durant. Or le Seigneur voyant que Lia étoit moins aimée, la rendit féconde ; & elle eut d'abord quatre fils, Ruben, Simeon, Levi & Juda. Rachel au contraire demeuroit ftérile. La peine qu'elle en avoit, lui faifoit porter envie à fa fœur ; & elle dit un jour à fon mari: Donnez-moi des enfants, ou je mourrai. Jacob lui répondit avec émotion: Eft-ce que je fuis Dieu ? Et n'eft-ce pas lui qui vous a refufé la fécondité : Elle pria donc Jacob d'époufer Bala fa fervante; afin, dit-elle, que je reçoive entre mes bras le fruit qu'elle mettra au monde, & que j'aie des enfants d'elle. Jacob la prit, & il en eut deux fils, Dan & Nephthali. Lia fut quelque temps fans avoir des enfants. A l'exemple de fa fœur elle donna pour femme à Jacob Zelpha fa fervante, qui mit au monde deux fils, Gad & Afer. Dieu exauça de nouveau Lia, & elle donna encore à Jacob deux fils, Iffachar & Zabulon, & une fille appellée Dina. Enfin, le Seigneur fe fouvint de Rachel; il l'exauça, & la rendit féconde: elle devint enceinte, & accoucha d'un

CH. XXII.

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