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mèdes nitreux. Pour former une décifion jufte fur cette matière, nous devons nous reffouvenir, 1°. que la matière inflammatoire eft mêlée avec toute la maffe du fang; (§. 559.) 2°. que pour opérer la cure propofée, il eft néceffaire, 1°. d'empêcher les particules varioleufes de changer celles de nos fluides en leur propre nature; 2°. de détruire le tiffu & la configuration de ces mêmes particules, & de les chaffer, après les avoir divifées, par tuyaux excrétoires. Ces deux objets doivent être remplis dans l'efpace de trente ou quarante heures; parce que l'éruption, celle du moins de la petite vérole confluente, arrive fouvent dans moins de tems.

les

§. 622. Ces particularités étant obfervées, j'ofe avancer que la faignée ne paroît point pouvoir opérer une cure fi prompte; 10. parce que la plus grande diminution de la matière varioleufe qui puiffe fe faire par cette voye, eft fi peu confidérable, que fi le malade étoit faigné fept ou huit fois, & qu'on lui tirât une livre de fang chaque fois, ces évacuations n'emporteroient qu'environ la feptiéme ou la huitième partie

des particules varioleufes; en forte qu'il en refteroit encore quatre-vingtdouze, ou quatre-vingt-treize parties dans le fang, comme nous le prouverons dans le Chapitre fuivant, (§. 626.) 2. parce que, comme dans les corps où la quantité du fang eft moindre, ou justement telle qu'elle doir être, les faignées abondantes diminuent plus qu'il ne faut la force vitale ; elles empêchent auffi l'atténuation & l'évacuation de la matière varioleufe. Tant s'en faut par conféquent qu'elles en détruifent le tiffu & la configuration, & l'empêchent de changer les parties de nos fluides en fa propre nature; qu'elles tendent manifeftement au contraire à produire ces effets; preu ve convaincante que la faignée n'eft point un moyen propre pour effectuer la cure propofée. Je conviens qu'elle rend à rappeller les particules varioleufes, inflammatoires & irritantes, des extrémités des vaiffeaux capillaires dans le fang, & à les empêcher par conféquent de fe porter à la furface du corps; mais l'empêchement de ce tranfport ne fçauroit contribuer à la guérifon du malade, fi l'on n'évacue en même-tems

la matière nuifible. Ces confidérations fuffiront, je penfe, pour nous convaincre qu'il n'y a guère à efpérer que le levain varioleux foit diffipé affez efficacement par la faignée, pour prévenir l'éruption de la petite vérole, & guérir le malade dans le tems limité.

§. 623. Quant aux remedes nitreux, quoiqu'ils foient atténuans, & qu'ils augmentent l'évacuation des urines & de l'infenfible tranfpiration, ils ne me paroiffent cependant pas fuffire pour éxécuter tout ce qui eft néceffaire pour opérer des cures fi extraordinaires ; & cela, dans un auffi court efpace de tems que celui qui coule depuis le commencement de l'état fébrile de la petite vérole, jusqu'à celui de fon éruption.

§. 624. Comme on peut s'attendre que je dife quelque chofe de l'inocu→ lation, je déclarerai en peu de mots mon fentiment à cet égard. Je penfe donc que lorfque la petite vérole régne beaucoup dans une ville, & qu'en inoculant quelqu'un, on ne met point en danger la fanté des autres ; & que la perfonne inoculée a été convenablement préparée, fur-tout par les atténuans propres, comme l'Ethiops miné

lal, &c. je penfe, dis-je, que l'inocu ration eft alors non-feulement permife, mais même propre pour conferver la vie des gens inoculés. Une multitude de faits nous prouvent qu'elle convient pour procurer une petite vérole favorable; & que ceux qui ont reçu la maladie par cette voye, font éxempts de la reprendre. Si l'on m'objecte que quelques perfonnes font mortes par l'inoculation, & que par conféquent elle ne doit pas être permife; je répons que d'autres font morts auffi par la faignée, d'autres par la purgation, & quelques-uns par les vomitifs, &c. Mais faudra-t'il conclure pour cela que les Médecins doivent bannir la faignée, les purgatifs & les émériques ? Il fuffit pour prouver la légitimité d'un remede, que l'expérience nous ait appris fon efficacité & fa réuffite dans la plupart des cas où il eft employé. Je conviens que l'inoculation attire une maladie; mais l'émétique n'attire-t'il pas le vomiffement, & la purgation la diarrhé Cependant, comme ces incommodités, produites artificiellement, font des moyens pour en prévenir de, plus mauvaifes, & conferver la fanté,

elles doivent être permifes & confeillées. Mais lorfqu'il n'y a pas une gran de vraisemblance que l'inoculation empêchera les perfonnes inoculées de mourir de la petite vérole; & quand il eft à craindre qu'elle répande cette maladie, & porte la mort parmi les voifins; il me paroît qu'on ne doit alors ni la confeiller, ni la permettre.

СНАРІTRE X.

Contenant des remarques fur les fentimens de divers Auteurs, concernant la manière de traiter les malades de la petite vérole, fur-tout par rapport à la faignée; où l'on fait voir que cette évacuation ne convient pas, & qu'elle eft même dangereuse dans les perfonnes non-pléthoriques, & même dans les pléthoriques après le premier période de la maladie ; & où l'on répond aux argumens employés en faveur de ce remède.

6.625. Lje me propofe de faire ici

Es courtes remarques que

fur certains fecours recommandés par de fçavans Praticiens, tendent à met

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