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Paule Le Fevre d'Ormesson (1), né le 8 Mai 1751. Il fut admis à l'exercer dès l'année 1774; & dès-lors, par l'activité de toutes les belles qualités de

(1) Petit-fils de celui dont il vient d'être parlé. Il épousa le 20 Avril 1773 Demoiselle Louise-CharLotte-Léonarde Le Peletier, dont le naturel le plus heureux a été cultivé avec le plus grand fuccès, par une Aïeule respectable, qui a imité le zele que M. Claude Le Peletier, le Ministre, avoit eu pour l'éducation de Messieurs ses fils, qui furent élevés avec le fameux Rollin, & dont on a plusieurs témoignages agréables dans les Opufcules de ce çélebre Rhéteur. Ce Ministre, qui mourut le to Août 1711, âgé de plus de 80 ans, avoit fuccédé à M. Colbert dans la place de Contrôleur Général des Finances. Il ne s'en étoit chargé qu'avec beaucoup de peine, & qu'à condition qu'il auroit la liberté de faire venir auprès de lui M. Michel Le Peletier de Soucy son frere, & de l'affocier intimement à ses travaux en qualité d'Intendant des Finances. Ils n'avoient pas eu d'enfance; leurs progrès dans les Lettres & dans la vertu furent si rapides, qu'à l'âge de douze à treize ans ils furent admis dans les sçavantes conférences qui fe tenoient chez le grand Jérôme Bignon. C'est à Claude Le Peletier qu'on doit ces quatre petits Recueils, intitulés: Comes theologus; Comes juridicus; Comes rusticus; & Comes fenectutis. Michel Le Peletier de Soucy (que Toureil, l'Académicien, définissoit avec cette expreffion de Ciceron: Homo limatissimi ingenii) avoit fait l'ornement du Barreau, où il avoit résolu de se fixer; & il n'auroit pas quitté la profeffion d'Avocat, s'il n'avoit été forcé de céder aux instances réitérées de fa famille. Claude & Michel Le Peletier furent d'autant plus respeccables, que leurs vertus & leurs talens étoient fondés fur la piété. Ils méritent d'être placés avec leurs illuftres Contemporains, tels que les Michel Le Tellier & Louis Phelyppeaux de Pontchartrain, Chanceliers, & les Marquis de Seignelai & de Torci

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son ame, il sembla dire au Roi & à l'Etat : Je n'ai à vous offrir que ce que m'a donné la nature, une vie paffagere; mais je vous en consacrerai tous les instans. Recevez le ferment que je fais de ne vivre que pour vous. Auffi plusieurs ont-ils tenu à fon égard ce propos que le Président Talon tint, Forsque le Chancelier Daguesseau fut fait Avocat-Général : Je voudrois finir

Secretaires d'Etat, l'un fils, & l'autre neveu du grand Colbert, à la louange duquel le Journal de Verdun, du mois d'Avril 1750, contient ce qui fuit :

Tout le monde sçait que M. Colbert a été >> un Miniftre d'un génie vaite & éclairé; mais > tout le monde > étoit un homme plein de fentimens de Reline sçait pas également qu'il >> gion; &, qu'au milieu de ses plus grandes occupations, il trouvoit le temps de prier >> Dieu à certaines heures, & de s'instruire tous >>> les jours par la lecture de de la Bible, qu'il lifoit comme ce jeune homme commence. Feu M. fon pere (1) prévoyoit tout le bien qu'on pouvoit en attendre, lorfqu'il demanda de l'avoir pour survivancier dans sa charge d'Intendant des Finances. Il l'obtint facilement. II avoit en effet tellement mérité d'être honoré de la confiance du feu Roi, que ce Prince fut dans le cas de

כס

entiere tous les ans. Il s'étoit fait faire pour >> lui un un Bréviaire disposé de maniere qu'il réci >>> toit dans la semaine les cent cinquante Pseau>mes. Il en fut imprimé, en 1679, quelques >>> Exemplaires in-8°, qui font connus dans la >>> Librairie, sous le nom de Bréviaire de Colbert Je possede celui dont ce Ministre se servoir.

Les grands Administrateurs de l'Etat, sous le regne de Louis XIV, sçavoient que s'ils avoient l'honneur d'être les Ministres du Roi pour le bien de ses Sujets, ils étoient Chrétiens pour eux-mêmes, & qu'ils devoient édifier, en rempliffant tous les devoirs de la Religion. Ils s'y croyoient obligés pour attirer la bénédiction du Ciel fur le Royaume, dont le bonheur leur pa toissoit dépendre plus de Dieu que de la force &

de la sagesse des hommes, comme Cicéron le penfoit à l'égard de la République Romaine: Dei ope & auxilio magis hæc Respublica, quàm robore hominum & confilio gubernatur. De Divinat.

Ces Hommes d'Etat, si précieux à Louis XIV, sembloient, par leur conduite, dire aux François: Propter vos fumus Regis Administri; propter nos autem vobiscum fumus Chriftiani; comme S. Augustin disoit à ses Diocéfains: Paftores præpofiti fumus propter vos; Chriftiani autem & vobiscum oves fumus propter nos. Tome IV, pages 226 & 248.

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(1) Marie-François de Paule Le Fevre d'Ormesson Conseiller d'Etat ordinaire, Conseiller au Confeil Royal des Finances, & au Conseil Royal du Commerce, Intendant des Finances, Chef du Conseil d'Administration de la Royale Maison de Saint-Cyr, né le 18 Octobre 1710, & mort à Paris le 7 Novembre 1775. Il remplit avec zele toutes les fonctions importantes impor dont il fut charge; vie fut purifiée de par une maladie de près de dix-huit mois, mois, dont Dieu lui fit la grace de profiter, pour manifester les sentimens de Religion les plus édifians, Il avoit épousé le 2 Mai 1740, Demoiselle Anne - Louise du Tiller, dont le cœur & l'efprit font doués de toutes les qualités qui attirent la vénération, & qui inspirent aux autres l'amour de la vertu & de la Religion,

dire de lui en cette occafion ce que Louis XIV avoit dit du pere du Chancelier Daguesseau dans une circonftance à peu près pareille : Je le connois affez pour être assuré qu'il ne voudroit pas me tromper, même dans le témoi gnage qu'il a rendu de fon fils.

C'est par une suite de cette réputation fi bien fondée, que Louis XVI accorda, dans le mois de Janvier 1775, à M. d'Ormeffon un brevet d'adjonction à M. son pere dans la place de Chef du Conseil établi pour l'administration de la maison Royale de Saint-Cyr, & pour le compte à rendre directement à Sa Majesté des Placets présentés au nom des Demoifelles qui aspirent à être élevées dans cette Maison. Ce département est depuis trois générations dans cette famille, en qui la Noblesse a toujours eu des patrons zélés à ne proposer pour les faveurs de cette Fondation Royale, que les familles les moins fortunées, & consacrées au service militaire; condition qui a fait l'objet des Lettres-Patentes du 1er Juin 1763, qui exigent que les Demoiselles poftulantes foient filles de pere & d'aïeul qui

aient servi chacun au moins dix ans.

Ce fut pour donner de bons mo deles à l'état de la Judicature, que le feu Roi fixa au Parlement de Paris la seconde branche de cette respectable famille, par une charge de Président à mortier, fi dignement possédée par M. Louis-François de Paule Le Fevre d'Ormeffon de Noyseau, né le 27 Juillet 1718, dont les talens sont animés par le zele & le ton de l'ancienne Magiftrature, de même que par le goût des Lettres; vertus & qualités qu'on. voit se propager dans M. son fils LouisAnne-François de Paule Le Fevre d'Or. meffon de Noyfeau, né le 6 Fév. 1753, reçu Conseiller au Parlement le 6 Sept. 1770: Antiqua antiquæ Togæ Nomina. Telle est la destinée de ces noms d'ancienne fouche, comme les Harlay, les Lamoignon, les Molé, les Gilbert de Voisins, les Barentin, les Séguier, Jes Amelot, les Phelyppeaux, &c. dont la célébrité est émanée de la vertu (1).

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(1) On en connoît les preuves pour tous les -noms qu'on vient de citer. Celui, par exemple, de Phelyppeaux, ne rappellera-t-il pas toujours les éminentes qualités du Chancelier de Pontchartrain, qui mourut le 22 Déc. 1727? Il servit l'Etar avec zele jusqu'à l'âge de 75 ans, dont quinze en qualité de Chancelier. Il demanda alors, vera

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