Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Christ, faits mille fois mieux prouvés & plus uthentiques que tout ce qu'ils reconnoifCent de plus certain dans l'Histoire. • L'importance de la matiere exige que out homme examine bien plus attentivement les faits sur lesquels notre Religion est appuyée, que tous les autres faits historiques. De quelle conféquence est-il pour moi x pour qui que ce soit, de sçavoir s'il y a eu un homme appellé César, s'il a vaincu Pompée à Pharsale, ou s'il en a été vaincu : Homére ou Virgile sont les Auteurs des Poëmes qui portent leur nom? Cela n'importe à personne dans le monde, & pour cette raison cela ne vaut pas la peine d'être examiné. Mais notre bonheur ou notre malheur éternel est attaché à la recherche & à la connoissance des vérités connues dans la Sainte Ecriture. Elles doivent donc nous intéresser beaucoup plus que toute autre vérité; nous en devons faire l'objet continuel d'une étude sérieuse. Quelle folie de rejetter ces vérités sans les avoir examinées, de nier des faits beaucoup plus évidens & beaucoup plus certains, qu'une infinité de faits que

nous regardons comme incontestables & qui font en eux-mêmes très-indifférens !

Il y a encore plusieurs autres observations fuccintes, qui à la premiere vue découvrent la vérité de notre Religion à quiconque est raisonnable & de bonne foi. Par exemple, le peu de vraisemblance qu'il y a que dix ou douze pauvres pêcheurs sans éducation & fans lettres, ayent pu former le projet téméraire de faire illusion au monde entier & de donner cours à des impostures : l'impossibilité de l'exécution d'un tel projet, sans le fecours ni de la force, ni de l'éloquence, ni du sçavoir, ni de toutes les choses qui fervent ordinairement à faire réussir les grandes entreprises. Il s'agissoit de répandre une Doctrine également opposée aux préjugés & aux paffions de l'homme, dans un fiécle très-éclairé & très-fçavant. Les Prédicateurs de cette nouvelle Doctrine s'exposoient non-feulement aux mépris & aux outrages, mais aux fupplices les plus cruels & à une mort infaillible, & cela pour avoir le plaisir de débiter des faits, dont ils connoissoient eux-mêmes la fausseté, puisqu'ils en étoient les Inventeurs. Il est vrai qu'il y a des hommes qui ont fouffert pour foutenir des erreurs, qu'ils ont cru être des vérités; mais personne n'a jamais fouffert pour des menfonges, qu'il connoissoit pour tels. Si les Apôtres ont prêché des mensonges & ont débité des impostures, ils ont dû en être perfuadés; car ils protestent (a) qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu, qu'ils ont consideré de près, qu'ils ont touché de leurs propres mains,

&c.

On ne sçauroit dire qu'ils se fussent proposés aucun avantage temporel dans leur entreprise. Car si cela eût été, en voyant les mauvais succès de leurs premieres démarches, n'auroient-ils pas dû reculer, se rétracter & découvrir la conspiration? d'autant plus que par ce moyen, ils auroient non seulement mis leur liberté & leur vie à couvert, mais qu'ils auroient encore reçu des récompenfes capables de les flater.

Ce n'est pas tout. Ils publient que leur Maître ne leur a promis que des souffrances en ce monde. Cela est répété cent fois dans l'Evangile, & ils ont soin de le prêcherà tous ceux qu'ils veulent convertir. Quelle promesse! quel attrait ! Jésus-Christ dit à ses Disciples qu'ils prennent leur croix & qu'ils le suivent; il les assure qu'ils auront des tribulations en ce monde; que quiconque ne quittera pas fon pere, sa mere, sa femme, ses enfans, & tous ses biens, & même ne renoncera pas à la confervation de sa vie (a) Act. 4. 20. 1. Joan, 1. 1.

[ocr errors]

ne peut être son Disciple; que quiconque cherchera à sauver son ame en ce monde, la perdra en l'autre. Cette étrange Doctrine eft prêchée & applaudie: elle triomphe de la chair & du sang, & de l'inclination naturelle de l'homme pour les plaisirs senfuels, malgré la fureur & la persécution des tyrans & l'opposition de la Terre entiére dé vouée au culte des faux Dieux, & attachée à une Morale conforme à la nature. Tout cela ne prouve-t-il pas l'origine céleste de la Religion que nous professons, & qu'elle est l'ouvrage du Tout-puiffant? Convaincre fans philosophie, perfuader fans éloquence, fans armes vaincre des ennemis, defarmer des Tyrans & fubjuguer des Empires : tel a été le succès de la Prédication des Apôtres & la maniere dont le Christianisme s'est é tabli.

Nous pouvons ajouter à tout cela le té moignage que les plus grands ennemis de la Religion Chrétienne, soit Juifs, soit Païens, ont rendu à la vérité des faits hif toriques de l'Evangile, tels que Jofeph & Tacite, dont le premier vivoit environ 40 ans & l'autre 70 ans après la mort de J. C. L'un & l'autre étoient en état de sçavoir la vérité de ces faits & ne devoient pas être portés naturellement à les avouer. Cependant ils les ont attestés, & leur exemple a

été suivi par Lucien, Celse, Porphyre & Julien l'Apostat. Les Mahometans même & les autres ennemis du Christianisme conviennent des miracles de J. C. Je ne m'étens point sur cette preuve que d'autres ont traitée plus au long.

Mais il y a une autre sorte de preuve plus forte que tout cela, qui est plus capable de convaincre, & qui a en quelque forte plus de certitude que la preuve même tirée du témoignage des Sens. L'Apôtre S. Pierre l'appelle une certitude supérieure à la certitude de ce qu'il avoit vu sur la sainte Montagne, lorsque notre Sauveur se transfigura en sa présence & en celle de deux autres Apôtres. Car ayant fait mention dans sa seconde Epître de cette admirable Transfiguration, dont ses yeux avoient été les témoins, & de la voix du Ciel qu'il avoit entendue, il ne craint point de dire qu'il y a encore une preuve plus convaincante, que Jésus-Christ est l'Envoyé de Dieu & le véritable Meffie, & que cette preuve est l'accomplissement de toutes les Prophéties depuis le commencement du Monde. Ce n'est point, dit-il, en suivant des fables & des fictions ingénieuses, que nous vous avons fait connoître la puissance & l'avénement de notre Seigneur Jésus-Chrift; mais c'est après avoir été nous-mêmes les Spectateurs de sa majesté. Car il requt de

« AnteriorContinuar »