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d'un autre Roi, pourvu qu'il lui paie les tributs. C'eft qu'après la mort de Clovis, fon roiaume fut partagé entre fes quatre fils, Theodoric, Clodomir, Childebert & Clotaire.

Greg. II

hift.c. 18.

Mais Clodomir aiant été tué par les Bourgui- XLV. gnons en 524. laiffa trois fils en bas âge, Theo- S. Cloud. balde, Gonthaire & Clodoalde, que la Reine CloSup.n.1. tilde leur aieule faifoit élever auprès d'elle à Paris, & les aimoit uniquement : ce qui fit craindre à Childebert qu'elle ne les fît reconnoître Rois. Il envoia donc fecretement dire à fon frere Clotaire de venir à Paris, pour déliberer ensemble ce qu'ils devoient faire de ces enfans, ou leur couper les cheveux, pour les reduire à l'état du peuple, ou les mettre à mort, pour partager le roiaume de Clodomir. C'étoit le privilege de la famille roiale, de porter les cheveux longs. Clotaire fort réjoui de cette propofition vint à Paris, & Childebert fit courir le bruit, qu'ils s'affembloient pour élever ces enfans au roiaume. Ils firent dire à la Reine leur mere de les leur envoier pour ce fujet : & Clotilde ravie de joie, les fit manger & les envoia, difant :. Je ne croirai pas avoir perdu mon fils, fi je vous vois regner à fa place.

Quand ils furent arrivez, on les prit, & on les fepara de leurs ferviteurs & de leurs gouverneurs. Alors Childebert & Clotaire envoierent Arcade homme de confiance, porter à Clotilde des ciseaux & une épée nuë, & lui dire: Les Rois vos fils demandent ce qu'il vous plaît que l'on faffe de ces enfans.Si vous voulez qu'on leur coupe les cheveux & qu'on les laiffe vivre, ou qu'on les égorge tous deux. On n'avoit pris que les deux aînez: le troifiéme, fçavoir Clodoalde, fut fauvé par de braves gens. Clotilde effraiée de cette propofition, & outrée de douleur, dit dans le premier transport de fa colere Si on ne les fait pas regner, j'aime

mieux les voir morts que tondus. Arcade vint promptement dire aux deux Rois : Executez vos deffeins, la Reine y confent. Auffi-tôt Clotaire prit par le bras Theobalde l'aîné de ses neveux âgé de dix ans, le jetta par terre, & lui enfonça fous l'aiffelle un couteau dont il le tua. Aux cris de l'enfant, Gonthaire fon frere âgé de fept ans, fe jetta aux pieds de Childebert, & lui embraffa les genoux en pleurant, en difant: Mon cher pere, empêchez qu'on ne me tuë, comme mon frere. Childebert, le vifage trempé de larmes, dit à Clotaire : Mon frere, je vous prie de m'accorder la vie de cet enfant. Je vous donnerai pour lui tout ce qu'il vous plaira. Mais Clotaire lui répondit en fureur: Tu le lâifferas ou tu mourras pour lui. C'eft toi qui m'as engagé dans cette affaire, & tu manques fi-tôt à ta parole? Childebert lui rejetta l'enfant, Clotaire le prenant lui perça le côté de fon couteau, comme il avoit fait au premier. Puis il monta à cheval & s'en retourna, comme s'il n'avoit rien fait. Childebert fe retira auffi à la campagne enfuite ils partagerent enfemble le roiaume de Clodomir. Ainfi fut accomplie la Sup. n. 1. prophetie de faint Avit Abbé de Mici, lors qu'il Greg. III. vouloit détourner le Roi Clodomir de faire mouhift.c.6.

&

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rir le Roi Sigifmond & fes enfans. La Reine Clotilde fit mettre dans un cercueil les corps de fes deux petits fils, & avec un deuil extrême faifant chanter des Pfeaumes, les fuivit à l'Eglife de faint Pierre où ils furent enterrez. Enfuite elle fe retira à Tours, où elle acheva fa vie dans les prieres, les aumônes, les veilles & l'exercice de toutes fortes de vertus: donnant liberalement des terres aux Eglifes, aux Monafteres & à tous Greg. IV. les lieux de pieté. Enfin pleine d'années & de bonnes œuvres, elle mourut à Tours du tems de l'Evêque Injuriofus, vers l'an 545. Son corps

hift.c.1.

fut

fut tranfporté à Paris, & enterré par fes enfans Childebert & Clotaire, dans le fanctuaire de la même Eglife de faint Pierre, à côté du Roi Clovis fon époux. C'eft l'Eglife de fainte Geneviève, que Clotilde avoit fait bâtir. Ses Reliques y font encore; & l'Eglife honore fa memoire le troifiéme de Juin.

pour

&

Martyr. R.

3. Jun.

12. III. c.

18. Vita.

A&t. SS. Ben. p. 137

Le jeune Clodoalde aiant été fauvé du maffacre, fe coupa les cheveux de fa propre main, & renonçant au monde alla trouver faint Severin; qui demeuroit près de Paris, enfermé dans une cellule, & reçut de lui l'habit religieux. Il pratiqua toutes les aufteritez de la vie monaftique; & donna aux Monafteres & aux Eglifes, ce qui lui restoit d'heritages. Enfuite éviter les louanges. & vivre inconnu aux hommes, il alla en Provence, y demeura long-tems, y fit plufieurs miracles. Il revint à Paris où il fut reçu avec une grande joie ; & à la priere du peuple, l'Evêque Eufebe l'ordonna Prêtre vers l'an 551. Enfin faint Cloud, car c'est ainsi que nous nommons Clodoalde, bâtit un Monastere en un lieu nommé Nogent à deux lieuës audeffous de Paris fur la Seine, où il finit faintement fes jours vers l'an 560. Le Monastere a été depuis changé en Eglife collegiale, qui conferve les reliques du Saint, & le lieu a pris fon nom. L'Eglife honore fa memoire le feptiéme Martyr. 7. Sept. de Septembre, & c'est le premier Saint de la race des Rois de France.

Monafteres des

Il y avoit alors dans les Gaules grand nom- XLVI. bre de Monasteres, & de faints Solitaires, dont je me contenterai de marquer les plus fameux. La Gaules. ville de faint Pourçain fur les confins de l'Au- Greg. Vit. vergne & du Bourbonnois, a commencé par un Monaftere, dans lequel Porcien esclave d'un Barbare fe refugioit fouvent, pour éviter les mauvais traitemens de fon maître. Il y fut en

PP.C.S.

24. Nov

fin reçu, & par fon merite en fut élu Abbé. Ses vertus & fes miracles le firent respecter par le Roi des Francs Theodoric, comme il faifoit la guerre en Auvergne l'an 525., & il lui acMartyr. R. corda la liberté de plufieurs captifs. L'Eglife honore la memoire de faint Porcien le vingt-quatriéme de Novembre; & fon Abbaïe a été reduite depuis huit cens ans à un Prieuré de Benedictins, dépendant de l'Abbaïe de Tournus. Le Monaftere de Combronde en Auvergne, eft auffi devenu un Prieuré de l'Abbaïe de Menat dans la même province.

Cette Abbaie fondée dès le regne de Clovis avoit formé de grands Saints, entre autres faint Calais & faint Avit. Le relâchement s'y gliffa depuis mais elle fut reformée par faint Brach Greg. vit, ou Bracchion. Il étoit au fervice de Sigivalde PP.. 12. Comte d'Auvergne, qui l'emploioit à la chaffe du Sanglier. Comme il en pourfuivoit un, il se refugia près la cellule d'un faint Ermite, nommé Emilien, qui habitoit dans une forêt. Ce faint homme perfuada à Bracchion de fe donner à Dieu, & il fe retira auprès de lui après la mort de fon maître. Emilien étant mort, Bracchion fucceda en fon hermitage devenu Monastere, & l'augmenta par la liberalité de Ranichilde fille de Sigivalde, puis il alla en Touraine, & y fonda deux Monasteres où il mit des Abbez. Etant revenu en Auvergne il fut fait Abbé de Menat pour y rétablir l'obfervance, & mourut l'an 576.

Lab. bibl.

L'Abbaïe de Celle en Berri a été fondée par faint Eufice, des liberalitez du Roi Childebert. Vita at Ce Saint fut vendu par fes parens à l'Abbé de Nov. to. 2, Patrici, qui le fit Moine: il fut ordonné PrêP.371. Vita tre enfuite il fe retira en un lieu folitaire près Coint. an la riviere de Cher. Le Roi Childebert paffant $31. Greg. gl Conf. . par là pour aller en Espagne l'an 531. lui vou

28.

lut

:

lut donner cinquante fous d'or: mais faint Eufice lui dit Donnez-les plûtôt à ceux qui peuvent les diftribuer aux pauvres : il me fuffit de prier pour mes pechez. Il lui promit la victoire, & un heureux fuccès de fon voiage; & le Roi aiant donné cet argent aux pauvres, fit vœu de bâtir en ce lieu une Eglife où repoferoit le corps du faint vieillard: ce qu'il accomplit enfuite. L'Abbaïe de Celle eft aujourd'hui poffedée par les Feuillans.

ans,

Boll. 18.

Fan. att.

SS.Ben. to..
I. p. 693.

an. 539. n.

18.

En Bourgogne étoit dès-lors celebre l'Abbaïe de Reomaüs, fondé par faint Jean Prêtre, dont enfuite elle a pris le nom. Il étoit né dans le même païs, au territoire de Langres, fils du Greg. conf. Senateur Hilaire, dont Gregoire de Tours louë c.87. Coint. la vertu. Il quitta fa famille dès l'âge de vingt & fe retira dans une cellule qu'il avoit bâ- "Greg.conf. tie de fes mains: puis il s'éloigna & s'établit c. 42. dans un defert près de Tonnere, où il eut premierement deux difciples, & enfuite plufieurs autres enforte qu'il y forma un Monaftere. Pour le mieux regler il vifita les plus fameux Monafteres de Gaule, & en remarqua les ufages. Enfuite il quita fecretement le gouvernement de fon Monaftere, & avec deux de fes disciples il alla fe cacher dans celui de Lerins où il vécut environ dix-huit ans : mais aiant été reconnu, il fut rappellé par faint Gregoire Evêque de Langres. Il reforma fa communauté, qui s'étoit relâchée pendant fon absence,,& établit la regle de faint Macaire d'Egypte, faifant fur tout obferver le travail des mains, pour maintenir l'humilité & la pureté de cœur. Il ne recevoit point de feculiers dans l'oratoire du Monaftere mais il ne laiffoit pas de prêcher quelquefois au peuple. Il vécut jufqu'à cent vingthuit ans, & mourut vers l'an 540. Son Abbaïe eft connuë fous le nom de Moustier-faint-Jean.

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