Imágenes de páginas
PDF
EPUB

riences de MM. Montgolfier, je rapporterai ici quelques faits qui pourront nous éclairer fur l'efpece d'air qui fert à remplir les machines qui font l'objet de ces expériences.

1o. Ceux qui font chargés de diriger le feu doivent avoir l'attention d'éparpiller la paille de maniere qu'elle s'enflamme très-promptement & fans produire de fumée; il faut que la flamme foit vive, claire, & qu'elle penetre dans l'intérieur de la machine.

2o. L'on doit, de distance en distance, jeter fur la flamme, & par petites poignées, de la laine hachée; la plus mince eft la meilleure, elle s'allume mieux & jette moins de fumée.

3o. Dès que la machine commence à fe gonfler, il fe forme un courant d'air rapide qui vient de l'extérieur & entre dans la machine.

4o. Cet air commun, avant de pénétrer dans cette immenfe capacité, eft obligé de traverfer la flamme que produit la paille allumée; il eft probable qu'en s'échauffant, l'eau qu'il contient & celle qui réfulte de la combustion de la matiere végétale, font réduites en vapeur ou transformées en un fluide élastique plus rare & plus léger que l'air même; cette vapeur cependant differe de toutes les fubftances aériformes connues, en ce que le feul refroidiffement fuffit pour la faire reparoître

fous fa premiere forme; mais toujours eft-il certain que l'eau eft ici tellement divifée & diffoute par la chaleur de la flamme, que la machine aéroftatique n'offre qu'un fluide tranfparent & invifible, lors même qu'elle eft pleine & tendue dans tous les points.

5o. C'est en cet état que la machine s'enleve avec force & viteffe, & qu'elle fe foutient le mieux en l'air. Si elle demeure quelque tems en expérience, il fe forme, dans l'intérieur, une fuie fine & légere qui adhere très-peu à la toile, car le plus léger mouvement fuffit pour l'en détacher.

6o. Enfin la machine s'éleve, un peu moins bien à la vérité, lorfqu'on brûle fimplement de la paille ou encore du bois de farment, qui forme un feu vif & clair, ainfi l'air alkas lin, produit par les matieres animales que l'on fait brûler avec la premiere, entre feulement pour quelque chofe dans la légèreté du fluide qui fait monter les machines aérof tatiques (1). On feroit dans l'erreur, fi l'on attribuoit leur afcenfion à l'air inflammable ear la flamme confume & décompofe entiérement cet air, ou plutôt elle n'est elle-même

(1) Descriptions des expériences de la machine aérofatique de MM. Montgolfier, page, 176 & fuiv.

que

que

[ocr errors]

que cet air embrafé & dans l'acte de fa dé compofition, ainfi que nous l'avons observé précédemment. En fuppofant même que quelques portions d'air inflammable s'échappent fans fe confumer, ou qu'un fluide aériforme inconnu, plus léger que l'air commun, fe développe dans le moment de la déflagration, il paroît toujours constant que l'air commun étant dilaté ou raréfié par la chaleur de la flamme, à proportion qu'il pénêtre dans la machine, & les molécules d'eau coutenues naturellement dans ce fluide, ainfi que celles provenant de la décompofition de la paille, étant réduites en vapeur, jouent le plus grand rôle, par leur légéreté, dans l'afcenfion de la machine; l'on pourroit ajouter que l'impulfion de la flamme, & le courant d'air afcendant qui fe forme en dehors, le long des pa rois de ces machines, lorfqu'elles font réchauffées, contribuent à leur afcenfion. M. de Sauf fure a fait une expérience qui prouve démonftrativement que l'action de la feule chaleur fuffit pour faire monter de telles machines. J'ai pris, dit ce favant Phyficien (1), un ballon de baudruche, de 18 mètre, fufpendu au plancher par un fil dé

>>

pouces

(1) Journal de Paris, 12 Décembre 1783.

Y

de dia

[ocr errors]
[ocr errors]

כל

lié, & ouvert par en bas d'un trou circu» laire de 4 pouces ; j'ai introduit, par cette » ouverture, un gros pilon de fer rougi au » feu; l'air, dilaté par la chaleur, a fait gon» fler le ballon: lorfque ce fer a commencé » à fe refroidir, j'en ai introduit un autre » que l'on tenoit prêt & qui étoit d'un rouge » très-vif; bientôt le ballon a commencé à » monter, & il s'eft enlevé tant que j'ai pu » le fuivre avec mon fer rouge, fans le tou» cher & le brûler. Ce ballon ne pefoit que » demi-once; j'avois eu foin de le deffécher pendant qu'il étoit bien plein d'air, afin » qu'il fe tînt un peu enflé de lui-même lorfl'on pût qu'il étoit fufpendu en l'air, & » ainfi introduire le fer rouge fans le toucher ». L'honneur de la découverte des machines aéroftatiques appartient inconteftablement à la France & à notre fiecle; c'eft fauffement qu'on a prétendu que MM. Montgolfier n'avoient fait que marcher fur les traces de l'antiquité, & quant il feroit vrai qu'ils auroient puifé dans les écrits de Lana, du P. Galien, de Leibnitz, de Borelli, l'idée de conftruire l'aréoftat, ils n'en auroient moins toute la gloire, parce qu'ils ont exécuté ce que ces Savans n'avoient fait qu'entrevoir, que les moyens indiqués dans leurs Ouvrages font chimériques

رو

pas

&

que

*

ou impraticables, & uniquement le fruit d'une imagination qui s'exerce: jetons up coup-d'œil rapide fur ces divers projets.

Dans fon Effai fur l'Art admirable, le Jéfuite Lana (1) avoit imaginé de pouvoir enlever un petit navire, qu'on auroit dirigé avec des voiles & des rames, en fufpendant cette machine à quatre globes de 20 pieds de diamètre, conftruits en cuivre très-mince, & dans lesquels on auroit fait le vide, d'abord en les rempliffant d'eau, & enfuite en les vidant & en fermant le robinet par où l'eau fe feroit échappée; mais, outre que cette maniere d'opérer le vide eft auffi contraire à la faine Phyfique qu'impratiquable dans l'exécution, Lana rendoit la conftruction de fes globes abfolument impoffible, puifqu'il exigeoit que l'épaiffeur du cuivre n'excédât pas les d'une ligne.

68

Le Pere Jofeph Galien, Dominicain, Auteur d'une brochure intitulée : l'Art de Naviguer dans les airs, qui parut en 1755, à Avignon propose, dans cet Ouvrage, de conftruire une vafte machine de bonne toile cirée ou goudronnée, fortifiée de distance en distance par des cordes, & remplie d'un air moitié plus

(1) Pierre-François Lana fit paroître, à Brescia, en 1670, fon Ouvrage en italien; il a pour titre, Prodrome dell' Arte Maeftra.

« AnteriorContinuar »