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422.

Serm. 38. p. tie, & dit : nous ne devons pas douter que, par les paroles facrées de la bénédiction du prêtre, le pain ne foit changé au vrai corps de Notre-Seigneur; enforte que la fubftance Serm.93.p. du pain ne demeure point. Il fe fert même du mot de tranffubftantiation; & on ne trouve perfonne qui l'ait employé avant lui.

689.

Touchant la grâce il dit : étant réparé & réconcilié par la grâce du nouvel homme, tu tombes tous les jours, & touteLib. 1. ep. fois la grâce fecourable ne t'abandonne point. Et ailleurs la 16. p. 51. grâce de Dieu est très-officieuse envers les hommes, & comme engagée par ferment à les fecourir. Et enfuite: fi la créature n'eft pas jufte, c'est fa faute, non celle de Dieu. Il veut que tous les hommes foient fauvés; & pour ôter toute excufe, il leur prépare fa grâce qui les foutient; il diftribue des moyens pour les aider, il offre des récompenfes pour les exciter, il menace pour les intimider.

Sur la pénitence il dit que l'on doit fe confeffer avant que de commencer le jeûne du carême, parce que c'eft renverser cod. p. 298. l'ordre, de punir les péchés avant que de les confeffer : que les pénitens demeuroient hors de leurs maifons; que quelqueSerm. 34. P. fois on les réconcilioit avant la fin de leur pénitence, pour communier à Pâque avec le refte des fidelles. Ii marque qu'on jeûnoit le jour des Trépaffés.

298.

Serm. 85. p. 350.

Entre les traités d'Hildebert, le plus confidérable eft celui qui contient en abrégé un corps entier de théologie, & qui femble avoir fervi de règle & de modèle à ceux qui ont enfuite traité cette fcience par méthode. Il eft divifé en quarante-un chapitres, & l'auteur y traite premièrement de la foi, puis de l'exiftence & de l'unité de Dieu, de la Trinité & des principaux attributs. Delà il passe à l'incarnation, puis aux anges & à l'ouvrage des fix jours: enfuite à l'incarnation de l'homme, à fon premier état & fa chute, puis au péché en général. Enfin il vient aux facremens : mais la fin y manque, & nous n'avons pas ce qu'il avoit dit des facremens en particulier. Ce traité eft compofé avec beaucoup de netteté & de précifion, & les preuves y font bien choifies.

Serm. 111. P. 772.

Serm. 18. p.

301.

P. 1009.

C. 12.

c. 24.

e. 40.

XX.

Le pape Innocent ayant féjourné en France environ dixExemption huit mois, & impofé une collecte d'argent pour les frais de Citeaux. fon voyage, reprit le chemin d'Italie au printemps de l'année

de dixmes à

Petr. Clun. 1132. Il célébra à Clugni la fête de la purification de Notre1. epift. 18. Dame, & y reçut les lettres d'obédience de Guillaume pa

152.

triarche de Jérufalem. Il confirma les priviléges de Clugni, Epist. 25. 1. particulièrement l'immunité du lieu & la fureté contre les 3. Spicil. p. violences: comme il paroît par deux bulles, l'une adreffée à l'abbé Pierre, datée de Vienne le fecond jour de Mars, l'autre datée de Valence le huitième du même mois, & adreffée à tous les évêques. Mais en même-temps ce pape accorda à faint Bernard, en confidération des fervices qu'il avoit rendus à l'église pendant ce fchifme, un privilége tant pour fa maison de Clairvaux que pour tout l'ordre de Cîteaux, où il dit entre autres chofes : nous ordonnons que personne ne préfume de vous demander ou recevoir de vous les dixmes des terres que vous & tous les frères de votre congré- cpift. 352. gation cultivez de vos propres mains & à vos dépens, ni les dixmes de vos beftiaux. Ce privilége eft daté de Lyon le dix-feptième de Février 1131, & caufa dans la fuite de grands différents entre les moines de Citeaux & les autres, particulièrement ceux de Clugni.

ap. Bern.

L'abbaye du Miroir, fille de Citeaux, dans le diocèfe de Lyon, ayant été fondée la même année 1131, les moines de Gigni, un des principaux membres de Clugni, leur demandèrent les dixmes; & comme ils les pourfuivoient à cet effet, le pape Innocent menaça d'interdire l'églife de ceux de Gigni, s'ils ne fe défiftoient dans quarante jours, & en écrivit à l'abbé de Clugni. L'abbé fe plaignit au pape que cette conduite étoit extraordinaire & préjudiciable à lib. 1. ep. 33fon ordre. Nous payons, dit-il, les dixmes non-feulement à des moines & à des chanoines, mais à des curés & à des gentilshommes; pourquoi ne les recevrons-nous pas auffi des autres? J'en ai donné en quelques lieux aux frères de Citeaux : mais Dieu merci eux & les autres religieux font tellement augmentés, partout dans notre voifinage, que fi nous leur remettons à tous les dixmes, il faut perdre la dixième partie de nos religieux, ou même en quelques lieux abandonner nos maisons. Nous vous fupplions donc que vos nouveaux enfans ne chaffent pas les anciens : autrement fi notre église perd fes droits, elle ne me gardera pas non plus.

Il écrivit encore plus fortement fur ce fujet au chancelier Aimeri. Il lui représente la dignité du monaftère de Clu- 1. epift. 34. gni, & la protection fingulière qu'il a reçue du faint fiége depuis fa fondation; puis il ajoute : qui a jamais ouï dire que le pape ait dépouiilé de fon droit, je ne dis pas une

epift. 35.

telle églife, mais la moindre femme, par fa feule volonté, fans connoiffance de caufe; & que l'on ait fait paffer le bien des uns aux autres fans le confentement des propriétaires? Si les Cifterciens ont quelques nouveaux priviléges, nous en avons de la même fource, de plus anciens & en plus grand nombre. Mais, dit-on, ils font pauvres, & vous êtes riches. Que l'on compare nos revenus & nos dépenfes, & que l'on juge qui font les plus riches. Mais foit: s'ils ont befoin d'aumônes, s'enfuit-il qu'ils doivent prendre le bien d'autrui? Je leur ai donné quelques dixmes, quand ils les ont demandées par charité; mais autre chofe eft de nous les ôter par force. Et enfuite, parlant du pape: fes ennemis nous infulteront comme ils ont commencé de faire, & nous diront: voilà votre pape, que vous avez choifi au préjudice de votre confrère. Gardez le bien, vous avez la récompenfe que vous méritez. Ce confrère est Pierre de Léon qui avoit été moine de Clugni.

L'abbé Pierre écrivit auffi fur ce fujet au chapitre général de Citeaux. Il commence par leur repréfenter l'eftime & l'affection qu'il a toujours eue pour leur congrégation naiffante; puis il répond à leurs objections: il n'eft pas jufte, ditesvous, que des étrangers prennent les dixmes de nos travaux. Mais nos pères en ont toujours ufé ainfi : ce ne font pas feulement les laïques qui paient les dixmes, les églites les paient aux églifes, les monaftères aux monaftères; & non-feulement du travail des payfans, mais du leur. Vous perdrez plus, ajoute-t-il, par la diminution de votre réputation, qu'en abandonnant un fi petit profit : tout le monde vous admiroit, & vous pafferez pour intéreffés. Il vaudroit mieux fouffrir votre pauvreté, qu'exciter ce fcandale & altérer la charité. Ces V. Mabill. lettres furent fans effet: l'affaire particulière de Gigni & la praf. in S. querelle générale des dixmes s'aigrirent de plus en plus, & eurent de fâcheufes fuires.

V. Bern. ep.

283.

Bern. n. 48.

XXI.

Le pape en

Italie.

ron. 1132.

Le pape Innocent, ayant paffé à S. Gilles en Provence, entra en Lombardie par les montagnes de Gènes, & célébra Acta ap. Ba- à Aft la fête de Pâque, qui cette année 1 13 2 étoit le dixième d'Avril. Delà il vint à Plaitance, où il appela les évêques & les autres prélats de Lombardie, de la province de Ravenne Chr. Mag- & de la baffe Marche, & tint avec eux un concile. Cependant le roi Lothaire vint en Lombardie avec une armée, comme il avoit promis, & célébra la fête de Noël à Meduine dans la Marche Trevifane. Il menoit avec lui faint Norbert,

deb. M. S.

AN. 1133

qui en ce voyage fit la fonction de chancelier d'Italie, parce que le fiège de Cologne étoit vacant. Lothaire tint à Roncaille une affemblée générale avec le pape & les Lombards, touchant l'état de l'églife & de l'empire. Le pape paffa outre, & entrant en Tolcane il vint à Pite, ou ayant appelé les Genois, il les accommoda avec les Pifans: leur faifant faire ferment de part & d'autre qu'ils s'en tiendroient à fon jugement touchant la guerre qui s'excitoit entre eux; & il leur ordonna de vivre déformais en paix. Saint Bernard, qui avoit Bern.ep.129. fuivi le pape en ce voyage, fut le médiateur de cette paix, pour laquelle il fut envoyé à Gènes, & y parla fi efficacement qu'il conclut l'affaire prefque en un jour. Il refufa alors encore une fois l'évêché de Gènes.

Pour éteindre entièrement cette guerre, & récompenfer la fidélité de la ville de Gènes, le pape Innocent l'érigea en archevêché; accordant le pallium à Syrus fonévêque, lui donnant pour fuffragans trois évêques de l'ifle de Corfe, & l'affranchiffant lui-même de toute fujétion, c'est-à-dire de la juridiction de l'archevêque de Milan, dont jufques alors il avoit été fuffragant: enforte que le nouvel archevêque de Gènes ne dépendroit que du pape, & ne feroit facré que par le pape comme celui de Pife. C'est ce qui paroît par la bulle du dix-neuvième de Mars 1133. Ainfi Innocent

Ibid. tom. 3.

II corrigea ce qu'avoit fait Urbain II en 1092, donnant Ap. Ughell. l'ile de Corfe entière à la ville de Pife, & foumettant C. 4. P. 1187. à fon archevêque tous les évêques de cette ile: ce qui avoit excité une grande jaloufie entre ces deux puissantes villes.

P. 423.
Sup. liv.
LXIV. n. 8.

Acta. ap. Ba

Chr. Mag

Le pape Innocent attendoit à Pife le roi Lothaire, qui étant arrivé en Toscane, eut encore une conférence avec lui; & ils convinrent de marcher inceffamment à Rome. Le roi alla ron. par le grand chemin, le pape le long de la côte jufques à Viterbe. Le roi célébra la Pàque à faint Flavien, à douze milles de Rome. C'étoit le vingt-fixième de Mars: puis s'étant joint avec le pape, ils passèrent par la Sabine, & cam- deb. M. S. pèrent près de l'églife de fainte Agnès, où Thibaut préfet de Rome & d'autres nobles vinrent les recevoir. Ils entrèrent ainfi dans Rome le premier jour de Mai. Le pape logea au Palais de Latran: & le roi, dont l'armée n'étoit que de deux mille chevaliers, campa fur le Mont-Aventin. Cependant les Pifans & les Genois vinrent au fecours du pape Innocent avec une armée navale, & lui foumirent Civita

AN. 1133.

vecchia & toute la côte. Saint Bernard, qui étoit avec le paep. 138. pe, écrivit alors au roi d'Angleterre, à qui il marque l'é

tat des chofes, pour l'exciter à fecourir le pape qu'il avoit reconnu de fi bonne grâce.

Le roi Lothaire écrivit auffi une lettre à tous les rois, les évêques, les princes, & généralement à tous les fidelles, où il dit en fubftance: Dieu nous ayant établi défenfeur de la fainte églife Romaine, nous fommes allés pour la délivrer accompagné d'évêques, d'abbés, de princes & de feigneurs ; & allant à Rome, nous avons souvent reçu des députés du fchifmatique Pierre de Leon, qui prétendoient qu'on ne devoit pas l'attaquer à main armée, ni lui refufer audience, puifqu'il étoit prêt à comparoître en jugement. Nous l'avons fait favoir aux évêques & aux cardinaux qui étoient avec le pape Innocent; & ils nous ont répondu, comme bien inftruits des canons, que l'églife universelle ayant déjà prononcé fur ce fujet & condamné Pierre de Leon, aucun particulier ne pouvoit s'en attribuer le jugement.

Nous avons donc mené glorieufement à Rome le pape Innocent, & l'avons rétabli dans la chaire de Latran. Cependant nous campions fur le mont Aventin, où Pierre de Leon n'a ceffé de nous folliciter, jufques à nous offrir pour fureté des fortereffes & des ôtages. Voulant donc rétablir la paix dans l'églife fans effufion de fang, nous avons communiqué ces propofitions à ceux qui étoient avec le pape Innocent, qui de leur côté nous ont offert des ôtages & des places. Alors l'autre parti, voulant gagner du temps, nous a amufės quelques jours par de vaines promeffes; mais comme ils ne les accompliffoient point, après les avoir plufieurs fois avertis, ilont été enfin condamnés comme criminels de lèfemajefté divine & humaine, par les feigneurs de notre cour: favoir, Norbert de Magdebourg notre chancelier, Adalberon de Brème, & les autres qui y font nommés.

tom. 2. Spicil. p. 480.

XXII.

ronné empe

reur.

Le pape couronna empereur le roi Lothaire, & la reine Lothairecou- Richilde fon époufe, dans l'église du Sauveur à Latran ; & non dans l'églife de S. Pierre, parce que l'antipape Anacler en Otto. vi. étoit le maître. C'étoit le quatrième de Juin, troifième dimanche d'après la Pentecôte. Avant le couronnement, Lothaire fit ferment au pape, & le pape lui donna l'ufufruit des domaines de la comteffe Mathilde, pour lui, fa fille & Dirl. ap. Ba- fon gendre Herri duc de Bavière; l'acte eft daté du hui

Chr. c. 18.

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